
Arrival of deported persons at Point Zero, Algeria-Niger border. Assistance with Alarm Phone Sahara tricycles. 25.06.2025. ©Alarme Phone Sahara

Arrival of the deported persons at the Assamaka police station, assisted by Alarme Phone Sahara. 25.06.2025. ©Alarme Phone Sahara
Selon les responsables sécuritaires d'Assamaka, du 1er au 21 avril 2025, 2.753 ressortissant.e.s du Niger dont 308 mineurs et 196 femmes ont été refoulés d'Algérie dans des convois dits officiels. Selon la même source et pendant la même période, 2.222 personnes, dont 146 ressortissant.e.s du Niger et 2.076 d’autres pays surtout africains, expulsées dans des convois dits non-officiels sont également arrivés à Assamaka.
Le 7 juin, « InfoMigrants » a rapporté que selon les autorités nigériennes, au total 16 000 personnes avaient été expulsées d'Algérie vers le Niger depuis avril.
Sans chiffres détaillés complets sur tous les convois d'expulsion, il est difficile de déterminer avec précision définitive le nombre total de personnes expulsées depuis début 2025.
Il est en tout cas clair que le grand nombre de personnes qui arrivent à Assamaka à mains vides, souvent malades, blessées et traumatisées, dépasse largement les capacités des structures d'accueil locales.
Des personnes tuées par les conditions de l’expulsion
L’équipe d’Alarme Phone Sahara d’Assamaka rapporte plusieurs cas de décès provoqués par les conditions des expulsions au premier semestre 2025 :
02.03.2025 : Un migrant malien, en arrivant à Assamaka, trouve la mort des suites d’une bastonnade reçu en Algérie par les forces de l'ordre. L'équipe des lanceurs d'alerte d’Alarme Phone Sahara l'enterre sur place.
19.04.2025 : Un ressortissant ivoirien décède à Assamaka. Il est enterré par l’équipe d’Alarme Phone Sahara.
21.04.2025 : Un ressortissant guinéen décède dans un groupe de personnes expulsées en convoi « non officiel » et déposé en désert hors Assamaka. L’équipe d’Alarme Phone Sahara assiste à l’enterrement au cimetière locale.
22.04. 2025 : Deux personnes décédées sont découvertes en désert 10km et 12km à l'ouest d'Assamaka. D'après leur état, l'une des deux personnes est décédée quelques jours auparavant et l'autre nettement plus longtemps auparavant. Les agents de santé de l'OIM et la gendarmerie s’occupent de leur enterrement.
Alarme Phone Sahara partage la douleur des proches de ces personnes qui ont été privées de la vie dans des conditions atroces et exige la fin des refoulements inhumains et mortels depuis l'Algérie.
Expulsions dans des conditions violentes et dangereuses
Les témoignages de différentes personnes, femmes et hommes, expulsées dans les convois d’expulsions révèlent un schéma inquiétant de violences frontalières perpétrées par les forces de sécurité algériennes, tunisiennes et marocaines. Il ne s'agit pas d'incidents isolés, mais d'abus systématiques, marqués par le racisme, le sexisme et une extrême brutalité - avec parfois des conséquences fatales.
Depuis que l'État tunisien a commencé en 2023 à expulser à grande échelle des personnes vers ses frontières, de nombreuses personnes concernées sont victimes d'une pratique systématique d'expulsions en chaîne : de la Tunisie à la frontière algérienne, puis, après avoir été interceptées par les forces de sécurité algériennes, vers la frontière nigérienne près d'Assamaka.
D’habitude, les personnes expulsées au niveau du poteau du « Point Zéro » situé à 15km d’Assamaka et qui sert au moins comme repère. Quand même, ce dernier temps, l’équipe d’Alarme Phone Sahara observe parfois des cas où des gens sont laissé.e.s à différents endroits dans les environs. Cela complique également le travail de l'équipe d'Alarme Phone Sahara, qui part chaque fois au « Point Zéro » avec son tricycle pour secourir les personnes en détresse, surtout les malades et blessé.e.s et les femmes avec des enfants.
Depuis que l'OIM ne fait plus des telles navettes, Alarme Phone Sahara est devenu la seule structure sur place, qui se déplace régulièrement vers le « Point Zéro » pour cette assistance humanitaire.
