Au moins 31404 personnes plus un nombre non-spécifié ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 selon les observations d’Alarme Phone Sahara – un nombre qui dépasse tous les chiffres documentés des années précédentes (pour comparer : 26031 personnes en 2023).
Des gens expulsé.e.s en queue à la station de police à Assamaka Des gens assistés par le tricycle d'APS après l'expulsion
Alarme Phone Sahara dénonce haut et fort la politique d'expulsion impitoyable de l'État algérien, ainsi que les conditions inhumaines, et des fois mortelles, dans lesquelles les personnes concernées, principalement des ressortissant.e.s de pays d'Afrique subsaharienne, ont été expulsées.
Alarme Phone Sahara estime qu'une des raisons de cette évolution est le renforcement de la coopération entre les pays du Maghreb, qui vise à rendre plus difficile l'arrivée et la poursuite du voyage des personnes venant du Niger et à y expulser des personnes à grande échelle.
D'une part, les forces de sécurité algériennes effectuent régulièrement des raids et des arrestations massives sur les lieux de vie et de travail des migrants*, entre autres les chantiers de construction et les carcasses de bâtiments vides. Parallèlement, on observe depuis 2023 une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées en Tunisie, souvent après des pullbacks en mer, vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne.
Décès répétés après des expulsions, des gens abandonné.e.s en état blessé et malade
Selon les lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara, 5 personnes sont décédées après l’expulsion d’Algérie, étant abandonnées dans le désert à la frontière algéro-nigérienne entre Point Zéro et Assamaka entre le 9 et 13 mai 2024.
Deux autres, qui essayaient de retourner en Algérie d’où ils étaient expulsés, sont décédés dans la vaste zone désertique à la frontière algéro-nigérienne entre Assamaka et In Guezzam le même mois.
En plus 3 personnes migrantes, parmi elles une petite fille âgée 3 ans, sont décédées au dispensaire d’Assamaka pendant le mois de mai 2024.
Le 6 octobre 2024, un homme pakistanais, qui était aussi parmi les personnes expulsées, est décédé à Assamaka après une courte maladie.
Alarme Phone Sahara dénonce les conditions inhumaines des convois d’expulsions d’Algérie au Niger où des personnes blessées, épuisées et malades sont abandonnées dans la zone désertique frontalière dans un état qui met la vie des victimes en danger et provoque des cas de décès.
Des gens abandonnés avec des blessures après l'expulsion, assistés par le tricycle d'APS
Personnes bloquées au Niger après l’expulsion
En abrogeant la loi 2015-036 en novembre 2023, l'État du Niger a fait un pas considérable vers le rétablissement de la liberté de circulation sur les routes de l'exil et de la migration. D'un autre côté, les états du Maghreb, encouragés par la politique des États de l'UE, pratiquent à une échelle accrue les arrestations, refoulements et expulsions massives.
Dans le but avoué de réprimer l'arrivée de personnes sur les routes transsahariennes nigériennes, et en étroite coordination avec les acteurs européens, les États tunisien, algérien et libyen ont lancé en avril 2024 une nouvelle alliance maghrébine.
Le résultat de cette politique est que beaucoup de personnes expulsées restent bloquées dans les différentes localités de la région d’Agadez au Nord du Niger dans des conditions précaires.
Souvent, les moyens leur manquent pour continuer sur la route migratoire et le retour dans les pays d'origine s'avère également difficile.
L'OIM gère plusieurs camps dites « centres d'accueil », notamment à Agadez, Arlit et Assamaka, mais beaucoup de personnes expulsées n'y trouvent pas de place en raison des capacités d'accueil limitées et vivent dans la rue ou dans ce que l'on appelle des ghettos de migrants.
L'admission dans les camps de l'OIM est liée à la condition d'un soi-disant « retour volontaire » dans le pays d'origine, mais même ces programmes de retour ne fonctionnent que lentement.
Ainsi, même les personnes qui souhaitent réellement rentrer chez elles en raison du manque d'autres perspectives doivent attendre atrocement.
Les personnes bloquées dans les villes du Niger après avoir été expulsées ont protesté contre leur situation précaire beaucoup de fois. Les États de l'UE, qui investissent des millions d'euros dans la lutte contre l'immigration et l'externalisation de leurs frontières, n'ont jusqu'à présent aucune solution à leur proposer.
