dimanche, 15 mai 2022
Rapport de la mission d'Alarme Phone Sahara à Dirkou, Bilma, Latai et Siguidine

Dans le but de rechercher et d'améliorer le travail d'Alarme Phone Sahara sur le terrain, une mission a eu lieu à Dirkou, Bilma, Latai et Siguidine dans la zone du désert de Kawar au nord du Niger. De nombreux migrants et autres voyageurs traversent cette zone sur leur chemin vers le nord, c'est-à-dire vers la Libye, ainsi que des personnes sur le chemin du retour de Libye, et dans certains cas déportées de là-bas. La région est également connue pour ses risques dangereux sur les routes migratoires et de nombreux migrants ont perdu la vie et ont été enterrés dans le désert du Kawar.

 

Une équipe d'Alarme Phone Sahara (APS) composée de Moctar Nalosso chef de mission, Elh Maman Aboubacar caméraman et Laouali Maouli supporteur temporaire a quitté Agadez le mardi 04 avril 2022 pour une mission de 11 jours à Dirkou, Bilma, Latai et Siguidine.

 

La mission a pour objectifs :

  • Suivre les activités des lanceurs d’alerte dans la zone de Kawar
  • Prendre contact avec les différentes autorités
  • Faire des recherches sur les refoulements de la Libye
  • Avoir une vue globale du parcours des migrant.e.s dans le désert.

 

Partie d’Agadez le mardi 04 avril aux environs de 20h, la mission est arrivée à Dirkou le mercredi 05 avril aux environs de 17h où elle a été accueillie par le lanceur d’alerte Laouel Taher pour des modalités administratives et d’hébergement. Les activités au terrain sont menées suivant un calendrier préalablement établi.

 


Jeudi 06 avril 2022


Visite de courtoisie au maire de Dirkou

 

La 1ère visite est orientée vers la mairie de Dirkou, où le président du conseil communal et le maire Mr. Djaram Mahamata a fait l’honneur de recevoir la mission à son domicile en vue d’échanger sur le réseau APS et le but de sa présence dans la commune de Dirkou. Le Maire a remercié le travail humanitaire mené à l’endroit des migrant.e.s et a garanti de sa disponibilité pour une bonne collaboration entre APS et sa collectivité. Ce fut l’occasion pour le maire d’appeler APS à élargir ses interventions au-delà des migrant.e.s car les populations autochtones ont des besoins auxquels il faut aussi prêter oreille attentive.

Par exemple, les refoulé.e.s de la Libye ne sont pris en compte par aucune organisation. Les expulsions actuelles sont l’œuvre d'une fraction de gouvernement non officiel de la Libye qui interpelle des migrant.e.s et les marchande avec des particuliers qui les transportent au Niger en destination de la ville d’Agadez. C’est à dire que les refoulé.e.s ne séjournent pas plus de 4h de temps à Dirkou au cours de leur trajet en direction d’Agadez.

A l’occasion des échanges, une demande d’acquisition d’un terrain au profit d’APS a été introduite pour une exploitation humanitaire future. Le maire a approuvé l’idée et a pris un acte administratif qui octroie à APS un terrain de 700 m² dans le territoire communal de Dirkou. Ce terrain devrait servir de cimetière aux migrant.e.s chrétien.e.s et de magasin pour APS. Aux termes d’environ deux heures d’échanges, le maire a souhaité de vive voix qu’APS puisse s’impliquer dans la gestion du nouveau phénomène migratoire qui est le refoulement en provenance de la Libye.

 

Visite aux Médécins Sans Frontières (MSF)

De la mairie, la mission s’est rendue au bureau de Médecins Sans Frontières (MSF) de Dirkou aux environs de 11h 00 mn. L’entretien a eu lieu avec le psychologue (assurant l’intérim), l’infirmier et le médiateur culturel autour d’un certain nombre de sujets notamment les missions de sauvetage et le refoulement de la Libye.

