lundi, 27 juin 2022
Expulsions massives d'Algérie au Niger Avril à Juin 2022

Au moins 6583 personnes expulsé.e.s dans 3 mois. Rapport d’un homme guinéen tué en expulsion.

Des gens expulsé.e.s d'Algeria à Assamaka, Décembre 2021

©Alarme Phone Sahara

Pendant les mois d’Avril, Mai et Juin 2022, au moins 6583 personnes ont été expulsé.e.s d'Algérie au Niger selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara à Assamaka, frontière algéro-nigérienne. Le nombre de personnes expulsé.e.s pendant les premiers 6 mois de 2022 monte alors à au moins 11652.

 

Depuis Mars 2022, les équipes d'Alarme Phone Sahara rapportent d'une situation de plus en plus précaire à Assamaka et dans les villes du nord du Niger pour des milliers de personnes expulsées.

 

Rapport d’un migrant guinéen tué par les forces algériennes en expulsion

Selons un rapport sur le site „Aventuriers Migrants Page“ du 18 Juillet 2022, un migrant guinéen dénommé Hamed a succombé aux blessures et fractures dû à la violence pendant l‘expulsion et du mauvais traitement des migrant.e.s dans le désert par la police algérienne.

Enterrement de Hamed, tué par des forces de sécurité Algériennes selon

©Aventuriers Migrants Page

Ce cas scandaleux et déplorable reste à confirmer et clarifier.

 

 

Déposé.e.s en désert. Les convois d'expulsion non-officiels du 3 Avril, 16 Mai, 24 Mai, 17 Juin et 22 Juin 2022

Arrivée d'expulsé.e.s à Assamaka à pied, 8 Mars 2022

©Alarme Phone Sahara

Les personnes expulsées dans les convois "non-officiels", majoritairement pas des Nigérien.ne.s, mais des ressortissant d'autres pays, sont toujours laissées au "Point Zéro" dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert. Les expulsé.e.s doivent marcher entre 15 et 20 kilomètres dans le désert afin d'atteindre Assamaka, la première ville nigérienne après la frontière algérienne. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des expulsé.e.s en danger.

 

Les lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara à Assamaka, frontière algéro-nigérienne, rapportent:

3 Avril 2022: 301 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel, parmi eux 7 femmes, 2 garcons mineurs et 292 hommes, sont arrivées à Assamaka à pied, après que les forces algériennes les avaient déposé.e.s au Point Zéro à 15km d'Assamaka. Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient 95 Guinéen.ne.s et 73 Malien.ne.s. Apart eux il y avaient 25 ressortissant.e.s du Tchad, 18 du Soudan, 21 du Burkina Faso, 19 de la Côte d'Ivoire, 16 du Sénégal, 2 du Caméroun, 6 du Bénin, 16 du Nigeria, 5 du Niger même, 3 du Togo, une personne du Liberia et une du Ghana.

 

16 Mai 2022, vers 08:30 le matin: Arrivée à pied de 950 personnes expulsé.e.s à Assamaka, dont 15 femmes, 2 filles mineures, 926 hommes et 7 garcons mineurs. Encore une fois, les plus grands groupes étaient 318 ressortissant.e.s du Mali et 301 de la Guinée Conakry. En plus 5 du Niger, 21 du Bénin, 33 du Burkina Faso, 27 du Caméroun, 3 de la Guniée-Bissau, 51 de la Gambie, 85 de la Côte d’Ivoire, 9 du Libéria, 8 du Nigéria, 28 de la Sierra Léone, 24 du Sénégal, 33 du Soudan, 3 du Ghana et une personne du Togo.