Vidéo partagé par « Refugees in Libya » le 17 Octobre, montrant la situation de centaines de personnes migrantes de différentes nationalités africaines, entre autre gambienne, bloquées à Assamaka :
https://www.facebook.com/reel/1245279893360726
Alarme Phone Sahara dénonce le traitement violent et dans les pires des cas mortel des migrant.e.s par les forces de sécurité algériennes et demande :
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Stop à la mort des personnes en mobilité !
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L’aide humanitaire digne et suffisante pour tou.te.s les migrant.e.s et les réfugié.e.s bloqués au Niger !
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L’arrêt de la persécution et de la violence policière aux migrant.e.s en Algérie et les autres pays du Maghreb !
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L’arrêt des expulsions et refoulements vers les déserts et les zones frontalières !
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Le respect des droits humains de toutes les personnes en mobilité !
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L’ouverture des voies humanitaires sûres pour toutes les personnes en mobilité à travers le désert du Sahara et la Méditerranée !
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L’aide au retour dans des conditions dignes pour les personnes qui souhaitent vraiment retourner vers leurs pays de leur propre gré !
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L’abolition des accords d’expulsions et de contrôle migratoire entre les pays de la région Sahélo-Saharienne et avec les membres de l'UE !
Les chiffres et détails des expulsions d’Algérie au Niger :
Au moins 11606 personnes, plus un nombre non-compté, ont été expulsées d’Algérie au Niger dans la période du 14 août au 31 décembre 2024.
Parmi-eux, au moins 2940 personnes ont été expulsées dans cette période dans des soi-disants convois non-officiels et abandonnées dans le désert au « Point Zéro », forcées de marcher 15km jusqu’au village frontalier d’Assamaka.
Dans la même période, au moins 8666 personnes, la plupart des ressortissant.e.s du Niger, ont été expulsées dans des convois « officiels » à la base d’un accord d’expulsions conclu entre l’Algérie et le Niger en 2014. En particulier, parmi les citoyen.ne.s nigérien.ne.s expulsés en « convoi officiel », il y avait toujours de nombreux enfants et adolescents mineurs.
14. 08. 2024
47 personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 8 ressortissant.e.s du Mali, 6 de la Guinée Conakry, 4 du Cameroun, 6 du Sénégal, 9 de la Sierra Léone, 3 du Nigéria, 2 du Ghana, 4 du Libéria et une personne du Togo.
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23. 08. 2024
339 personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 83 ressortissant.e.s du Mali, 95 de la Guinée Conakry, 29 du Cameroun, 13 du Sénégal, 2 de la Sierra Léone, 23 du Nigéria, 3 du Ghana, 3 du Libéria, 16 du Burkina Faso, 23 du Bénin, 18 de la Côte d’Ivoire, 25 de la Gambie, 4 du Congo et deux personnes de la Centrafrique.
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27. 08. 2024
1018 personnes expulsées en « convoi officiel », parmi eux 38 femmes adultes, 787 hommes, 86 filles mineures et 107 garçons mineurs.
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28.08.2024
Un nombre non-compté de personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
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06.09.2024
247 personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 69 ressortissant.e.s du Mali, 109 de la Guinée Conakry, 15 du Cameroun, 15 du Sénégal, 6 de la Sierra Léone, 8 du Nigéria, une personne du Libéria, 9 du Burkina Faso, 13 du Bénin, 8 de la Côte d’Ivoire et 4 personnes de la Gambie.
687 personnes expulsées en « convoi officiel », parmi eux 37 femmes adultes, 603 hommes, 25 filles mineures et 22 garçons mineurs.
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15.09.2024
186 personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 44 ressortissant.e.s du Mali, 76 de la Guinée Conakry, 26 du Cameroun, 9 du Sénégal, 5 de la Sierra Léone, 6 du Nigéria, 4 du Burkina Faso, 2 du Bénin, 7 de la Côte d’Ivoire et 7 personnes de la Gambie.
594 personnes expulsées en « convoi officiel », parmi eux 13 femmes adultes, 508 hommes, 43 filles mineures et 30 garçons mineurs.
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17.09.2024.
93 personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 13 ressortissant.e.s du Mali, 50 de la Guinée Conakry, 6 du Sénégal, 4 de la Sierra Léone, 4 du Nigéria, une personne du Burkina Faso, une personne du Bénin, 6 de la Côte d’Ivoire, 7 personnes de la Gambie et une personne du Ghana.