APS et MSF ont plusieurs fois collaboré dans des missions de sauvetage dans la zone du Kawar (département de Bilma). MSF a réitéré son engagement en faveur de cette action en apportant son appui en carburant et autres accompagnements à l’équipe APS pour des missions de sauvetage.

Relativement à la question de refoulements de la Libye, MSF a fait savoir ne pas disposer de suffisamment de kits pour assister les migrant.e.s. Mais le volet assistance psychosociale aux malades est toujours assuré.

MSF assure l’assistance sanitaire dans la zone de Kawar chaque mercredi de 9h à 15h avec une clinique mobile à Latai et à Siguidine pour soigner les migrant.e.s et les autochtones et avec des visites tous les jeudis dans des ghettos et maisons closes.

 

Visite au commissariat de police de Dirkou

Dans l’après-midi, la mission s’est rendue dans les locaux du commissariat de police de Dirkou pour une prise de contact avec les éléments en poste. Le commissaire a suivi avec intérêt une présentation d’APS. En tant que chef de la police, il a assuré l’engagement de sa structure à collaborer avec APS chaque fois que la police est sollicitée. La mission a pris bonne note et a pris congé de son hôte.

 

 

Vendredi 07 Avril 2022

 

Visite au bureau de l'OIM


La matinée du vendredi 07.04.2022 a été consacrée à la visite au bureau de l’OIM de Dirkou où un groupe de 4 personnes dont le responsable par intérim du sous-bureau et le responsable de SAR (Search And Rescue) ont organisé une séance de travail autour de la question de refoulement de la Libye.

Les différents échanges pendant la mission d'APS ont dévoilé que les dernières expulsions de la Libye vers le Niger sont organisées par les forces du générale Khalifa Haftar qui fait partie d'une des fractions qui réclament le pouvoir gouvernementale.

Stephan Kouame responsable par intérim de l’OIM a assuré que son organisation n’a officiellement aucun cahier de charge relativement au refoulement de la Libye à l’exception de cas de protection pour les personnes vulnérables surtout les femmes et les enfants. Par principe l’OIM est un partenaire de l’état et non d’un gouvernement non reconnu à l’échelle internationale comme celui qui opère au sud de la Libye. Mais il ne soit pas exclu que des choses évoluent positivement dans un proche avenir.

Le responsable de « SAR » a expliqué que l’OIM organise des patrouilles dans le désert ensemble en collaboration avec la protection civile sur l’axe migratoire (Siguidine) deux fois par mois pour assister les migrant.e.s et les communautés locales dès qu’il y a une alerte vérifiée quelle qu’en soit son origine. Ils peuvent organiser si nécessaire une mission conjointe de sauvetage coordonnée avec une structure de la place comme la mairie, MSF, Croix rouge nigérienne et autres structures.

La question de référencements est compliquée à gérer à partir de Dirkou. Car, les dispositions ne permettent pas de référer un.e migrant.e à l’OIM pour une prise en charge et le retour volontaire sauf pour les cas de vulnérabilité avérée (volet protection). Pour le moment ce n’est pas prévu dans leur charte. Seul le référencement des cas vulnérables et qui optent pour le retour volontaire et remplissant les critères de vulnérabilité sont acceptés. La réunion a pris fin vers 12h30mn.

 

Visite à la gendarmerie de Dirkou

La mission s’est déplacée à la gendarmerie de Dirkou dans l’après-midi pour expliquer le but de sa présence dans la zone. Le commandant de la brigade a connaissance du réseau APS depuis la découverte d’une voiture et d’un corps dans le désert. Il a saisi l’occasion pour féliciter le travail d’APS et réaffirmer leur disponibilité à collaborer avec APS au vu des résultats palpables produits, comme le témoigne la présence physique dans le service de la voiture qui a été retrouvée par APS. L’occasion a été saisie pour faire quelques photos à côté dudit véhicule. Le commandant de la brigade a rassuré que son service est en contacte avec le propriétaire du véhicule en question et que le processus administratif poursuit son cours.

 

 

Samedi 08 Avril 2022 départ vers Bilma


L’équipe a quitté Dirkou pour la localité de Bilma (chef lieu du département) pour des formalités administratives tout d’abord à la préfecture de Bilma en compagnie du lanceur d’alerte Laouel Taher.

