dimanche, 28 août 2022
Niger: Protestations de migrant.e.s dans les camps de l’OIM à Agadez et Arlit

Les jours de 27 et 28 Août 2022, des protestations de migrant.e.s de différentes nationnalités, beaucoup d’entre eux expulsé.e.s d’Algérie, ont eu lieu dans les camps de transit de l’OIM à Agadez et Arlit (10km de la ville d’Arlit) au Niger.

Les raisons des protestations étaient, d’un part, le mécontentement avec des mauvaises conditions de vie sans perspectives. D’autre part la situation d’être bloqué.e.s au nord du Niger en attendant un retour vers leurs pays d’origine, mais sans aucun résultat.

 

Déclaration vidéo de malien.ne.s au camps de l’OIM à Agadez, 28 Août 2022

Ils sont 500 personnes malien.ne.s et selon leur déclaration, ils se sont retrouvé.e.s dans les mains de l’OIM après d’avoir été expulsé.e.s au Niger d’Algérie et d’autres pays. Avant leur expulsion, ils avaient un peu d’argent et des téléphones, mais maintenant ils n’ont plus des téléphones ni d’argent et ils souffrent – apparemment tout leur a été arraché penda.

Selon eux, l’OIM a dit qu’elle ne puisse plus les soutenir, malgré que l’OIM leur avait promis de les remener au Mali et avait même annoncé d’organiser un vol de retour en avion. Ils disent aussi que la nourriture qu’ils recoivent au camp n’est pas bonne et insuffisante. Ils disent aussi que leurs parents pensent qu’ils soient en aventure ou en Europe, mais ils sont là assis.e.s seulement.

Maintenant, ils demandent l’aide à toutes les populations maliennes, au Mali et en diaspora. Ils demandent aussi à Assimi Goita, chef du gouvernement de transition malien et son gouvernement, de les tous rappatrier au Mali, parce qu’ils souffrent.

Ils demandent à tout le monde de partager le vidéo.

 

Vidéo de protestations de migrant.e.s à Agadez le 28 Août 2022

Certain.ne.s portent un drapeau de la Côte d’Ivoire, probablement leur pays d’origine.

 

Selon les recherches de l’équippe d’Alarme Phone Sahara d’Agadez, d’autres raisons spécifiques du mécontentement sont:

  • Il est rapporté que l'OIM a cessé, du moins en partie, les transports de retour en bus vers les pays d'origine, par exemple vers le Mali. On se plaint également d'une prétendue inégalité de traitement entre différents groupes d'origine dans l'organisation des transports de retour.
  • En outre, le versement de fonds pour les soi-disant "retours volontaires" après l'arrivée dans les pays d'origine ne fonctionnerait pas comme promis.

 

 

Rapports de graves insuffisances dans la prise en charge de migrant.e.s par l’OIM au Niger

A plusieurs reprises, il y avait des protestations de migrant.e.s et réfugié.e.s dans les camps de l’OIM et aussi de l’HCR au Niger pendant les dernières années contre des mauvaises conditions de vie et contre la situation d’être bloqué.e.s au Niger sans perspectives.

Alarme Phone Sahara a écouté des témoins qui relatent des expériences pareilles:

Des gens expliquent qu'ils soient enregistrés depuis 1 à 2 mois comme candidats au retour dit „volontaire“. Mais ils ne soient pas autorisés ni à accéder au camp, ni de profiter des services d'hébergement et de restauration. Les conditions d'hygiène pour ces personnes sont déplorables.

Des migrant.e.s de différente nationnalité vivent des expériences traumatisantes entre la rue, les gares routieres et les locaux d'organisations de la société civile, entre autres Alarme Phone Sahara (APS), qui peuvent leur offrir un minimum. 

Les expériences des personnes en déplacement parlent de lenteur administrative et insuffisance ou manque de ressources pour mener à bien leur prise en charge.

Certaines personnes mendient alors que d'autres s'adonnent à des activités faiblement rémunérés.

Quant aux femmes, c’est elles qui se retrouvent souvent dans les conditions les plus vulnérables.

 

 

L’OIM, un maillon dans la chaîne du régime frontalier

Camp de transit de l'OIM à Agadez

© Aïr Info Agadez

C‘est l’OIM qui s’est donné le mandat de gérer les programmes des retours dits „volontaires“ aux pays d'origine des migrant.e.s, y compris leur prise en charge dans ses camps jusqu’au retour. Selon les directives de l'OIM, les personnes sont hébergées et nourries si elles acceptent le retour dit "volontaire. Avec ce rôle, l'OIM est un maillon important de la chaîne du système de l’externalisation des frontières et du contrôle migratoire mis en place sur le sol africain sous l’influence des pays de l’Union Européenne.

Proteste de migrant.e.s au camp de l'OIM à Agadez, 28 Août 2022

Les protestations répétées dans les camps de l’OIM à Arlit et à Agadez montrent avec insistance que l’OIM, malgré les budgets considérables qu’elle recoit, n’est pas prête ou pas capable de rassurer au moins des conditions de vie dignes pour les personnes dont elle s’est donné le mandat de leur prise en charge et d’organiser d’une manière fiable les programmes de retour pour les personnes qui, faute d'autres perspectives, attendent désespérément un soi-disant retour volontaire.

 

Alarme Phone Sahara demande de l’OIM et ses bailleurs de fonds:

  • Fournir des ressources suffisantes pour permettre des conditions de vie décentes à tou.te.s les migrant.e.s et réfugié.e.s qui ont besoin d'assistance au Niger.
  • L'hébergement et la prise en charge ne doivent pas dépendre de la soumission à un soi-disant "retour volontaire" !
  • Pour les personnes qui veulent rentrer dans leurs pays d’origine selon leur propre gré, il faut leur donner l’assistance nécessaire pour retourner dans des conditions dignes!
  • Au lieu de mettre des millions d’Euros pour fermer les frontières et empêcher la migration par force, il faut respecter la liberté de circulation des personnes et investir dans le sauvetage de vies sur les trajets de migration et la création de routes de voyage sécurisées pour tout le monde!

 

Suite à la déclaration des Malien.ne.s à Agadez, Alarme Phone Sahara soutient aussi leur demande aux autorités maliennes de venir à leur secours et leur aider à rentrer au Mali!