jeudi, 06 juillet 2023
Stop à la chasse aux migrant.e.s en Tunisie et aux expulsions vers les frontières! Aide et évacuation pour les personnes expulsées vers le no man’s land à la frontière tuniso-libyenne !

Alarme Phone Sahara dénonce fortement les attaques racistes, la chasse aux migrant.e.s et les expulsions massives aux frontières de la Libye et d’Algérie qui se sont intensifiés en Tunisie depuis fin juin 2023.

Dans la ville portuaire de Sfax, la violence raciste contre les migrant.e.s subsaharien.ne.s s'est intensifiée après l'arrestation de plusieurs personnes accusées d'avoir tué un homme tunisien lors d'une altercation. Selon de nombreux rapports, cet acte a été l'occasion pour des groupes de la population et la police de s'en prendre à grande échelle aux personnes Noires. Les personnes concernées racontent qu'elles ont été brutalement battues et attaquées à coups de pierres et que des groupes d'agresseurs ont pénétré violemment jusque dans les logements de migrant.e.s et ont même violé des femmes et des jeunes filles. Plusieurs centaines de personnes ont fui la ville en train en direction de Tunis et des centaines d'autres ont été arrêtées pour être expulsées.  

Cependant, les arrestations massives et les expulsions massives de Sfax, ainsi que de petites localités jusqu'aux environs de Tunis, ont commencé déjà avant la mort violente de l'homme tunisien :

Selon la déclaration d’un député de Sfax, la Tunisie a renvoyé l’Algérie environ 1.200 migrants sans papiers vers les frontières avec la Libye et l’Algérie entre le 28 Juin et le 6 Juillet 2023. Il a expliqué que les migrant.e.s étaient expulsé.e.s par groupes de 200 personnes et que quatre bus partaient chaque jour de Sfax pour les transporter. Il avait aussi espéré “que trois à quatre mille migrants soient expulsés d’ici à la fin de la semaine”.

 

Des centaines de personnes piégé.e.s dans le no man’s land à la frontière tuniso-libyenne

 

Personnes bloquées sur la plage après avoir été expulsées à la frontière tuniso-libyenne

©APNEWS - photo prise par un migrant ivoirien agé 29 ans

Les rapports d'un groupe d'environ 600 personnes qui se sont adressées par téléphone portable aux médias et institutions internationaux pour demander de l'aide après avoir été expulsées vers une plage située dans le no man's land entre les frontières tunisienne et libyenne sont particulièrement alarmants. Ils sont coincés sans accès à l'eau et à la nourriture parce que les forces de sécurité tunisiennes ne les laissent pas partir et que les forces libyennes, de leur côté, ne laissent pas passer les gens. Même des personnes humanitaires extérieurs qui tentent d'apporter de l'eau et de la nourriture n'ont pas été autorisés à passer auprès des personnes. Selon les témoignages des personnes concernées, certaines ont commencé à boire de l'eau de mer par désespoir. Par ailleurs, des témoignages non confirmés à ce jour indiquent que deux personnes soient déjà décédées sur la plage du no man's land.  

 

Groupe de femmes brandissant des bouteilles d'eau vides, no man's land frontière tuniso-libyenne

©Les Observateurs, France 24 - Vidéo transmise par Adama (pseudonyme).

 

La politique raciste en Tunisie et l’externalisation des frontières Européennes

Les chasses aux migrant.e.s et les expulsions massives en Tunisie sont la conséquence directe d'une politique et d'une ambiance racistes, alimentées entre autres par le président tunisien Kais Saied depuis février 2023. Mais ils sont également la conséquence directe de l'externalisation du régime frontalier des Etats de l'UE, qui exigent de l'Etat tunisien qu'il joue le rôle de gardien des portes de l'Europe et empêche à tout prix les migrant.e.s de passage ainsi que les citoyen.ne.s tunisien.ne.s d'entrer en Europe.

Ainsi, les accords entre l'UE et la Tunisie sur le contrôle migratoire contribuent directement à l'escalade du racisme, présent également dans la société tunisienne, et signalent à l'État tunisien qu'il est souhaitable de renvoyer des milliers de personnes vers les frontières et le no man's land.

Enfin, nous tenons à rappeler que la chasse aux migrant.e.s et aux réfugié.e.s, encouragée par le régime frontalier européen, et les expulsions massives de personnes vers les frontières et le désert ne sont pas des problèmes exclusivement tunisiens, mais concernent également, sous des formes spécifiques, le Maroc, l'Algérie et la Libye.

 

Alarme Phone Sahara demande :

  • Arrêt immédiat de la chasse aux migrant.e.s, de la violence raciste et des expulsions massives en Tunisie !
  • Aide et évacuation immédiate pour les personnes expulsées aux frontières tuniso-algérienne et tuniso-libyenne, surtout pour les centaines de personnes piégées dans le no man’s land à la frontière tuniso-libyenne !
  • Diffusez les appels, les rapports et les témoignages des personnes concernées de la chasse aux migrant.e.s et des expulsions massives en Tunisie largement dans le publique internationale !

 

Rapports d'actualité sur les événements en Tunisie :

https://maroc-diplomatique.net/tunisie-la-chasse-aux-migrants-irreguliers-reprend-son-cours/

https://apnews.com/article/migrants-tunisia-africa-europe-7186b742643a77e5b17376c7db7dac60

 

Rapport de la situation alarmante des centaines de personnes piégées dans le no man’s land à la frontière tuniso-libyenne :

https://observers.france24.com/fr/afrique/20230706-tunisie-libye-expulsion-video-sfax

 

Rapports sur les personnes qui fuirent la ville de Sfax suite aux attaques racistes :

 

Vidéo d’arrestation violente de migrant.e.s à Sfax :

https://twitter.com/nissssim/status/1676328508098768897

 

Rapports par refugees in Tunisia sur twitter :

https://twitter.com/refugeestunisia/status/1676563378196692992?s=12&t=7ooqNDUWXAo1yw4XzaJbkQ

https://twitter.com/RefugeesTunisia/status/1676213810640609280?t=RnEDkXhIwRBk_R_AGNelyw&s=09