732 personnes expulsées en « convoi officiel », parmi eux 11 femmes adultes, 692 hommes adultes, 15 filles mineures et 14 garçons mineurs.
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22.09.2024
620 personnes expulsées en « convoi officiel », parmi eux 22 femmes adultes, 496 hommes adultes, 59 filles mineures et 43 garçons mineurs. Les expulsé.e.s étaient 619 ressortissant.e.s du Niger et un du Burkina Faso.
Selon l’équipe d’APS à Assamaka, les personnes expulsées en convoi officiel ont été acheminées directement vers Agadez, pour être rapatrié vers leur localité d’origine.
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26.09.2024
141 personnes, parmi eux une femme et 140 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 69 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 3 de la Sierra Léone, 9 du Nigéria, 23 du Burkina Faso, 13 du Bénin, 3 de la Côte d’Ivoire, 13 du Soudan, 4 de l’Éthiopie, 2 du Niger, une personne du Caméroun, une personne du Togo et aussi 3 ressortissants de la Syrie.
Selon l’équipe d’APS à Assamaka, ces personnes expulsées en convoi non-officiel sont, pour le début, restées à Assamaka, attendant un moyen de déplacement pour quitter cette zone.
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28.09.2024
249 personnes, parmi eux une femme et 242 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 33 ressortissant.e.s du Mali, 119 de la Guinée Conakry, une personne de la Sierra Léone, 9 du Nigéria, 3 du Burkina Faso, 7 du Bénin, 11 de la Côte d’Ivoire, 12 du Cameroun, 3 de l’Éthiopie, 15 du Niger, 36 du Soudan et une personne tchadienne.
Selon l’équipe d’APS à Assamaka, ces personnes expulsées en convoi non-officiel sont, pour le début, restées à Assamaka, attendant un moyen de déplacement pour quitter cette zone.
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06.10.2024 :
R .I.P.
Un homme pakistanais, qui était parmi les expulsé.e.s d’Algérie, est décédé à Assamaka suite à une courte maladie après d’avoir passé 5 à 6 mois à Assamaka.
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07.10.2024
R.I.P.
Un homme nigérien, ressortissant de Zinder, est décédé à Assamaka suite à un accident à 13 km avant d'arriver à Assamaka, étant sur la route de retour d’Algérie.
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28.10.2024
Un nombre non-compté de personnes expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi les expulsé.e.s, il y avait un homme en état de crise mentale. L’équipe d’APS s’est occupé de lui pour l'amener à Assamaka et le déposer au dispensaire (CSI).
Lanceur d'alerte d'APS en train d'assister un homme en crise mentale après l'expulsion
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06.11.2024
166 personnes, parmi eux 10 femmes et 156 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 6 ressortissant.e.s du Sénégal, 15 du Bénin, 6 du Burkina Faso, 16 du Cameroun, 8 de la Côte d’Ivoire, 12 de la Gambie, une personne du Libéria, 35 de la Guinée Conakry, 12 de la Sierra Léone, 38 du Mali et 17 personnes du Nigéria.
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06.11.2024
912 personnes, dont 101 filles mineures, 66 garçons mineurs, 42 femmes et 703 hommes, expulsées en convoi officiel.
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11.11.2024
100 personnes, parmi eux une femme, expulsées en convoi non-officiel.
127 personnes, dont 10 filles mineures, 8 garçons mineurs, 7 femmes et 102 hommes, expulsées en convoi officiel.
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21.11.2024
223 personnes, parmi eux 8 femmes, expulsées en convoi non-officiel.
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24.11.2024
358 personnes, dont 34 filles mineures, 51 garçons mineurs, 17 femmes et 256 hommes, expulsées en convoi officiel.
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29.11.2024
Arrivée successive de trois convois d’expulsion officiels à Assamaka :
- Un convoi avec 201 ressortissant.e.s du Niger, parmi eux 11 femmes 9 filles mineures, 32 garçons mineurs et 149 hommes.
- Un convoi avec 610 personnes.
