Avant de partir dans le désert, lisez ceci :
Nous souhaitons que ces informations puissent vous sauver la vie, mais sachez déjà que malgré tout, votre traversée sera dure et dangereuse!
Risques, droits et sécurité dans le désert
Quand les gens migrent, ils le font pour différentes raisons qui les poussent sur la route de l’exil. Depuis 1995, l’obtention du visa Schengen a été imposée pour accéder aux territoires de l’Union Européenne. En raison de la difficulté d’accès aux visas pour atteindre le territoire européen – et malgré les dangers qui menacent leur vie – de nombreuses personnes décident de traverser les frontières terrestres de façon non réglementaire. Elles en ont pourtant droit puisque la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) garantit en son article 13 que : « Toute personne a le droit de circuler librement (…), de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays »
Les risques de la traversée du désert
Voulez-vous vraiment traverser le désert ? Soyez conscient alors du risque et du danger que vous courez. En 2017, plusieurs dizaines de migrants sont morts de soif du fait de cette traversée. Les chiffres réels sont sûrement plus élevés. Des cadavres de migrants sont fréquemment retrouvés dans le désert.
La durée du trajet dans le désert
Sur les trajets réguliers, le voyage dans le désert ne durait pas très longtemps. Maintenant, comme les routes régulières sont bloqués à cause de la répression et de la criminalisation du trafic par les autorités, tous les trajets sont devenus long et difficiles.
Agadez- frontière Libyenne
Avant : 2 – 4 jours
Maintenant : au moins une semaine
Agadez- frontière algérienne
Avant : 1 journée
Maintenant : 2 jours ou plus
Gao – frontière Algérienne
Avant : 2 jours
Maintenant : 5 jours ou plus
Chauffeurs et migrant(e)s dans le désert
Comme dans la pratique de tout métier, il existe des gens de bonne foi et des gens de mauvaise foi dans le secteur de transport de migrant(e)s. Donc il y a la possibilité de tomber sur des réseaux de trafiquants mafieux, sur toute la chaine. Que ça soit cocseurs, chauffeurs, ou passeurs. Ce qui vous met face au risque de dépouillements, violence, viol ou abandon dans le désert.
Avant la criminalisation, le trafic des migrant-e-s dans le Sahara de l'Afrique de l'Ouest était géré surtout par des personnes connues et qui se connaissent. Il existait donc une solidarité entre passeurs et chauffeurs qui se portaient assistance et secours. La criminalisation a favorisé que des personnes inconnues se soient lancé dans le métier et cela augmente le risque de tomber sur des mauvaises personnes. En plus, la peur de la criminalisation peut provoquer des réactions irresponsables de la part des chauffeurs.
Les risques en cours de route
- Certains chauffeurs abandonnent des migrant-e-s dans le désert pour échapper à la traque des éléments de forces de défense et de sécurité.
- Des chauffeurs inexpérimentés empruntent avec des migrants des nouvelles routes reculées et très dangereuses pour éviter les postes de contrôle. Cela entraîne le risque de mort : en cas de panne mécanique, d’égarement ou manque de carburant, vous serez perdus avec peu de chance d‘être retrouvé-e-s en vie.
- Certains chauffeurs dépouillent les biens des migrant(e)s, les maltraitent et violent les femmes.
- Souvent des braqueurs ou des milices armées arrêtent des migrant(e)s et les dépouillent de tout (argent, téléphones, objets de valeur, nourriture er eau). Quelquefois, il y a même viol et assassinat.
- Souvent les agents des postes frontaliers rackettent, maltraitent et abusent les migrant-e-s et prennent des fortes sommes d'argent pour traverser les frontières.
- Pendant le transport, vous serez coincé-e-s sur un petit espace, dans la chaleur du désert, dans des conditions extrêmes, avec beaucoup de gens de différents origines. Cette situation produit du stress énorme et peut créer un conflit et de la violence entre les migrant-e-s eux-mêmes et parfois entre les migrant-e-s et le chauffeur.
Cas spécifique du Niger: Si les forces de défense ou de sécuritée interceptent votre véhicule lors du passage au désert, elles arrêtent le chauffeur, confisquent la voiture et vous ramènent à Dirkou ou Agadez.
Mesures de sécurité lors du passage au désert
Si vous décidez malgré tout de partir, il faut:
- Informer vos proches de votre départ (heure-lieu de départ et d’arrivée - numéro de téléphone) pour alerter les secours si jamais vous ne donnez aucun signe de vie.
- Prendre des informations de différentes sources avant de se mettre dans les mains de passeurs ou de cocseurs pour réduire le risque de tomber dans des mauvaises mains. Des sources d'informations possibles à consulter: Des organisations humanitaires et de défense des droits humains, des ex-passeurs, des anciens chauffeurs etc.
- Vous entrainer pour les conditions extrèmes du désert. Avant le départ, habituez-vous à boire seulement de petites quantités d’eau dans la journée!
- Vous assurer que votre chauffeur possède un téléphone satellitaire qui marche.
- Vérifier que le chauffeur a suffisamment de carburant, de pneus de secours et de pièces de rechange (bougies…etc.)
- Vous ravitailler avec de l’eau, de la nourriture, du gaz ou du charbon de bois, des médicaments, des produits hygièniques, des habits et d'un morceau de tissu blanc en cas de détresse.
- Chercher à garder le respect et de la discipline envers le chauffeur et les autres passagers pour éviter le stress et les conflits entre vous.
Comportement en cas de panne ou d'abandon en plein désert:
- Placez un morceau de tissu blanc en guise de drapeau bien visible pour signaler que vous êtes en détresse!
- Si possible, localisez votre position précise à l'aide d'un GPS!
- En général et surtout dans la région d'Agadez: Appelez Alarmphone Sahara avec un téléphone satélitaire au numéro: +227 89983339 ou +227 84446534 (joignabel depuis l'extérieur du Niger)
- Évitez des réactions de panique! Ne laissez pas vous emporter par la peur - gardez toujours l'espoir!
- Ne vous mettez jamais en marche à pied en plein désert - sauf si vous avez des repères sûrs! Restez sur place pour économiser de l’énergie et pour améliorer la chance d'être trouvé-e-s et sauvé-e-s!
Les choses essentielles à emmener dans votre bagage:
- de la nourriture: du Gari (1 mesure), les biscuits(5 Paquets) ,les sardines(5 ou 15 boites ), du pain 10 par personne (Baguette)
- de l'eau: rassurer qu'il y'a au moins 3 bidons d'eau de 50 litres dans le véhicule et un petit bidon de 2 litres pour chacun-e
- des médicaments de première nécessité (Paracétamol, la quinine, produits contre la diarrhée etc.)
- des habits : les pulls, les duvets, les gants contre le froid et un foulard , une écharpe contre la poussière et le soleil , les lunettes pour protéger les yeux, des vêtements légers, fins et amples pour faire face à la chaleur
- les produits d'hygiène : Les brosses à dents et les baumes de massages, les serviettes ou tampons hygiéniques
- un morceau de tissu blanc pour signaler votre détresse