samedi, 04 janvier 2020
Agadez: Camp d’HCR mis en feu par des réfugié-e-s après des semaines de protestations non-répondues

Selon un article paru dans Aïr Info, le 4 Janvier 2020, des personnes logées dans un camp de réfugié-e-s du HCR à Agadez ont mis du feu sur les habitations du camp, dont une grande partie a été détruite par les flammes. Selon la chronologie des événements, il est évident qu’il ne s’agit pas d’un acte de pur vandalisme. Par contre, cela semble être la dernière étape d’un processus de lutte après des semaines de protestations de la part des réfugié-e-s à Agadez contre une situation de plus en plus désespérée où leurs revendications n’étaient répondues qu’avec une répression musclée des forces de l'ordre.

Source de photo: Aïr Info

En rappel, le16 décembre 2019, presque 1000 personnes, majoritairement des réfugié-e-s soudanais-e-s, avaient quitté le camp et commencé un sit-in devant le siège du HCR. En plus des conditions de vie précaire dans le camp, la raison principale de ce mouvement d'humeur était le ras-le-bol d'une situation où les réfugié-e-s se voient bloqué-e-s au Niger sans que rien n'avance dans leur procédure d'asile gérée par le HCR et sans aucune perspective d’être accueillis par un autre pays où ils pourraient vivre en dignité et en sécurité.

Il faut considérer qu’il s’agit de gens qui ont survécu la guerre et la persécution, entre autres dans la région du Darfour au Soudan, en plus de l’emprisonnement et autres graves violations des droits humains perpétrées contre les migrant-e-s en Libye au cours de leurs voyages. Beaucoup d’entre eux étaient évacué-e-s ou ont fuit la Libye pour certains depuis plus que deux ans. Et, ils se voient maintenant abandonné-e-s dans un camp à la porte du désert.

Les réfugié-e-s avaient continué leur sit-in pacifique jusqu’au 4 Janvier, sans que le HCR ou les autorités du Niger n’accélèrent le processus de nature à leur proposer des solutions urgentes à leur preoccupation. Contre toute attente, le 4 janvier 2020, les autorités régionales et municipales accompagnées des forces de sécurité, venaient les déguerpir de leur lieu de sit-in en les embarquant de force sur des véhicules pour les ramener au camp.  

C’était seulement après cet acte de répression contre leur manifestation pacifique que les réfugié-e-s auraient eu le réflexe de mettre du feu au camp.

 

Répression de la part de l’Etat du Niger, ignorance de la part du HCR

Face à  cet etat de fait, ce sont les réfugié-e-s logé-e-s au camp HCR d'Agadez qui sont menacé-e-s d’être criminalisié-e-s : Selon le média Aïr Info et les propos du procureur de la république près le tribunal de grande instance d'Agadez, 335 demandeurs d'asile ont été interpelé-e-s par les autorités du Niger. M.Seini, Procureur de la République près le tribunal de grande instance d'Agadez, a annoncé une poursuite de procédure pénale.

Dans le meme ordre d'idée Alexandra Morelli, représentante du HCR au Niger qui était interviewé par le journaliste Anicet Karim pour Aïr Info, parle d’un « acte de vandalisme qui n'a pas de commentaires » et dit qu’elle se soit « sentie trahie » comme « une mère qui a cru en ses enfants ». Y aurait-il un deal à  ce sujet pour parler de trahison? Dans une autre déclaration publique, elle a repoussé toute critique sur les conditions de vie des réfugié-e-s dans le camp à Agadez et sur la gestion des procédures d’asile. Par contre, elle jette l'anathème sur « un groupe de 200 à 300 personnes qui mettent beaucoup de pression pour partir en Europe » d’avoir « créé une situation d'otage ».

Or, un des demandeurs d’asile repondant au nom d'Athan à confié à Aïr Info que: " le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) d'Agadez est l'unique responsable de ce qui nous arrive à Agadez".

 

 

Devant cette situation de désarroi savamment orchestrée sur des personnes qui ne cherchent qu'un mieux-être, Alarme Phone Sahara pense:

 

-Qu’il n’y a pas àpriori de raison de criminaliser les réfugié-e-s à Agadez, jusqu’à engager de poursuite pénale contre eux. Par contre, APS pense qu'il faut chercher des solutions qui répondent à la situation désespérée des personnes dans les camps de HCR au Niger.

 

-Au lieu d’accuser et de poursuivre des personnes qui sont déjà dans une situation vulnérable, il serait plus juste d‘analyser la situation sans passion et voir jusqu'à quel niveau la lenteur du HCR dans le traitement des dossiers de demande d'asile et le silence complice des autorités du Niger pendant des semaines de protestation pacifiques des demandeurs d’asile à Agadez et le déguerpissement forcé du sit-in du 4 Janvier 2020 ont provoqué cette dégradation de la situation jusqu’à l’incendie du camp.

 

- Il faut des résultats rapides et acceptables pour les réfugié-e-s au Niger dans leurs procédures d'asile et aussi une réinstallation dans des pays tiers sûrs pour tout-e-s qui le souhaitent.

 

-Alarme Phone Sahara encourage les sociétés civiles au Niger et au niveau international de se solidariser avec les demandeurs d’asile qui sont bloqué-e-s au Niger. Il faut agir ensemble contre une politique migratoire mesquine imposée par les états européens dans l'objectif de fermer les frontières entre l’Afrique et l’Europe tout en empêchant aux gens qui fuient les guerres, la persécution et la misère sur le sol africain d'aller là où ils pourront espérer vivre en sécurité.