- Un convoi officiel, mais avec 250 personnes non-nigériennes : 11 ressortissant.e.s de la Sierra Léone, 4 du Burkina Faso, 2 du Ghana, 11 du Libéria, 5 du Sénégal, 15 de la Côte d’Ivoire, 7 du Cameroun, 65 du Mali, 111 de la Guinée Conakry, 5 du Togo, 12 du Nigéria, 2 du Bénin.
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02.12.2024
143 personnes dont 3 femmes, 3 garçons mineurs et 137 hommes expulsées en convoi non-officiel.
Parmi eux étaient 3 ressortissant.e.s du Bénin, 2 du Burkina Faso, 12 de la Côte d’Ivoire, 2 de la Gambie, 64 de la Guinée Conakry, 35 du Mali, 15 du Niger et 10 du Togo.
188 personnes (244 annoncées par les autorités algériennes) expulsées dans un convoi officiel composé de 11 camions et une fourgonnette.
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06.12.2024
Arrivée de trois vagues d’expulsions successives à Assamaka :
52 personnes non-nigériennes et 77 personnes nigériennes, parmi eux deux femmes et une fille mineure, expulsées dans deux transports composés de 4 camions et 01 fourgonnette et acheminées directement vers Arlit le même jour.
799 personnes (911 annoncées par les autorités algériennes) expulsées dans deux autres convois :
- 734 personnes, dont 64 filles mineures, 47 garçons mineurs, 38 femmes et 585 hommes, expulsées en convoi officiel.
- 65 personnes expulsées en convoi non-officiel, parmi eux 52 ressortissant.e.s du Nigéria, 9 du Mali, 2 du Cameroun, une personne du Sénégal et une personne de la Guinée Conakry.
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08.12.2024
437 personnes, parmi eux 12 femmes 6 garçons mineurs et 419 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 17 ressortissant.e.s du Sénégal, 4 du Bénin, 8 du Burkina Faso, 11 du Cameroun, 3 de la Côte d’Ivoire, 4 de la Gambie, 5 du Libéria, 157 de la Guinée Conakry, 8 de la Sierra Léone, 177 du Mali, 18 du Nigéria, 12 du Soudan, deux du Niger et une personne tchadienne.
26 personnes trouvées blessées, fracturées ou épuisées entre Point Zéro et la Dune d’Assamaka par l’équipe d’APS. Toutes et tous ont été secourues et emmenées au dispensaire (CSI) d’Assamaka.
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10.12.2024
379 personnes, dont 17 filles mineures, 12 garçons mineurs, 15 femmes et 335 hommes, expulsées en convoi officiel.
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13.12.2024
215 personnes, parmi eux 6 femmes, 2 filles mineures, 2 garçons mineurs et 205 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 13 ressortissant.e.s du Sénégal, 2 du Bénin, 6 du Burkina Faso, 2 du Cameroun, 7 de la Côte d’Ivoire, 4 de la Gambie, une personne du Libéria, 72 de la Guinée Conakry, 2 de la Sierra Léone, 44 du Mali, 16 du Nigéria, 38 du Soudan et 8 personnes tchadiennes.
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23.12.2024
105 personnes, parmi eux 2 garçons mineurs et 103 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient un ressortissant du Burkina Faso, un du Cameroun, 4 de la Côte d’Ivoire, un de la Gambie, 29 de la Guinée Conakry, 6 du Mali, un du Nigéria, 19 du Soudan, 9 de la Somalie et 34 personnes du Niger.
426 personnes, dont 7 filles mineures, 4 garçons mineurs, 9 femmes et 406 hommes, expulsées en convoi officiel.
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27.12.2024
184 personnes, parmi eux 2 femmes, 2 garçons mineurs et 180 hommes, expulsées en « convoi non-officiel ».
Parmi eux étaient 3 ressortissants du Burkina Faso, un du Cameroun, 10 de la Côte d’Ivoire, 56 de la Guinée Conakry, 38 du Mali, un du Nigéria, 60 personnes du Soudan, 4 de l’Erythrée, 2 du Libéria, 4 du Sénégal et 5 personnes du Tchad.
256 ressortissants nigériens (282 annoncés par les autorités algériennes), dont un garçons mineur et 255 hommes, expulsés en convoi officiel dans 10 camions et une fourgonnette
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31.12.2024
445 personnes nigériennes, dont 28 filles mineures, 39 garçons mineurs, 12 femmes et 366 hommes, expulsées en convoi officiel.