Le préfet étant en déplacement, c’est le secrétaire général (SG) qui a accueilli la mission à qui il a été expliqué en détail le travail d’APS, ses zones d’intervention et le but de la mission dans la zone de Kawar. Très content de la visite le SG a d’abord remercié la mission pour cet acte. Il a aussi salué le travail mené par APS et a fait comprendre que les trois (3) objectifs d’APS sont les choses les plus importantes dans cette zone migratoire. Il a apprécié en toute objectivité ce que fait APS surtout avec peu de moyens. Il propose dorénavant que pour chaque mission à entreprendre dans la zone de Kawar de tenir les autorités préfectorales informées. En tant que représentant de l’état, ils pourront informer les militaires assurant leur mission régalienne de la présence d’APS dans la zone pour raison de sécurité. Le SG souhaite vivement qu’APS collabore avec les autorités administratives car en sa connaissance, à part l’OIM aucune structure ne leur a rendu visite. Il espère avec cette visite que la collaboration avec APS soit pérennisée.

 

Visite au tribunale de Bilma

Le tribunal de Bilma a servi de prochaine étape à l’équipe qui est attendue par le lanceur d'alerte Attoumane Boukar qui est en même temps planton dans ce service. La rencontre avec le président du tribunal de Bilma Mr. Ibrahim Hamidou Karami est magnifiée par l’expression de sa joie de voir une organisation humanitaire se présenter à son bureau depuis qu’il est en poste. Et il trouve très logique qu’APS collabore avec la justice car beaucoup de migrant.e.s ont été incarcéré.e.s à la prison de Bilma pour des causes certaines variables selon les cas. Il promet de répertorier les migrant.e.s qui sont actuellement détenu.e.s dans la prison de Bilma pour avoir un aperçu sur leurs diverses origines. Il a même été évoqué le cas d’une migrante (professionnelle de sexe) répondant au nom de MP originaire de Kaduna au Nigeria divorcée et mère d’un enfant. Elle a eu des démêlées avec un militaire nigérien qui l’a grièvement blessé à la suite de quoi elle avait porté plainte à la justice le 02 mars 2022. Après l’audience, la justice a tranché en sa faveur et le militaire devait payer une amende de 500.000FCFA pour dédommager dame MP. Un rendez-vous fut pris pour le 05 mars 2022 en vue de la mettre dans ses droits. Le jour de son rendez-vous à Bilma dame MP a rendu l’âme entre Djado et Siguidine alors qu’elle était accompagnée d’une de ses connaissances. Elle a été enterrée par son amie et le chauffeur dans le désert avant d’informer le juge qui à son tour a dépêché une équipe pour se rendre sur la tombe et procéder à l’autopsie du corps qui a révélé que la mort de la défunte MP était naturelle. Cependant le juge demande à APS de lancer un avis de recherche pour essayer de trouver la famille de la défunte au Nigeria. Les quelques 90 minutes d’échanges ont permis d’asseoir de bonnes bases de collaboration entre APS et le service judiciaire à Bilma.

 

Visite à la mairie de Bilma

Aux environs de 15h la mission s’est rendue à la Mairie de Bilma où le Maire lui a souhaité la bienvenue. Cette autorité communale prétend connaitre APS à travers Laouel Taher et Attoumane Boukar. Le maire encourage APS à œuvrer dans le respect de ses principes et promet de rester en contact avec les lanceurs d'alerte à Bilma tout en assurant sa disponibilité pour APS.

 

Visite au chef de village de Bilma

Une visite de courtoisie est rendue au chef du village qui a clairement dit qu’il sera prêt à aider le réseau à mener à bien sa mission dans la zone du Kawar.

 

Retour à Dirkou

L’équipe a quitté Bilma vers 17h pour Dirkou où elle a passé la nuit en vue de se préparer à se rendre à Latai et à Siguidine le lendemain.

