
© migration.control.info
Moctar Dan Yaye, membre d'Alarme Phone Sahara, et Hassan Ould Moctar ont rédigé un rapport pour Migration-Control.info :
Détenus, expulsés, abandonnés : note sur la situation des migrants en Mauritanie
Radio Télévision Suisse a également diffusé un reportage le 14 août :
Arrestations massives de migrants en Mauritanie
La Mauritanie, pays voisin du Mali, du Sénégal, de l'Algérie et du Sahara occidental contrôlé par le Maroc, abrite des communautés de migrant.e.s provenant de divers autres pays d'Afrique de l'Ouest. En raison des politiques migratoires répressives mises en œuvre dans les pays du Maghreb sur la côte méditerranéenne, elle est également devenue un principal pays de départ pour les Africain.e.s qui tentent de rejoindre les pays de l'UE, en particulier l'Espagne, via la traversée de l'Atlantique vers les îles Canaries. En réponse à cela, la Commission européenne a signé en mars 2024 un accord de partenariat migratoire avec le gouvernement mauritanien, qui promet 210 millions d'euros à la Mauritanie pour prévenir la « migration irrégulière », reproduisant ainsi un modèle néocolonial désormais classique de l'UE qui externalise ses frontières vers les pays du Sud.
Bien que la discrimination raciste à l'égard des personnes Noires et les expulsions de personnes sans nationalité mauritanienne ne soient pas un phénomène nouveau, l'accord avec l'UE a entraîné des vagues répétées de rafles et d'expulsions massives de citoyen.e.s du Niger, du Mali, du Sénégal, de la Guinée Conakry et d'autres pays.
Selon l'Association Mauritanienne des Droits de l'Homme (AMDH), 1200 personnes ont été expulsées en mars 2025. Selon des organisations de défense des droits humains et des témoins oculaires, les rafles sèment la peur parmi les membres des communautés migrantes, dont beaucoup travaillent comme femmes de ménage, maçons, plombiers, peintres, etc.
Des témoins oculaires racontent que les gens courent en panique lorsque les pickups de la police arrivent pour les raids, que des personnes sont plaquées à terre, battues, menottées et jetées à l'arrière des pickups.
Beaucoup de ceux qui sont expulsé.e.s se retrouvent à Rosso, du côté sénégalais de la frontière, et à Gogui, du côté malien, où ils sont souvent bloqués dans des conditions précaires.