mardi, 12 septembre 2023
Sur la situation au Niger

Depuis le 26 juillet 2023, un coup d’état militaire au Niger a renversé le régime en place. La CEDEAO, dont la position est également soutenue par des pays occidentaux, a automatiquement réagi en imposant des sanctions économiques de grande ampleur contre le Niger, de sorte que le pays est actuellement privé d'une grande partie des échanges internationaux de marchandises, d'argent et même l'électricité en provenance du Nigeria voisin. En outre, la CEDEAO avec le soutien de la communauté internationale (la France en tête) maintient la menace d'intervenir militairement au Niger pour la restauration du Président déchu.

 

Dans cette incertitude où l’on ne sait ce qui adviendra au Niger dans les semaines, mois ou années à venir. Alarme Phone Sahara vit déjà les répercussions dans son travail au quotidien à Agadez, Assamaka, Bilma, Dirkou, Niamey et ailleurs. Nous suivons de près l’évolution de la situation et sommes inquiet pour les personnes migrantes.

Respectant des valeurs démocratiques et n’encourageant nullement aucune prise de pouvoir par la force, néanmoins nous rejetons la manière dont la communauté internationale gère et répond face à cela.

Nous condamnons fermement les menaces d’interventions militaires dans le pays et toutes les sanctions économiques, financières et même de mobilités qui n’ont de conséquences avérées que sur les populations du Niger et autres ressortissants qui y sont. Les organisations humanitaires nationales et internationales, tout comme des militant.e.s et activistes nigérien.ne.s, font déjà état de répercussions sur les prix des denrées alimentaires et une menace sur la sécurité alimentaire.

Sans être au faveur de prises de pouvoir par la force, nous insistons quand même sur le fait d’écouter les voix du peuple et de prendre au sérieux les demandes des populations, d’analyser leurs exigences de changement fondamental. L’expression du ras-le-bol d’un système de gouvernance, officiellement démocratique mais pratiquement ignorant du pouvoir et de la demande populaire en servant vraisemblablement que les intérêts de l’occident (notamment dans la lutte contre l’immigration et l’insécurité) et favorisant une corruption et une injustice sociale.

Parmi les populations vivantes au Niger, l’une des composantes la plus vulnérable est la population migrante qui se retrouve bloquée dans des conditions de précarité, d’incertitude et réellement préjudiciable en raison des risques de guerre.

Un fait est que le principe de la liberté de circulation est un des piliers des accords de la CEDEAO mais que depuis quelque temps l’organisation n’arrive plus à assumer pleinement son rôle de garante de ce droit pour les ressortissants de son espace.

12 septembre 2023 : Manifestation de migrant.e.s à Agadez devant les locaux de l'OIM,

indigné.e.s par les retardements des retours dans leurs pays d'origine

à cause des sanctions de la CEDEAO imposées au Niger.

 


Réfugié.e.s du Mali, expulsé.e.s d'Algérie et bloqués à Assamaka,

aidés par l'équipe locale d'Alarme Phone Sahara

© Alarme Phone Sahara

D’ailleurs cette situation, l’une des conséquences de l’influence de l’UE et ses pays membres sur la politique de migration des pays du Sud, fait qu’au Niger il se trouve actuellement des milliers de migrant.e.s, réfugié.e.s et demandeurs d’asile qui sont bloqué.e.s dans des conditions déplorables dans les camps de l’OIM, de l’UNHCR et aussi dans les « ghettos » de migrant.e.s ou dans la rue. Cette situation s’aggrave de plus à cause des sanctions et menaces qui entravent les déplacements entre le Niger et ses pays voisins. Il devient par conséquent une responsabilité morale et logique pour la CEDEAO et l’UE de concourir de façon humaine pour trouver des solutions urgentes et à long termes à cette situation.

 

Alarme Phone Sahara, pour un avenir meilleur et plus juste pour les populations du Niger et de l'Afrique de manière générale, demande :

  • D’arrêter de brandir cette menace d’usage de la force contre le Niger qui n’a pour résultat que des conséquences sur la santé mentale des populations et laissant place à des spéculations et aggravations de la tension.
  • Demande à la CEDEAO de s’engager clairement et sans équivoque à préserver la paix en faisant taire le plus tôt possible les sons des armes entre et au sein des pays de son espace.
  • La levée immédiate des sanctions imposées au Niger par la CEDEAO et l’UEMOA qui ont des conséquences directes que sur les populations à travers la hausse des prix et le manque d’approvisionnements alimentaires, énergétique et même pharmaceutiques.
  • A l’UE et ses états membres de revoir et de soutenir des concepts de sécurités qui respectent la souveraineté des peuples africains et qui sont efficients dans la protection des populations au lieu de soutenir les menaces de guerre de la CEDEAO et d'imposer la présence de ses propres bases militaires contre la volonté de la population locale.
  • De créer des corridors humanitaires pour le retour des migrant.e.s qui le souhaitent, d’activer des programmes d’évacuation et de réinstallation pour les personnes bloquées au Niger depuis quelques temps et aussi d’assurer l'assistance humanitaire digne, en nourriture, hébergement et soins pour les migrant.e.s et les réfugié.e.s qui sont dans le besoin.
  • A toutes les organisations et personnes de bonne volonté, éprises de justice sociale de s’enquérir de la situation actuelle du Niger pour apporter sa contribution afin de trouver une issue saine et juste pour les populations.

 

Fait, le 12 Septembre 2023

https://alarmephonesahara.info/fr/