vendredi, 01 octobre 2021
29 septembre et 1er octobre 2021 : 2169 personnes expulsées d'Algérie vers le Niger en deux grands convois d'expulsion.

Les expulsions massives régulières de l'Algérie vers le Niger se poursuivent. Avec au moins 894 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non officiel le 29 septembre et au moins 1275 personnes expulsées le 1er octobre 2021 dans un grand convoi officiel, le nombre de personnes expulsées depuis le début de l'année 2021 s'élève à au moins 18749 personnes.

Forces de sécurité algériennes arrêtent des femmes migrant.e.s.

Foto d'archiv d'une autre action de raffles et expulsions dans le passé.

 

Les expulsions se passent dans des conditions violentes de mépris de l'être humain qui mettent souvent la vie des gens expulsé.e.s en danger. Au Niger, l'un des pays les plus appauvris du monde, beaucoup de gens expulsé.e.s restent bloqué.e.s dans des conditions misérables.

 

Convoi d'expulsion non-officiel le 29 septembre 2021

Selon les observations des lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 894 personnes expulsées d'Algérie dans un convoi de déportation "non-officiel" sont arrivées au poste frontière d'Assamaka le 29 septembre 2021. Parmi elles se trouvaient sept enfants mineurs. Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient des ressortissant.e.s de Guinée Conakry, au nombre de 284, des ressortissant.e.s du Mali, au nombre de 181 et des ressortissant.e.s du Soudan, au nombre de 179.

A côté d'eux, il y avait également des citoyen.ne.s de nombreux pays d'Afrique subsaharienne: 38 personnes de Sierra Leone, 32 de la Côte d'Ivoire, 19 du Cameroun, 46 du Bénin, 17 du Sénégal, 31 du Burkina Faso, 12 du Nigeria, 6 du Ghana, 3 de la Guinée Bissau, 11 du Liberia, 14 du Tchad, 4 du Togo, 6 de l'Erythrée et 9 de la République Centrafricaine.

Régulièrement, les personnes expulsé.e.s dans les convois d'expulsion "non officiels" sont laissées dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des expulsé.e.s en danger: Les expulsé.e.s doivent marcher entre 15 et 20 kilomètres dans le désert afin d'atteindre Assamaka, le premier village nigérien après la frontière algérienne. Affamé.e.s, déshydraté.e.s, il est à craindre que beaucoup n'y arrivent pas, si des gens se perdent dans le désert.

 

Convoi d'expulsion officiel le 1ier Octobre 2021

Selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 1275 personnes expulsées d'Algérie au Niger dans un convoi officiel sont arrivées au poste de frontière d'Assamaka le 1ier Octobre 2021. Parmi elles se trouvaient 67 filles mineures, 101 femmes, 100 garçons mineurs et 1007 hommes. Là encore, le nombre élevé de 167 enfants mineurs parmi les expulsé.e.s est inquiétant, compte tenu du fait que des cas de maltraitance et de séparation d'enfants de leurs parents sont régulièrement signalés dans les convois d'expulsion d'Algérie vers le Niger.

 

Accords d'expulsions et externalisation des frontières

Les expulsions officiels d'Algérie au Niger se passent à la base d'un accord bilatéral signé en 2014 pour l'expulsion de ressortissant.e.s du Niger, dont beaucoup vivent en Algérie dans un contexte de migration souvent saisonnière. Quand même, l'état algérien en profite aussi pour expulser des nombreux.ses ressortissant.e.s d'autres pays surtout de l'Afrique Subsaharienne dans des convois "non-officiels", et jusqu'à maintenant les autorités du Niger manquent la puissance ou la volonté de stopper cette pratique. 

Alarme Phone Sahara constate une tendance inquiétante et indignante que selon les chiffres documentées par ses lanceurs d'alerte, les convois d'expulsions deviennent de plus en plus grands, avec régulièrement plus que 1000 personnes expulsé.e.s dans un seul convoi.

Il faut aussi voir les expulsions d'Algérie au Niger et les violantions des droits humains par les forces de sécurité algériennes dans le contexte de la politique d'externalisation des frontières par les pays de l'Union Européenne, qui entretiennent des accords avec le Niger pour aider à fermer les trajets de migration et qui collaborent aussi avec l'Algérie, entre autres sous forme de délivrance de grandes capacités de véhicules militaires et de technologie "sécuritaire".

 

Au vu de tout ca, Alarme Phone Sahara continue à demander:

⦁ L'arrêt immédiat des expulsions et des refoulements de réfugié-e-s et de migrant-e-s de l'Algérie vers le Niger et d'autres pays voisins!

⦁ L'annulation de l'accord d'expulsion entre l'Algérie et le Niger!

⦁ L'arrêt immédiat des expulsions d'enfants et de la séparation d'enfants de leur parents!

⦁ La fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s!

⦁ L'engagement de l'état du Niger pour la défense de ses citoyen.e.s qui subissent des persécutions, des violations des droits humains et des expulsions en Algérie!

⦁ La vérité et la clarification de la part l'Etat algérien sur ce qui s'est réellement passé dans les convoi d'expulsions qui ont quitté Alger le 12 et le 25 mars 2021, en particulier s'il est vrai que des personnes ont été tuées dans des accidents de bus!

⦁ L'Algérie et le Niger doivent arrêter de collaborer avec les politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain et de prendre des matériels de militaire et de sécurité pour les utiliser contre la population migrante!