Compte tenu des conditions difficiles dans les centres de détention algériens et pendant le transport à l'arrière de camions, ainsi que des mauvais traitements infligés, beaucoup de personnes arrivent malades, blessées ou avec des fractures. Dans cet état, elles doivent marcher jusqu'à Assamaka tant que personne ne vient leur porter secours.
Pour les personnes expulsées, c’est aussi dur et dangereux que souvent, les forces algériennes les déposent entre 10h30 et 11h sous une chaleur et du vent chaud.

Distribution of pure water to deported people at Point Zero. 22.05.2025. ©Alarme Phone Sahara

Boarding of deported people on Alarme Phone Sahara's tricycles at Point Zero. 10.05.2025. ©Alarme Phone Sahara

Deported people on the way from Point Zero to Assamaka on Alarme Phone Sahara's tricycle. 29.05.2025. ©Alarme Phone Sahara
Autorités et médias au Niger mises à l’alerte des expulsions massives à Assamaka
Face au nombre élevé de personnes expulsées vers la frontière à Assamaka en avril 2025, les autorités publiques et les médias nigériens réagissent de plus en plus à la situation d'urgence qui en résulte.
Plusieurs délégations officielles se sont rendues sur place pour évaluer la situation. En mai, une délégation composée du gouverneur de la région, des préfets d'Ingall et d'Arlit avec des cadres était sur place, tout juste au même moment où les forces algériennes déposaient un grand nombre de personnes au Point Zéro et au commissariat de police d’Assamaka.
Les représentant.e.s de l'OIM, également présente lors de la visite, ont déclaré que plus de 1500 personnes se trouvaient à ce moment-là dans le centre d'accueil local de l'OIM et dans les abris d'urgence mis en place par l'ONG italienne « COOPI ».
Selon l’équipe d’Alarme Phone Sahara, une question urgente actuelle est le transport d’un nombre d’au moins 4000 personnes migrants et migrantes vers leur pays d'origine jusqu’au juillet, prenant en considération que beaucoup d’entre eux ne voient plus d’autre perspective sur leur trajet de migration.
Une évolution remarquable est également l'intérêt accru des médias nigériens, notamment de la radio-télévision nationale RTN, qui a rendu compte en détail de la situation à la frontière nigéro-algérienne et a également donné la parole aux personnes touchées par les expulsions des pays du Maghreb.
Alarme Phone Sahara exige :
- Outre une aide d'urgence pour les milliers de personnes expulsées, l'arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives en Algérie et en Tunisie, ainsi que la fin des violences frontalières et des violations des droits humains à l'encontre des personnes en mobilité !
- Les États membres de l'UE ont le devoir de mettre immédiatement fin aux accords et aux coopérations avec les pays du Maghreb visant à empêcher les migrations, car ils se rendent ainsi complices de violences frontalières systématiques et de la mort de personnes en mobilité!
Pour en savoir plus :
Plus d'informations dans le dossier sur les expulsions massives des pays du Maghreb
Informigrants.net: Algeria expels more than 1,000 migrants to northern Niger
The Telegraph: Thousands of migrants abandoned in the desert without food, water or shoes
Chronologie incomplète d’expulsions d’Algérie à la frontière du Niger à Assamaka de janvier au juin 2025
13.01.2025 : 99 personnes expulsées en convoi non-officiel. Parmi eux, il y avait 6 ressortissant.e.s du Cameroun, 5 du Burkina Faso, 5 du Mali, 3 du Libéria, 2 de la Gambie, 3 du Nigéria, 2 du Sénégal, 11 de la Sierra Leone, 3 de la Côte d’Ivoire et 19 de la Guinée Conakry.
13.01.2025 : 108 personnes expulsées en convoi officiel.
25.01.2025 : 151 personnes expulsées en convoi officiel et 45 en convoi non-officiel.
30.01.2025 : 622 personnes expulsées en convoi officiel.
06.02.2025 : 695 personnes expulsées en convoi officiel et 296 en convoi non-officiel.
16.02.2025 : 248 personnes expulsées en convoi non-officiel.
