mardi, 23 mars 2021
Près de 5000 migrants expulsé-e-s d'Algérie vers la frontière du Niger en un mois alors que le Niger est frappé par une campagne de terreur meurtrière

Nouveaux convois d'expulsion de l'Algérie dans la zone frontalière désertique les 21 et 23 mars 2021. Au moins 137 personnes civiles assassinées dans la région de Tillia au Niger.

Ces derniers jours, nous avons reçu à nouveau des informations des Lanceurs d'Alerte d'Alarme Phone Sahara concernant deux autres expulsions massives de l'Algérie vers le Niger: Un autre convoi d'expulsion officiel et un autre convoi non-officiel ont eu lieu.

Le dimanche 21 mars, 601 migrant-e-s de plusieurs pays d'Afrique sub-saharienne, dont 10 femmes et deux filles, ont été expulsé-e-s et laissé-e-s dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger au milieu du désert et forcé-e-s de marcher 15 à 20 kilomètres jusqu'au poste de frontière d'Assamaka, comme cela arrive habituellement aux personnes expulsées dans les convois d'expulsion non officiels d'Algérie. Les groupes les plus grands dans ce convoi d'expulsion étaient 180 personnes du Mali et 199 de la Guinée Conakry, ainsi que 46 personnes de la Côte d'Ivoire, 40 de la Sierra Leone, 33 du Burkina Faso, 24 du Cameroun, 23 de la Gambie, 11 du Sénégal, 16 du Soudan, 9 du Liberia, 6 du Bénin, 6 du Niger, 3 du Nigeria, deux du Ghana, une personne de l'Egypte et une de la Guinée Bissau.

Deux jours plus tard, le mardi 23 mars, un autre convoi en provenance d'Algérie est arrivé avec des personnes expulsées par la force. Cette fois, la plupart des migrant-e-s étaient des Nigérien-ne-s, dont 917 hommes, 66 femmes, 94 garçons mineurs et 87 filles mineures. A cela s'ajoutent d'autres migrant-e-s d'Afrique subsaharienne : 23 personnes du Tchad, 9 du Bénin, 5 du Nigeria, 3 du Burkina Faso, 3 du Mali, 2 du Togo, une personne du Ghana et une du Liberia. Une fois de plus, un total de 1211 personnes ont été expulsées violemment et contre leur gré par les forces de sécurité algériennes. Le nombre élevé de mineur-e-s parmi elles montre une fois de plus le mépris des droits d'enfants par les forces de sécurité algériennes. Selon Human Rights Watch, des enfants migrant-e-s en Algérie avaient déjà été séparés de leur famille et expulsé-e-s seuls lors de précédentes opérations d'expulsion en octobre 2020.

 

Police algérienne expulsant des femmes migrantes (photo de fin 2019/début 2020)

©Louiza Ammi/Liberté

 

Près de 5000 personnes expulsées en mars 2021. Rapport non confirmé sur des migrant-e-s tué-e-s dans un accident de bus.

Tous ces événements doivent être considérés dans le contexte des derniers jours et semaines et doivent être scandalisés! Les 5 et 11 mars, au moins 1054 personnes ont été expulsées. De plus, 2098 autres personnes sont arrivées au poste de frontière d'Assamaka les 14 et 16 mars après avoir été expulsées d'Algérie, selon les Lanceurs d'Alerte d'Alarme Phone Sahara. De plus, des sources de Gao au Mali rapportent également l'arrivée de 125 migrant-e-s expulsé-e-s venant de la frontière algéro-malienne et nigéro-malienne entre le 18 et le 20 mars.

Selon l'Association Agir Ensemble pour lutter Contre l'Immigration Clandestine (AAECC) d'Algérie, l'un des 82 bus du convoi d'expulsion parti d'Alger le 12 mars a eu un accident en route, tuant 60 des personnes qui devaient être expulsées. Cette nouvelle choquante n'a pas encore été confirmée avec certitude.

 

Le Niger frappé par une campagne de terreur meurtrière

Tout ceci se produit au moment où le Niger est frappé par une campagne de terreur meurtrière. Le dimanche 21 mars, au moins 137 personnes civiles ont été assassinées lors d'une attaque coordonnée contre plusieurs villages de la région de Tillia, près de la frontière malienne. Il est inacceptable que les autorités algériennes expulsent des milliers de personnes dans une situation dangereuse et instable au Niger où la vie des gens est menacée par des meurtriers sans pitié !

 

Nous voulons souligner et crier à nouveau certaines de nos demandes pour arrêter ces politiques frontalières inhumaines, racistes et meurtrières :

  • Alarme Phone Sahara demande l'arrêt immédiat des expulsions et des refoulements de réfugié-e-s et de migrant-e-s de l'Algérie vers le Niger - pas de guerre aux réfugié-e-s et aux migrant-e-s !
  • Alarme Phone Sahara appelle à la fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant-e-s et les réfugié-e-s !
  • Alarme Phone Sahara appelle à la fin de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain !
  • Au lieu d'expulser des milliers de personnes dans une situation instable et dangereuse au Niger, nous appelons à la solidarité avec le peuple nigérien et tous les migrant-e-s vivant sur le sol du Niger pour protéger leurs vies contre les auteurs de la campagne de terreur meurtrière actuelle et pour aider à créer les conditions d'un avenir pacifique au Niger !