 


Dimanche 09 Avril 2022 départ vers Latai

Tôt le matin, la mission a fait cap sur la localité de Latai située à 45 km de Dirkou où le lanceur d’alerte Abba Kéké l’attendait. Après un bref échange avec ce dernier, la mission s’est rendue à un endroit situé à 2 km au nord-est de Latai dans la vallée dite de « Doumba ». C’est un lieu où les chauffeurs cachent les migrant.e.s pour contourner les tracasseries des forces de défense et de sécurité (FDS) positionnées à Latai.

Des tombes de migrant.e.s dans la zone de Latai, Nord du Niger

Sur ce lieu se trouvait un total de huit (8) tombes de migrant.e.s. Selon Abba Kéké, 6 des morts sont des hommes et les 2 autres sont des femmes. L’équipe a saisi l’occasion pour réhabiliter ces tombes avec des pierres pour qu’elles soient visibles. Les coordonnées GPS prises sur le lieu permettront à l’avenir de facilement les identifier.

Cimétière de migrant.e.s à Latai, Niger. Des migrant.e.s d'origine nigérien qui sont décédé.e.s

en traversant le désert en 2019 et 2022 sont enterré.e.s ici. Qu'ils reposent en paix.

 

Un peu plus loin se trouvait un endroit très discret. Divers objets trouvés prouvent que des voyageurs séjournent fréquemment dans cet endroit obscur. C’est une cachette qu’utilisent les transporteurs pour ne pas exposer les migrant.e.s aux FDS qui traquent les candidat.e.s à la migration. C’est un lieu où migrants et migrantes subissent plusieurs sortes de violations de leurs droits.

Dans le rayon de cette cachette se trouve aussi un puits où les migrant.e.s s’approvisionnent en eau.

Puits à Doumba, zone de Latai, utilisé par des migrant.e.s

mais dangereux à cause de mauvaise qualité d'eau

Ce puits loin d’être hygiénique a la tristement célèbre réputation d’être un mouroir de migrant.e.s à l’exemple de 2 migrant.e.s (homme et femme) qui ont rendu l’âme après avoir consommé en grande quantité l’eau de ce puits comme conséquence de leur déshydratation suite à une panne. Leurs corps sont enterrés non loin de ceux de la vallée de « Doumba ». L’eau de ce puits a la mauvaise réputation d’être nocive aux migrant.e.s.

Visite au puits de Doumba, zone de Latai, utilisé par des migrant.e.s mais dangereux à cause de mauvaise qualité d'eau

 

L’axe puits « Espoir » est un endroit de tous les dangers. Les migrant.e.s subissent la loi des transporteurs qui circulent en convoi de 3 à 4 conducteurs. Tous les villages et les postes de contrôle sont contournés. Les traversées sont parsemées d’embûches du genre morts à cause de chuttes de passagers hors de véhicules, disparitions de passagers, etc.

 

 

Lundi 15 Avril 2022 voyage à Siguidine

Tôt le lundi la mission a pris la route de Latai-Siguidine soit une distance de 146 km pour rencontrer Elhadj Sidi Malan qui a facilité les formalités administratives à la mission.

Des centaines des migrant.e.s nigérien.ne.s et nigérian.e.s en partance comme au retour de la Libye ont accepté d’échanger sur leur situation de voyage et les refoulements. Les locuteurs de la langue « Haoussa » originaires du Niger ou du Nigeria n’ont pas de gros soucis vis-à-vis de la loi 036-2015 du Niger. Ils font leur traversée sans être inquiétés sur le territoire nigérien et en Libye. Ce sont les autres Africain.e.s sub-saharien.ne.s qui souffrent de cette mesure.

