Les expulsions massives régulières de l'Algérie vers le Niger se poursuivent sans pitié. Avec au moins 1040 personnes expulsées dans un grand convoi d'expulsion non officiel le 12 Novembre, au moins 456 personnes expulsées dans un convoi officiel le 14 Novembre, au moins 100 personnes expulsées dans un convoi non officiel le 19 Novembre et au moins 690 personnes expulsées dans un convoi officiel le 21 Novembre le nombre de personnes expulsées depuis le début de l'année 2021 s'élève à au moins 22127 personnes.
Source de photo: middle east monitor (Septembre 2019)
Les expulsions se déroulent dans des conditions violentes de mépris des êtres humains, mettant souvent la vie des personnes expulsées en danger. Au Niger, l'un des pays les plus pauvres du monde, de nombreuses personnes expulsées sont bloquées dans des conditions misérables à Agadez et d'autres villes du pays.
En même temps, des personnes expulsées qui ne sont pas des citoyen.ne.s nigérien.ne.s rapportent de subir des harcèlements et des amendes de la part de la police du Niger parce qu'ils et elles n'ont pas un permis de séjour au Niger.
Convois d'expulsion non-officiels le 12 et 19 Novembre 2021
Selon les observations des lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 1040, dont 9 femmes, personnes expulsées d'Algérie dans un convoi d'expulsion "non-officiel" sont arrivées à pied au poste frontière d'Assamaka le 12 Novembre 2021. Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient les ressortissant.e.s du Mali, au nombre de 287, de la Guinée Conakry, au nombre de 371 et du Tchad, au nombre de 201 personnes. A côté d'eux, il y avait également des ressortissant.e.s de nombreux pays d'Afrique subsaharienne : 29 de Sierra Leone, 40 de Côte d'Ivoire, 32 du Cameroun, 19 du Bénin, 15 du Sénégal, 18 de la Gambie, 8 du Nigeria, 8 de la Guinée Bissau, 6 du Liberia, deux personnes de Somalie et une du Congo, une du Ghana, une de la Centrafrique et une de l'Éritrée.
Un autre 100 personnes expulsées dans un convoi "non-officiel" , dont deux femmes, sont arrivées à pied au poste frontière d'Assamaka le 19 Novembre 2021 . Parmi elles se trouvaient 40 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, en plus 14 ressortissant.e.s du Soudan, 13 du Bénin, 7 de la Sierra Léone, 6 du Mali, 5 de la Côte d'Ivoire, 4 du Nigéria, 4 du Togo, 3 du Caméroun, 2 du Libéria, une personne du Sénégal et une du Tchad.
Régulièrement, les personnes des convois d'expulsion "non-officiels" sont laissées dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des expulsé.e.s en danger: Les expulsé.e.s doivent marcher entre 15 et 20 kilomètres dans le désert afin d'atteindre Assamaka, le premier village nigérien après la frontière algérienne. Affamé.e.s, déshydraté.e.s, il est à craindre que beaucoup n'y arrivent pas, si les gens se perdent dans le désert.
Convois officiels d'expulsion le 14 et 21 Novembre 2021
Selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 456 personnes expulsées d'Algérie vers le Niger dans un convoi officiel sont arrivées à Assamaka le 14 Novembre 2021. Parmi elles se trouvaient 90 filles mineures, 59 femmes, 80 garçons mineurs et 227 hommes.
Un autre 690 personnes expulsées dans un convoi officiel sont arrivées à Assamaka le 21 Novembre 2021. Parmi elles 59 filles mineures, 44 femmes, 95 garçons mineurs et 492 hommes.
Là encore, les chiffres élevées de une fois 170 et l'autre fois 154 enfants mineurs parmi les personnes expulsées sont inquiétants, étant donné que des cas de maltraitance et de séparation d'enfants de leurs parents sont régulièrement signalés dans les convois d'expulsion d'Algérie vers le Niger.
Harcèlements et amendes contre des personnes expulsées par la police nigérienne et la collaboration de l'OIM
Selon les témoignages de personnes concernées, il est fréquent que des expulsé.e.s qui vivent présentement à Agadez et d'autres villes du Niger sont contrôlé.e.s par la police nigérienne pour les demander de montrer leur permis de séjour que beaucoup d'entre eux ne disposent pas. En fait, beaucoup de personnes expulsées arrivent au Niger sans aucun document d'identité parce que les forces algériennes ont confisqué et volé tous leurs papiers. En plus, selon leur expérience, pour fournir un permis de séjour, les autorités nigériennes demandent une attestation de l'ambassade du pays d'origine.
C'est pourquoi les personnes expulsées se retrouvent régulièrement dans des situations où on leur demande de payer des amendes allant jusqu'à 25 000 francs FCFA. Il arrive aussi que ceux et celles qui ne peuvent pas payer soient emprisonné.e.s. En fait, beaucoup de personnes expulsé.e.s arrivént au Niger à mains vides après d'avoir été dépouillé.e.s par les forces algériennes et ne sont pas capables de payer ces sommes d'amendes amandes.
Par conséquence, cette répression policière met les personnes expulsé.e.s sous pression de se rendre dans les mains de l'OIM pour suivre les programmes de soi-disant "retour volontaire". En fait, OIM travaille très étroitement avec la police, il y a même un poste de police près du camp d'OIM. Dans la région d’Agadez il y a deux centres de transit d’OIM.En plus, il y a aussi un campement de tentes pour des personnes expuls.é.e.s récemment arrivées. C’est un centre de tri. Là les gens sont registré.e.s, demandé.e.s d’accepter de retourner dans leurs pays d’origines et ils sont là pour la quarantaine de Covid.
Dans ce sens, les expulsions massives de l'Algérie au Niger, la persécution policière contre des migrant.e.s et personnes expuls.é.s et les programmes de "retour volontaire" de l'OIM font tous parti d'un système d'externalisation des frontières et contrôle migratoire répressif que les pays de l'Union Européenne ont installé, encouragé et financé partout dans les pays sahélo-sahariens.
En revanche, Alamre Phone Sahara défend le droit à la liberté de circulation et la solidarité indivisible avec tout.e.s les migrant.e.s et réfugié.e.s sur les trajets sahélo-sahariens.
Alarme Phone Sahara demande:
⦁ L'arrêt immédiat des expulsions et des refoulements de réfugié.e.s et migrant.e.s de l'Algérie vers le Niger et d'autres pays voisins!
⦁ L'annulation de l'accord d'expulsion entre l'Algérie et le Niger!
⦁ L'arrêt immédiat des expulsions d'enfants et de la séparation d'enfants de leurs parents!
⦁ La fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant.e.s et réfugié.e.s!
⦁ La police nigérienne doit arrêter de persécuter et imposer des amendes aux migrant.e.s et réfugié.e.s. Au lieu de cela, il faut du soutien et de l'accueil dans des bonnes conditions pour les victimes des expulsions massives d'Algérie au Niger qui ont souvent survécu à des violations graves et traumatisantes.
⦁ L'état du Niger doit s'engager pour défendre ses propres citoyen.e.s qui subissent des persécutions, des violations des droits humains et des expulsions en Algérie!
⦁ L'Algérie et le Niger doivent arrêter de collaborer avec les politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain et de prendre des matériels de militaire et de sécurité pour les utiliser contre la population migrante!