Alarme Phone Sahara informe le public qu’un de nos représentants du Niger, qui est invité pour une table ronde au Parlement Européen et d’autres activités en Belgique et en Allemagne, a été empêché arbitrairement de s’embarquer dans son vol de l’aéroport Tunis Carthage à Frankfort, Allemagne, par le personnel de Tunis Air le 23 Juin 2023.
Suite à une invitation de la part de député.e.s au Parlement Européen, notre représentant dispose d'un visa Schengen en cours de validité qui l'autorise à entrer et à circuler librement dans tous les pays de l'espace Schengen. Pourtant, lors de son changement d'avion à l'aéroport de Tunis, le personnel de Tunis Air lui a refusé la poursuite de son voyage vers Francfort, au motif absurde et juridiquement faux qu'il devait d'abord entrer en France, car son visa avait été délivré par l'ambassade de France. Cette situation a contraint notre représentant à acheter un nouveau billet d'avion non prévu pour Paris et à faire un grand détour et un retard massif pour se rendre à ses activités prévues.
Enfin arrivé à Paris, notre représentant a de nouveau été forcé d‘attendre pendant deux heures par la police frontalière française, soi-disant pour vérifier la validité de son visa et de ses documents, ce qui a de nouveau retardé son départ pour l'Allemagne.
Notre représentant d’Alarme Phone Sahara est invité par des député.e.s du Parlement Européen pour participer dans une table ronde au Parlement Européen à Bruxelles le 29 Juin 2023 et aussi dans d’autres rencontres avec l’HCR et des différents représentent.e.s d’église, d’ONGs et de groupes auto-organisés de réfugié.e.s et migrant.e.s.
Les activités et rencontres à Bruxelles sont planifiés dans le contexte d’une semaine d’actions contre l’externalisation des frontières européennes et pour la défense de la vie, des droits humains et de la liberté de circulation des personnes sur les routes migratoires, notamment en Libye, au Niger, en Tunisie et dans l’espace sahélo-saharien. Alarme Phone Sahara y participe en coopération avec l’autoorganisation „Refugees in Libya“ et le group de soutien „Solidarity with Refugees in Libya. La présence de notre représentant à Bruxelles est essentielle pour présenter les expériences du travail quotidien d’Alarme Phone Sahara pour le soutien de migrant.e.s bloqué.e.s au Niger dans des conditions précaires et pour le sauvetage de la vie de personnes en détresse sur les trajets migratoires en désert. Dans ce contexte, notre représentant va aussi présenter des témoignages de personnes expulsées d’Algérie au Niger dans des conditions de violence systématique et abandonnées dans une crise humanitaire à Assamaka, un village en désert à la frontière nigéro-algérienne. Notre représentant va parler sur les conséquences de l’externalisation des frontières européennes qui sont très visibles au Niger, un pays qui, depuis 2015, est fortement ciblé par ces politiques de l’Union Européenne.
Apart le programme à Bruxelles, notre représentant va visiter plusieurs villes en Allemagne en fonction d’intervenant d’un tour d’information d’Alarme Phone Sahara.
Nous regrettons de devoir constater que notre représentant, qui se bat pour les droits humains et la liberté de circulation en Afrique et entre l'Afrique et l'Europe, ait été empêché de poursuivre son programme comme prévu – en fait par les mêmes pratiques de restriction de mouvement contre les citoyen.ne.s des pays africains que Alarme Phone Sahara critique au quotidien.
Il nous semble également important de souligner qu'au Niger, notre représentant n'a pas eu d'autre choix que de demander son visa Schengen à l'ambassade de France, alors que toutes ses activités prévues se déroulent en Belgique et en Allemagne et qu'il a été invité par des organisations allemandes. En effet, ni l'Allemagne ni la Belgique ne disposent de leurs propres services consulaires de visas au Niger, de sorte que les demandes de visas pour les voyages prévus dans ce pays doivent être traitées en même temps par l'ambassade de France. Il serait donc absurde et disproportionné d'exiger des voyageurs qu'ils passent obligatoirement par la France pour se rendre en Europe, alors que ce n'est pas du tout la destination de leur voyage.
Nous considérons que l'action illégale dont notre représentant a été victime de la part du personnel de Tunis Air est également l'expression d'une politique par laquelle l'État tunisien se positionne en tant que gardien de la porte de l'Europe et qui a conduit, précisément ces dernières semaines et ces derniers mois, à une augmentation sévère des violations de droits par l'état, ainsi que des actes de violence raciste et des campagnes de haine contre les ressortissant.e.s des États subsahariens en Tunisie.
Nous considérons également l'attente forcée de deux heures de notre représentant de la part de la police des frontières française à Paris, malgré des documents irréprochables, comme un exemple typique de harcèlement policier, tel qu'il est souvent pratiqué aux frontières et dans les aéroports européens, en particulier à l'encontre des voyageurs en provenance d'Afrique. Nous considérons également ce type de comportement comme l'expression quotidienne d'une logique du régime des frontières, qui place les personnes africaines sous le soupçon généralisé d'une "entrée illégale".
Les défenseurs et défenseues des droits humains des pays africains, comme tou.te.s les autres citoyen.ne.s des pays africains, doivent pouvoir voyager et se déplacer librement dans des conditions dignes, sans être entravés par des actes arbitraires de l'exécutif étatique.
Alarme Phone Sahara, 24 juin 2022