Gare de migrant.e.s à Siguidine, nord du Niger

Pour preuve, plusieurs véhicules chargés de passagers étaient partis en direction de Libye devant les autorités et sur la route principale sans être inquiétés. Il a été rapporté que c’est à cause des élections en Libye que le "gouvernement" auto-proclamé du Général Khalifa Haftar, qui fait partie d'une des fraction qui réclament le pouvoir gouvernementale en Libye, refoule tou.te.s les étranger.e.s ressortissant.e.s du Niger, du Mali, du Tchad, du Soudan etc, en vue de les rappatrier dans leurs pays d’origine pour prévenir les fraudes électorales lors des prochaines élections générales devant se tenir en Libye. Le préjugé général qui se dégage est que les étranger.e.s sont favorables aux proches de l’ancien guide libyen Muammar El Gaddafi. Par conséquent, il y existent des soupçons qu'il y ait le pratique de faire participer des nigérien.ne.s, des soudanais.es, des malien.ne.s, et des tchadien.ne.s aux élections en leur octroyant des cartes d’électeurs. Les refoulé.e.s sont arrêté.e.s un peu partout en Libye. Ils sont rassemblé.e.s à Sabha soit dans des prisons ou dans des endroits clôturés et embarqué.e.s sur des camions de transport de marchandise jusqu’à Agadez.

Une visite de courtoisie a conduit la mission auprès du chef du village. Il fut ravi de la visite et a surtout loué le courage à entreprendre ces genres d’activités. L’occasion a été saisie pour demander à cette autorité morale d’organiser des échanges avec des leaders communautaires pour véhiculer le message que porte APS.


Rencontre avec le chef du village et les chauffeurs

C’est dans la cour du chef du village où une foule de 20 chauffeurs, quelques leaders communautaires et le chef de village lui-même ont bien voulu échanger avec la mission. Après les mots de bienvenue de l’hôte, le chef de mission Nalosso Moctar a pris la parole pour remercier l’hospitalité et présenter APS en termes d’objectifs, zones d’intervention, activités et but de la mission à Siguidine.

Laouel Taher a traduit pour ceux qui ne parlent pas français. Il ressort de ces entretiens que si les populations locales sont réticentes dans leur collaboration avec les autres acteurs humanitaires, ce qu’il existe une crise de confiance envers elles car elles les dénoncent auprès des autorités qui les interpellent par rapport à leur implication dans les activités de la migration. Il leur a été notifié par ailleurs qu’APS, Afrique-Europe Interact (AEI), Alarmphone Watch the Med (AP) et aussi d’autres partenaires avec qui le réseau travaille ont une position assez claire par rapport à la loi 036-2015. Toutes ces structures citées œuvrent pour la libre circulation des personnes et souhaitent collaborer avec les acteurs du terrain dans le cadre de cette logique. Ce fut une occasion de partage des cartes de visite d’APS en vue de connaitre l’existence du numéro vert à contacter en cas de détresse dans le désert.

En reprenant la parole, le chef du village a rassuré que les participant.e.s à la rencontre vont collaborer. Ensuite, ce fut au tour des participant.e.s de prendre la parole pour aborder dans le même sens que le chef du village. Plus intéressant encore fut la demande de plus en plus croissante de cartes de visites d’APS à distribuer aux usagers des axes migratoires qui traversent le désert en direction de la frontière libéenne. C’est avec un sentiment d’avoir gagné un pari que la rencontre a pris fin tard dans la nuit.

 

 

Jeudi 12 Avril 2022, retour vers Dirkou

C’est le 12 avril 2022 que la mission a quitté Siguidine en direction de Dirkou en passant par Latai où une rencontre de très courte durée a eu lieu avec le lanceur d’alerte Abba Kéké. Rentrée à Dirkou, la mission a saisi l’occasion pour arranger des visites dans les « maisons closes » qui sont des endroits où des femmes migrantes exercent le travail du sexe. Le but est de sensibiliser cette couche sociale sur les défis liés à la migration dans son ensemble et sur la santé corporelle.

 

 

Mercredi 13 Avril 2022.

