Les expulsions massives régulières de l'Algérie vers le Niger se poursuivent. Avec au moins 587 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non officiel le 9 octobre et au moins 505 personnes expulsées le 11 octobre 2021 dans un convoi officiel, le nombre de personnes expulsées depuis le début de l'année 2021 s'élève à au moins 19841 personnes. A titre de comparaison : En 2020, selon les chiffres d'Alarme Phone Sahara, au moins 22631 personnes ont été expulsées d'Algérie vers le Niger.
Activiste de Sokodé/Togo en proteste
contre les expulsions d'Algérie (21 Mai 2021)
Les expulsions se déroulent dans des conditions violentes de mépris des êtres humains, mettant souvent la vie des personnes expulsées en danger. Au Niger, l'un des pays les plus pauvres du monde, de nombreuses personnes expulsées sont bloquées dans des conditions misérables. En outre, la situation des citoyen.ne.s nigérien.ne.s parmi les expulsé.e.s est aggravée par le fait que, depuis 2020, l'État nigérien ne soutient plus ces personnes dans leur retour dans leur communauté d'origine.
Convoi de déportation non-officiel le 9 octobre 2021
Selon les observations des lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 587 personnes expulsées d'Algérie dans un convoi d'expulsion "non-officiel" sont arrivées à pied au poste frontière d'Assamaka le 9 octobre 2021. Parmi elles se trouvait une fille mineure. Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient les ressortissant.e.s du Mali, au nombre de 242, et les ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, au nombre de 202.
A côté d'eux, il y avait également des ressortissant.e.s de nombreux pays d'Afrique subsaharienne : 21 personnes du Soudan, 18 de Sierra Leone, 38 de Côte d'Ivoire, 6 du Cameroun, 8 du Bénin, 13 du Sénégal, 18 du Burkina Faso, 4 du Nigeria, 2 du Ghana, 2 du Liberia, 4 du Tchad, 7 de la Gambie, une personne de Somalie et une du Congo.
Régulièrement, les personnes des convois d'expulsion "non-officiels" sont laissées dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des expulsé.e.s en danger: Les expulsé.e.s doivent marcher entre 15 et 20 kilomètres dans le désert afin d'atteindre Assamaka, le premier village nigérien après la frontière algérienne. Affamé.e.s, déshydraté.e.s, il est à craindre que beaucoup n'y arrivent pas, si les gens se perdent dans le désert.
Convoi officiel de déportation le 11 octobre 2021
Selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 505 personnes expulsées d'Algérie vers le Niger dans un convoi officiel sont arrivées au poste frontière d'Assamaka le 11 octobre 2021. Parmi elles se trouvaient 42 filles mineures, 22 femmes, 19 garçons mineurs et 422 hommes. Là encore, le nombre considérable de 61 enfants mineurs parmi les personnes expulsées est inquiétant, étant donné que des cas de maltraitance et de séparation d'enfants de leurs parents sont régulièrement signalés dans les convois d'expulsion d'Algérie vers le Niger.
L'Etat du Niger a mis fin à l'aide au retour pour les citoyens déportés d'Algérie
Selon le représentant de l'état Ousmane Moussa, qui s'est entretenu avec le lanceur d'alerte d'Alarme Phone Sahara Oumarou Hadi à Assamaka, depuis 2020 l'Etat du Niger ne soutient plus ses citoyen.ne.s expulsé.e.s d'Algérie vers le Niger pour retourner dans leurs communautés d'origine respectives. Les personnes qui ont été victimes d'expulsion l'ont également confirmé de leur propre expérience. Il faut le souligner : Les personnes expulsées d'Algérie vers le Niger arrivent généralement les mains vides, ce qui rend très difficile le voyage d'Agadez, où les convois officiels d'expulsion se terminent généralement, vers leurs villes et villages d'origine respectifs. L'argent et les objets de valeur leur ont généralement déjà été pris par les forces de sécurité algériennes.
Alarme Phone Sahara critique fortement le fait que l'Etat du Niger ait retiré ce soutien de base à ses citoyen.ne.s qui ont déjà souffert de l'expérience néfaste et traumatisante de l'expulsion. Au lieu de cela, l'état du Niger devrait prendre position contre la politique de persécution et d'expulsion massive de l'état algérien et annuler l'accord d'expulsion qu'il a signé avec l'Algérie en 2014.
Au vu de tout ca, Alarme Phone Sahara continue à demander:
⦁ L'arrêt immédiat des expulsions et des refoulements de réfugié-e-s et de migrant-e-s de l'Algérie vers le Niger et d'autres pays voisins!
⦁ L'annulation de l'accord d'expulsion entre l'Algérie et le Niger!
⦁ L'arrêt immédiat des expulsions d'enfants et de la séparation d'enfants de leur parents!
⦁ La fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s!
⦁ L'engagement de l'état du Niger pour la défense de ses citoyen.e.s qui subissent des persécutions, des violations des droits humains et des expulsions en Algérie!
⦁ La vérité et la clarification de la part l'Etat algérien sur ce qui s'est réellement passé dans les convoi d'expulsions qui ont quitté Alger le 12 et le 25 mars 2021, en particulier s'il est vrai que des personnes ont été tuées dans des accidents de bus!
⦁ L'Algérie et le Niger doivent arrêter de collaborer avec les politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain et de prendre des matériels de militaire et de sécurité pour les utiliser contre la population migrante!