jeudi, 11 mars 2021
De nouveau des convois d'expulsion d'Algérie en désert à la frontière du Niger!

Des convois d'expulsions officiels et non-officiels de l'Algérie vers la frontière du Niger se poursuivent en mars 2021. Selon les Lanceurs d'Alerte d'Alarme Phone Sahara, au moins 1054 personnes sont arrivées seulement en mars au poste de frontière d'Assamaka après avoir été explusées.

 

Convoi d'expulsion officiel le 5 mars 2021.

Selon les Lanceurs d'Alerte d'Alarme Phone Sahara, 237 personnes, dont 8 femmes et une fille mineure, qui avaient été expulsées dans un convoi non-officiel, sont arrivées à pied à Assamaka à la frontière algéro-nigérienne le 5 mars 2021 après avoir été déposées par les forces de sécurité algériennes dans la zone frontalière.

Comme dans d'autres convois non-officiels, les victimes de ces expulsions extra-légales sont des ressortissant-e-s de nombreux pays d'Afrique subsaharienne : Les groupes les plus nombreux sont 63 personnes de Guinée Conakry et 52 du Mali. En plus 21 personnes de Côte d'Ivoire, 22 du Nigéria, 20 de Sierra Léone, 11 du Niger, 12 du Soudan, 10 du Cameroun, 4 de la Gambie, 6 du Sénégal, 2 du Tchad, une personne du Bénin et une du Libéria.

Habituellement, les personnes expulsées dans des convois non-officiels sont déposées dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert, et obligées de marcher 15 à 20 kilomètres jusqu'au poste de frontière d'Assamaka. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent en danger la vie des personnes expulsées, en risquant qu'elles se perdent dans le désert. Déjà en 2018, l'État du Niger avait demandé de l'Algérie de mettre fin à ces expulsions de ressortissant-e-s non-nigérien-ne-s, mais en vain, de facon que les expulsions en convois non-officiels se poursuivent à grande échelle.

La plupart des personnes expulsées d'Algérie vers le Niger se retrouvent dans les camps de l'OIM à Agadez, où beaucoup restent bloquées s'il n'y a ni la possibilité de retourner dans leurs régions ou pays d'origine, ni la possibilité de poursuivre leur voyage de migration.


Grand convoi officiel d'expulsion le 11 mars 2021

Le 11 mars 2021, 817 personnes, dont 11 femmes et 16 filles et garçons mineurs, sont arrivées à Assamaka avec un convoi officiel d'expulsion. 755 d'entre eux étaient des citoyen-ne-s du Niger, tandis que 31 personnes viennent du Burkina Faso, 12 du Mali, 10 de la Côte d'Ivoire, quatre de la Guinée Conakry, quatre du Nigeria et une personne de la Guinée Équatoriale.

 

Image d'un convoi de déportation de l'Algérie vers Assamaka, Niger, le 30 septembre 2020. © 2020 OIM Niger

 

L'état Algérien et sa politique de chasse aux migrant-e-s

Depuis des annés, il y avait plusieurs phases d'expulsions massives d'Algérie vers le Niger et le Mali. Les vagues de raffles, d'arrestations et d'expulsions depuis Septembre 2020 sont un résultat direct de la "réforme migratoire" et de la création d'une commission interministérielle pour lutter contre la "migration irrégulière", annoncée par le ministre algérien de l'intérieur Kamel Beldjoud lors d'une session plénière du parlement le 30 septembre.

Les "mesures complémentaires" annoncées par le ministre comptent des barrages mixtes entre la police et la gendarmerie sur les routes frontalières, la démolition des "habitations anarchiques" abritant des migrant-e-s, comme des hangars ou des chantiers de construction, le démantèlement des réseaux d'accueil de migrant-e-s ainsi que la confiscation automatique de moyens de transport. 

D'un part, cette sorte de déclaration de guerre contre les migrant-e-s en Algérie suit l'intérêt des autorités algériennes de réduire le nombre de migrant-e-s et de satisfaire le racisme au sein de la société autochtone. D'autre part, c'est une chance pour eux de se positionner comme des gardien pour le régime frontalier des états de l’Union Européenne. Bien que l'état algérien a refusé jusqu'à maintenant de signer un accord officiel sur les migrations avec les pays de l'UE, sa politique d'expulsion impitoyable le servira comme atout dans les prochaines négociations avec les états européens sur les crédits et les coopérations économiques face à la profonde crise économique.

En plus, la collaboration existe déjà sous forme de livraisons de grandes quantités de marchandises militaires et sécuritaires pour l'armée, la police et la gendarmerie algérienne, comme des technologies de surveillance ou des véhicules de Mercedes-Benz.

 

En face de ce drame continué:

  • Alarme Phone Sahara demande l'arrête immédiat des opérations d'expulsion et de refoulement d'Algérie vers le Niger - non à la guerre aux réfugié-e-s et migrant-e-s!
  • Alarme Phone Sahara demande l'arrêt des actes de vol et violence par les forces de sécurité de l'Algérie contre les migrant-e-s et réfugié-e-s!
  • Alarme Phone Sahara demande l'annulation de l'accord d'expulsion entre l'Algérie et le Niger!
  • Alarme Phone Sahara demande l'arrêt des livraisons de marchandises militaires et sécuritaires à l'état algérien!
  • Alarme Phone Sahara demande l'arrêt de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain!
  • Alarme Phone Sahara appelle aux sociétés civiles des pays impliqués et concernés à résister contre les expulsions et refoulements et à défendre la vie, les droits et la liberté de circulation des migrant-e-s et réfugié-e-s!
  • Alarme Phone Sahara appelle aussi aux autorités et parlements des pays concernés, entre autres le Mali et la Guinée, de soutenir leurs concitoyen-ne-s et se prononcer contre les expulsions massives de l’Algérie au Niger.