 

Visite au sein des maisons closes

Une visite chez des femmes migrant.e.s qui exercent le travail du sexe

sous conditions de rude épreuve pour épargner de l'argent pour continuer leur voyage

La visite en ces lieux est riche en enseignements. Cela a permis de savoir les difficultés auxquelles les migrantes sont confrontées. Il ressort entre autres que la vie de ces femmes et filles est soumise à rude épreuve telle que la discrimination pour plusieurs raisons. C’est une des raisons que la majeure partie des filles (2.000) préfèrent vivre en transit à Djado où elles font des économies leur permettant de continuer leur voyage vers la Libye au bout d’un certain temps. Des organisations humanitaires telles que MSF et la Croix Rouge Nigérienne leur apportaient des appuis en santé. Mais depuis un certain temps seul MSF organise des séances de rencontre avec ce groupe chaque jeudi.

 

Un bureau d'APS à Dirkou

La mission a profité de son séjour pour avancer dans la recherche d’une visibilité du réseau au niveau de Dirkou qui se trouve être un carrefour. C’est ainsi qu’un local proche du marché a été retenu pour servir de bureau de référence APS dont la location et les charges en électricité et eau est prévue prendre effet à partir du 1er mai 2022. Le local devant servir de bureau est bien positionné. Il est déjà matérialisé par une plaque de visibilité d’APS.

 

 

Jeudi 14 Avril 2022, départ vers Agadez

Partie de Dirkou dans l’après-midi sous escorte d’une mission de l’armée, le puits « Espoir » a servi de point d’escale pour toute la nuit. Tout ce qui pouvait servir de support pour la visibilité d’APS a été utilisé en cet endroit pour graver ce message : « en cas de détresse dans le désert, appeler gratuitement APS au numéro +227 89983339 ».

                      Alarme Phone Sahara laisse des messages avec le numéro d'APS...

...au "Puits d'Espoir" dans le désert du Kawar.

 

La mission est rentrée à Agadez le vendredi 15 avril 2022 dans l’après-midi à la grande satisfaction de tous les membres du réseau qui suivent de très près son mouvement en raison des multiples obstacles auxquels pourraient être confrontée la mission pendant son trajet.

 

 

Annexe

Cas des décès renseignés par les lanceurs d’alerte:

  • 19 décès a Latai (longitude 12.86933 et latitude 19.38019) : 8 migrants et 11 migrants nigériens
  • 30 décès au puits Achigour (Longitude 11.72832 latitude 19.02693) à 459 km d’Agadez.
  • 10 décès au puits « Espoir » situé à 355km d’Agadez (longitude 10.8377 latitude 18.61181)
  • 29 décès à 110 km de Dirkou au sud d’Achigour
  • 1 cas de décès à 7 km d’Achigour d'un homme nigérian nomé Okochukwu

 

 

Cas de sauvetage renseignés par les lanceurs d’alerte:

  • 50 personnes secourues par APS toutes du Niger allant de N’guigmi au Djado avec l’appui de MSF en carburant.
  • 30 personne ont été sauvées après l’accident de véhicule au puits « Espoir » et un est transporté au CSI d’Anèye « un petit village » avec l’appui de MSF « kits et carburant ».

 

NB : Médécins Sans Frontières ont soutenu avec 800 litres de carburant lors des patrouilles d’APS.

 


Expulsions de la Libye

  • De 2021 à 2022, la Libye a refoulé 2054 personnes vers le Niger dont 264 mineures et 34 handicapées. Parmi elles figurent 17 Gambien.ne.s, 13 Burkinabè, 05 Malien.ne.s, 4 Sénégalais.es, 6 Ghanéen.ne.s, 1 Guinéen.
  • Un contact avec la police et la gendarmerie permet désormais aux lanceurs d'alerte de Bilma de collecter les chiffres sur les refoulements de la Libye.
  • Les migrant.e.s sont transporté.e.s dans des camions de marque « ACTROS » jusqu’à Agadez par des transporteurs privés.
  • Les transporteurs sont les seuls responsables de ces migrant.e.s pendant le transport jusqu’à Agadez.
  • OIM a un centre de transit à Dirkou (longitude 12.89341 et latitude 18.99383).
  • Les refoulements de la Libye semblent d'être moins violents comme ceux de l’Algérie.
  • Le sauvetage de 25 personnes qu’OIM a mené en avril 2022 a fait l’objet de polémique selon certaines sources.