18.02.2025 : 786 ressortissant.e.s du Niger expulsées en convoi officiel
02.03.2025 : 156 personnes expulsées en convoi non-officiel. Un migrant malien trouve la mort en arrivant à Assamaka des suites d’une bastonnade reçu en Algérie par les forces de l'ordre.
04.03.2025 : 219 personnes dont 28 femmes, 12 filles mineures et 9 garçons mineurs expulsées en convoi non-officiel. Parmi eux, il y avait 14 ressortissant.e.s du Cameroun, 115 du Mali, une personne du Libéria, 58 du Nigéria, 2 du Sénégal, 10 de la Côte d’Ivoire et 11 de la Guinée Conakry, 4 du Ghana et 4 du Niger.
04.03.2025 : 382 personnes, dont 8 femmes, 20 filles mineures et 32 garçons mineurs et 322 hommes, expulsées en convoi officiel.
05.04.2025 : 109 personnes expulsées en convoi officiel.
16.02.2025 : 248 personnes expulsées en convoi non-officiel.
11.04.2025 : 292 personnes, dont 45 femmes, 4 filles mineures, 14 garçons mineurs et 229 hommes, expulsées en convoi non-officiel. Parmi les expulsé.e.s étaient 3 ressortissant.e.s du Bénin, 11 du Burkina Faso, un du Caméroun, un de la Gambie, 7 de la Côte d’Ivoire, 46 de la Guinée Conakry, 8 du Liberia, 18 du Mali, 129 du Nigeria, 17 de la Sierra Leone, 31 du Soudan, et 20 du Tchad.
Les personnes soudanaises et les tchadiennes étaient directement reconduites à la frontière Algérienne.
Les expulsé.e.s étaient déposé.e.s au Point Zéro vers 10h30 sous la chaleur et le vent chaud. Il y avait beaucoup de personnes malades et avec des fractures, plus un nombre considérable de femmes.
L’équipe d’Alarme Phone Sahara a distribué de l’eau avec son tricycle au point zéro.
14.04.2025 : 1052 personnes, dont 46 femmes, 76 filles mineures, 55 garçons mineurs et 875 hommes, expulsées en convoi officiel. Parmi les expulsé.e.s étaient 988 ressortissant.e.s du Niger et 64 d’autres pays, dont 52 du Nigéria, 3 du Burkina Faso, un de la Guinée Conakry, 4 du Mali, un du Ghana, un du Soudan et un du Tchad.
Le transport des migrantes et migrants expulsé.e.s était assuré par 23 camions et 2 fourgonnettes qui transportent de l'eau, des biscuits, « la vache qui rit » et des petits flacons de jus.
14.04.2025 : Le décès d’un migrant est rapporté de Tamanrasset en Algérie. L’équipe d’Alarme Phone Sahara essaie de trouver sa famille.
15.04.2025 : 282 personnes, dont une femme et 281 hommes, expulsées en convoi non-officiel. Parmi les expulsé.e.s étaient 7 ressortissant.e.s du Bénin, 12 du Cameroun, 43 de la Côte d’Ivoire, 9 de la Gambie, 2 du Ghana, 104 de la Guinée Conakry, 79 du Mali, 11 du Nigéria, 7 du Sénégal et 8 de la Sierra Léone.
17.04.2025 : 60 personnes expulsées en convoi non-officiel et 410 en convoi non-officiel.
Parmi les expulsé.e.s en convoi non-officiel étaient 7 femmes, 2 garçons mineurs et 51 hommes. 5 ressortissant.e.s du Cameroun, deux de la Côte d’Ivoire, 37 de la Guinée Conakry, 3 du Liberia, 4 du Mali, 7 du Nigeria, et deux de la Sierra Leone.
Parmi les expulsé.e.s en convoi officiel étaient 21 femmes, 18 filles mineures 15 garçons mineurs et 356 hommes. 364 ressortissant.e.s du Niger et 46 d’autres pays, dont 2 du Cameroun, 25 du Nigéria, 7 de la Guinée Conakry, 11 du Mali et un du Ghana.
