samedi, 01 août 2020
Cri-de-coeur de réfugié-e-s soudanais-e-s au Niger

"Agadez est devenu notre troisième station de torture après les tourments de la Libye et du Soudan."

 

Une fois de plus, les réfugié-e-s soudanai-e-s vivant dans les camps de réfugié-e-s du HCR à Agadez s'adressent au HCR avec la demande urgente d'une solution pour leur situation, car ils sont bloqués au Niger depuis 2017 sans aucun résultat positif pour leurs cas.

Depuis le début de 2019, les réfugié-e-s soudanai-e-s vivant dans les locaux du HCR au Niger ont protesté à plusieurs reprises. Du 16 décembre 2019 au 4 janvier 2020, les réfugié-e-s soudanai-e-s ont fait un sit-in de protestation devant le siège du HCR à Agadez, jusqu'à ce que les autorités régionales et municipales, accompagnées par les forces de sécurité, les aient expulsés par la force et que 111 réfugié-e-s aient été condamné-e-s par le tribunal sur des accusations douteuses.

 

Alarme Phone Sahara est solidaire avec les réfugié-e-s soudanai-e-s à Agadez. Que leurs demandes soient finalement entendues et répondues cette fois-ci !

Diffusez largement cette information !

#leavenoonebehind

 

Sit-in de réfugié-e-s soudanais-e-s en Décembre 2019 à Agadez

 

Des femmes réfugié-e-s soudanaises dans un camp à Agadez, république du Niger    

 

Voilà la déclaration:

Camp d'Agadez, région d'Agadez, nord du Niger

1ier Août 2020

Pour : Le HCR à Genève ; les organisations humanitaires et internationales ; la communauté internationale

Sujet : Appel urgent, demande de secours immédiat, situation humanitaire urgente.

Nous sommes des réfugiés soudanais dans le camp d'Agadez en République du Niger. Nos souffrances ont commencé dans notre pays, le Soudan, en raison du manque de sécurité, de protection, de la guerre civile, de l'absence de droits, de libertés et de discrimination. Nous sommes allés en Libye pour échapper aux persécutions dans notre pays, et la Libye est devenue une menace pour nos vies. En raison de l'insécurité, des opérations militaires et des bombardements et aériens, nous avons cherché refuge au Niger depuis 2017 et demandé protection et assistance, et nous sommes toujours dans le camp d'Agadez. Nos conditions sont maintenant dangereuses et difficiles et nous n'avons pas d'autre solution que de demander l'aide de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés à Genève et de la communauté internationale et des organisations humanitaires. Pour nous aider, il faut faire pression sur les autorités compétentes de la République du Niger entre le gouvernement et le HCR au Niger pour qu'ils nous aident.

 

Le monde, la presse et les médias sociaux savent que nos conditions sont très dures dans le camp d'Agadez, et que ces conditions ne sont pas appropriées pour l'être humain. Nous devons être secouru-e-s immédiatement. Nous avons publié des photos et des scènes de l'intérieur du camp sur les médias sociaux.

De 2017 à aujourd'hui 31 juillet 2020, nous n'avons pas trouvé de soutien suffisant ni du Haut Commissariat aux Réfugiés au Niger, ni du gouvernement du Niger. Nous sommes sans abri. Nous sommes dans un sit-in depuis plusieurs mois et nous n'avons pas trouvé de soins et entendu quelquechose sur nos revendications.

Nous avons demandé l'asile depuis 2017 et jusqu'à présent notre dossier n'est pas complet. Ceux qui ont reçu la reconnaissance de la demande sont sans le moindre soin, même en matière de santé, toutes nos vies sont en danger, la plupart des réfugié-e-s n'ont pas été reconnu-e-s comme tels dès le début, et nos conditions vont de dangereusement mauvaises à pires.

Les réfugié-e-s détenteurs de cartes d'asile du pays du Tchad qui sont dans le camp depuis 2017 ont été rejetés et en 2019 leur dossier a été repris, mais jusqu'à présent ils n'ont pas trouvé de réponse du HCR.

Nous avons été placés dans un environnement qui n'est pas adapté à la vie parmi les animaux et un désert aride. Nos conditions sont très dures. Cela a entraîné des troubles psychologiques pour les réfugié-e-s, l'apparition de fausses couches chez les femmes, des suicides et des maladies chroniques. Les conditions difficiles ont conduit à la sortie du camp d'un certain nombre de patients psychiatriques, nous n'avons pas encore trouvé où ils sont, et nous ne savons pas s'ils sont vivants ou morts, au mépris général des autorités compétentes.

Le camp de réfugiés d'Agadez accueille des enfants, des femmes, des veuves, des personnes âgées, des personnes handicapées et des malades, sans que l'organisation ne s'occupe d'eux.

Nous manquons des éléments les plus élémentaires de la vie, de la santé et des soins, car il n'y a ni traitement adéquat, ni médecin compétent, ni nourriture, ni eau potable.

Il n'y a pas d'éducation et il n'y a pas de niveau minimum de vie décente. Les services de santé ne sont pas disponibles de façon alarmante.

Le personnel de l'organisation ne nous traite pas humainement, nous trouvons des traitements inappropriés.

 

Nous nous plaignons également de la corruption administrative du bureau du HCR à Agadez, de la manipulation de nos procédures et de nos documents, et il est apparu clairement qu'un certain nombre de dossiers de réfugiés ont été perdus.

Et maintenant, nous sommes au bord de l'automne et des tempêtes qui décollent de nos logements qui ne sont pas encore adaptés. Et maintenant, nous étendons la terre comme un oreiller et le ciel reste un parapluie, tant qu'on ne s'occupe pas de nous !

Nous sommes donc dehors depuis plus de deux semaines, et nous n'arrêterons pas la manifestation tant que nos revendications pour une vie décente ne seront pas satisfaites.

 

Nous faisons appel à vous en tant qu'organisation liée à la protection des réfugié-e-s dans le monde entier, et nous appelons toutes les organisations humanitaires et la communauté internationale, et les personnes de conscience, à nous écouter, et à leur dire, ayez pitié des réfugiés soudanais du camp d'Agadez au Niger.

Agadez est devenu notre troisième station de torture après les tourments de la Libye et du Soudan.

 

Selon le Protocole mondial des Nations unies sur le statut des réfugiés dans le monde, signé à Genève en 1951, nous pensons avoir des droits légitimes, et l'état du Niger est l'un des signataires de la Charte des Nations unies relative au statut des réfugiés et à la protection.

Nous vous demandons d'informer les autorités compétentes en matière de réfugiés afin d'obtenir le soutien et la protection nécessaires dans le camp d'Agadez au Niger.

Nous attendons votre réponse dans les plus brefs délais.

 

Meilleures salutations

Réfugié-e-s soudanais-es dans le camp d'Agadez en République du Niger