mercredi, 15 mai 2019
Témoignage de migrant-e-s refoulé-e-s de l'Algérie à Assamakka/Niger le 1ier Mai 2019

Selon ce témoignage de rescapés, un nombre de 600 personnes de multiples nationalités, parmi eux des femmes et des enfants, ont été délaissé-e-s à la frontière Algérie-Niger. Les témoins rapportent que la police algérienne les a abandonné en désert subissant de la violence et des menaces, sans eau à boire ni nourriture et ne sachant quelle direction emprunter pour arriver dans la localité d'Assamakka au Niger. Ils ont bravé tous les risques pour traverser les dunes de sable. Certains sont arrivés assoiffés et exténués. Selon le lanceur d'Alerte d'Assamakka, les personnes refoulé-e-s pouvaient à peine laisser entendre quelques mots. Des personnes qui s'étaient perdues en désert ont été secourus grâce à une équipe de recherche déployée par les forces de défense et de sécurité du Niger et des organisations internationales sur le terrain.

Les différentes estimations concernant la distance marchée à pied après d'être abandonné-e-s en désert peuvent diverger beaucoup de la distance réelle, mais  réflètent quand même la grande difficulté de s'orienter en terrain de désert. 

 
Témoin 1 (en tricot blanc): Dans notre imagination, ce que nous avons traversé, ca dépasse plus de 95 kilomètres. Ce que nous avons traversé, de 20 heures jusqu'à 9 heures le matin, nous sommes là à marcher. On n'a même pas rencontré un bus ou quoi même. On n'a pas d'eau,ni rien, on nous a rien donné sur la route franchement.
 
Témoin 2 (en chemise à carreaux verts): Les gens sont tombé-e-s évanoui-e-s. Il y avait des femmes, il y avait des enfants. C'était très grave. On nous a abandonné dans le désert.
Dès que nous sommes à Assamakka, on nous a acueilli bien. Le Niger est en position de nous. C'est grace au Niger que nous sommes encore en bonne santé. Dès que nous sommes arrivé-e-s, (...) on nous a donné du Paracètamole, on nous a donné à boir et à manger, on nous a très bien accueilli.
Nous sommes maximum 600 personnes, 600 migrants. Donc, nous sommes tellement nombreux avec trop de souffrance. On nous maltraite comme des esclaves. On nous met dans les bus, on nous lance, on nous tappe comme des animeaux. (...).
 
Témoin 3 (en boubou blanc et képi rouge): Et arrivé à la frontière en bus, on ne nous montre pas la direction, on nous lance des cailloux, après on commence à tirer en haut, on nous chasse comme des annimeaux. "Allez au Niger, allez!" On ne nous montre pas la direction.
 
Témoin 1: Nos besoins, parce que on est quitté au pays pour aider nos familles, pour aider nos frères, nous soeurs. Ils sont au pays. Tout le monde sait bien maintenant: Si ca allait bien au pays, on n'allait pas sortir. Mais aujourd'hui là, ca ne va pas au pays. Si vous pouvez nous aider comment? Avoir des bons lieux, même pas l'Europe, il y a des autres pays, (...) si vous pouvez nous aider à rentrer dans un coin libre et où se trouve le travail très bien, pour aider aussi à nos frères qui sont encore petits, et à nos soeurs (...), et nos parents qui sont pauvres.
 
Témoin 2: En fait, il faut entendre, APS. Nous avons besoin que APS va suivre sincèrement les migrant-e-s, parce que les migran-t-e-s sont torturé-e-s de côté des Algériens. Les enfants, on nous jette comme des animeaux. Donc, APS va secouer sur l'Algérie une réaction formelle, parce que nous avons tellement souffert et c'était vraiement pitoyable. Donc, du côté des Algériens là, ca ne va pas, parce que on nous traite comme des esclaves, ils disent que nous ne sommes pas des êtres humains. APS, vraiment, nous comptons sur vous. Du côté des Algériens, tout-e-s les migrant-e-s doivent être accompagné-e-s, doivent être bien traité-e-s.
 
Témoin 1: Les Algériens, ce qu'ils nous font, quand on travaille, quand on t'attrappe au travail, on retire ton argent, ton téléphone, (...) tous tes biens qui se trouvent sur toi là.
 
Témoin 2: Argent, téléphone. Les algériens prennent tout. Tout ce qui est important, tout, tout.
 
Témoin 1: Meme en vous jettant en désert, ils ne vous donnent rien. Même l'êau à boire! 85 kilomètres.
 
Témoin 3: Ils nous ont embrouillé, parce qu'ils nous ont chassé comme des bétailles.
 
Témoin 2: Ils ont commencé à tirer des armes, ils ont commencé à tirer.
 
Témoin 2: On avait au maximum 120 kilomètres, parce que c'était tellement loin. Donc, vraiement, on a besoin d'aide.
 
Témoin 3: On souhaite mieux aider nos frère qui sont encore en Algérie. Parce que de cette facon, nous sommes sur il y a ceux qui vont perdre leur vie. Parce que il n'y a pas de direction, il n'y a même pas quelque chose qu'ils mangent.
 
Témoin 2: Il n'y a même pas d'eau à boir. (...) De 22 heures jusqu'à 6 heures, on a dormi en désert.
 
Lanceur d'alerte d'APS: Donc, je vous comprend, vous voulez que là où on vous dépose, il y a un moyen de déplacement pour vous enmener directement à Assamakka?
 
Témoin 2: APS doit vraiement faire une revendication pour parler aux Algériens, parce que les Algériens nous traitent comme des esclaves!
 
Témoin 3: On nous met dans des camions! On nous tabasse pour rien! On nous met dans des camions fermés. On n'arrive pas à respirer. D'étouffer, c'est bien possible. Un camion qu'on superpose au soleil, après on met des personnes à l'intérieur. Après ils sont étouffé-e-s, parce que c'est un voyage en plein désert. Ils ne nous donnent pas de l'eau. Il y a des cisternes (...). En Algérie, dernièrement avec le choléra, ils nous donnent de l'eau sale. Il y a des cisternes pour le travail sur les chantiers en route. C'est ca qui nous a pu aider, parce qu'ils ne nous ont pas donné de l'eau. Et arrivé-e-s à la limite, ils ne nous ont même pas donné une bouteille d'eau. Il y avait des femmes enceintes. Il y avait des petits enfants.
 
Témoins 1: Des enfants de 8 mois, des enfants d'un an. Il y avait ceci parmi nous. Il y avait beaucoup d'enfants parmi nous.