18.04.25 : L’équippe d’Alarme Phone Sahara sécurise une femme avec ses deux filles dans un état fatiguées et assoiffées sur la route d’Assamaka vers Arlit. A Assamaka, elles sont prises en charge par MSF et COOPI.
19.04.2025 : 1141 personnes, parmi eux des femmes, des mineur.e.s et des hommes, expulsées en convoi non-officiel. Parmi les expulsé.e.s étaient 3 ressortissants d Bangladesh, 70 du Bénin, 54 du Burkina Faso, 24 du Cameroun, un de la Centrafrique, 87 de la Côte d’Ivoire, 9 de la Gambie, 2 du Ghana, 347 de la Guinée Conakry, un du Liberia, 287 du Mali, 20 du Niger, 44 du Nigeria, 18 du Sénégal, 22 de la Sierra Leone, 50 de la Somalie, 58 du Soudan et 44 du Tchad.
Alarme Phone Sahara constate la triste nouvelle du décès d’un ressortissant ivoirien. Le défunt est enterré par les membres de l’équipe.
L’équipe constate aussi le problème de manque d’eau à distribuer à ce grand nombre de personnes.
21.04.2025 : Arrivée d’un nombre non-confirmé de personnes expulsées en convoi non-officiel au Point Zéro et d’autres en convoi officiel au commissariat d’Assamaka. L’équipe d’Alarme Phone Sahara distribue des sachets d’eau (pure water) aux personnes expulsées.
Alarme Phone Sahara constate aussi la triste nouvelle du décès d’un ressortissant Guinéen. L’équipe assiste à l’enterrement au cimetière d’Assamaka.
22.04.2025 : Deux personnes décédées sont découvertes en désert 10km et 12km à l'ouest d'Assamaka.
25.04.2025 : Arrivée d’un nombre non-confirmé de personnes expulsées en convoi non-officiel.
En plus, 1050 migrant.e.s expulsé.e.s sont transféré.e.s d’Assamaka vers Agadez via Arlit.
01.05.2025: Arrivée d’un nombre non-confirmé de personnes expulsées en convoi non-officiel.
09.05.2025 : 307 personnes, parmi eux deux femmes et 305 hommes, expulsées en convoi non-officiel. Parmi les expulsé.e.s étaient 6 ressortissants de la Gambie, 11 du Sénégal, 11 du Burkina Faso, 5 de la Sierra Leone, 100 de la Guinée Conakry, 11 de la Côte d’Ivoire, 32 du Cameroun, 80 du Mali, 12 du Bénin, 37 du Nigeria et deux de la Centrafrique.
L’équipe d’Alarme Phone Sahara, alerté par une femme guinéenne, a secouru et évacué un groupe de 27 femmes avec 4 bébés et 4 garçons qui s’étaient mis en marche sur la route du Point Zéro vers Assamaka pour sauver leurs vies.
19.05.2025 : L’ONG CIAUD qui collabore avec l’HCR, a fait une distribution de kits non-alimentaires aux migrants et migrantes, à la population locale, ainsi qu'aux réfugié.e.s au Centre de Santé Intégrée d'Assamaka.
22.05.25 : Arrivée de 202 personnes expulsées en convoi non-officiel.
L’équipe d’Alarme Phone Sahara distribue des dattes, des biscuits et de l'eau et assiste à les transporter jusqu'au commissariat de police. Une fille de 18 est souffrante avec des problèmes de respiration. Elle se remonte après qu’on verse de l'eau sur sa tête et lui donne des dattes et des biscuits.
Nombre de personnes expulsées confirmées présentes à Assamaka : 1.064 migrants et migrantes au centre de l’OIM, 1411 migrant.e.s dans les abris de l’ONG COOPI. Chiffre de présence officielle y compris les personnes nouvelles arrivées : 2677. En plus un nombre non-confirmé de personnes qui n’ont ni une place au centre de l’OIM, ni dans les abris de COOPI, mais survivent dans les rues d’Assamaka.
26.05.25 : Plusieurs personnes quittent du centre de l’OIM.
29.05.2025 : Arrivée d’un nombre non-confirmé de personnes expulsées en convoi non-officiel au Point Zéro.
25.06.2025 : Arrivée d’un nombre estimé de 600 personnes expulsées en convoi non-officiel au Point Zéro.