 

24 Mai 2022: Arrivée à pied de 641 personnes expulsé.e.s à Assamaka, dont 4 femmes, 1 garcon mineur et 636 hommes. Les plus grands groupes 264 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry et 185 du Mali. En plus 96 du Tchad, 79 du Soudan, 34 de la Côte d’Ivoire, 17 du Burkina Faso, 3 de la Sierra Léone, 2 du Libéria,13 du Bénin, 27 du Nigéria, 6 du Sénégal, 2 de la Gambie,

 

17 Juin 2022: Arrivée à pied de 46 personnes expulsé.e.s à Assamaka, dont 15 ressortissant.e.s du Mali, 10 du Nigéria, 2 du Burkina Faso, 6 du Caméroun, 5 de Guinée Conakry, 6 du Soudan, une personne du Sénégal et une du Togo.

 

22 Juin 2022: Arrivée à pied de 736 personnes expulsé.e.s à Assamaka, dont 6 femmes, 4 garcons mineurs, une fille mineure et 725 hommes. Les plus grands groupes 201 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry et 244 du Mali. En plus 23 du Bénin, 25 du Burkina Faso, 17 du Caméroun, 37 de la Gambie, une personne du Ghana, 32 de la Côte d’Ivoire, 8 du Libéria, 30 du Nigéria, une personne du Niger, 33 du Sénégal, 15 de la Sierra Léone, 61 du Soudan, 7 du Tchad, et une personne du Togo.

 

 
 
La galère des migrant.e.s expulsé.e.s dans les convois d'Algérie à la frontière du Niger

Des gens chargé.e.s dans des camions pour l'expulsion d'Algérie à Assamaka, Niger,

30th of September 2020. © 2020 IOM Niger

Selon les descriptions de personnes expulsées et de chauffeurs, le transport dans les convois d'expulsion non-officiel se passe dans des conditions très dures et violentes:

Transport des centres de détention dans les villes au nord d'Algérie, comme Oran ou Algers, jusqu'à Tamarasset au Sud dans des bus escortés par la police nationale.

Selon de nombreux témoignages de personnes expulsées, il est courant que les téléphones portables, l'argent liquide et tous les effets personnels leur soient retirés avant le transport.

De Tamanrasset à Point Zéro à la frontière du Niger, les gens sont chargé.e.s dans des camions où ils doivent rester à l'arrière du camion pendant des heures, serré.e.s les un.e.s contre les autres, sans possibilité de s'asseoir proprement, avec très peu de pauses, avec des réserves d'eau et de nourriture insuffisantes et sans possibilité d'aller aux toilettes. Des actes de violence par les forces de sécurité sont fréquents dans les centres de détention et aussi pendant le transport.

 

 

Convois d'expulsion officiels du 5 et 18 Avril, 26 Mai, 5 Juin, 17 Juin, 24 Juin et 27 Juin 2022

Des citoyen.ne.s nigérien.ne.s expulsé.e.s arrivent à Agadez, 10 Mars 2022

©Alarme Phone Sahara

Les convois d’expulsions officiels se passent à la base d’un accord d’expulsions entre l’Algérie et le Niger signé en 2014. Les personnes expulsées dans ces convois sont généralement des citoyen.ne.s du Niger. Contrairement aux convois non officiels, ces personnes sont amenées directement jusqu'à la ville d'Agadez.

 

5 Avril 2022: Arrivée d‘un grand convoi d'expulsion officiel avec 1120 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 17 femmes, 19 filles mineures, 21 garcons mineurs et 1063 hommes,  .

 

18 Avril 2022: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel transportant 310 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 11 femmes, 17 filles mineures, 23 garcons mineurs et 259 hommes, est arrivé à Assamaka le 18 Avril 2022.

 

26 Mai 2022: Arrivée d‘un convoi officiel transportant 781 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 81 filles mineures, 452 hommes, 71 femmes et 177 garcons mineurs.

 

05 Juin 2022: Arrivée d‘un convoi officiel transportant 773 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 542 hommes. 49 femmes. 89 garcons mineurs. et 93 Filles mineures.

 

17 Juin 2022: Arrivée d‘un convoi officiel transportant 191 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 16 filles mineures, 144 hommes, 16 femmes et 15 garcons mineurs.

 

24 Juin 2022: Arrivée d‘un convoi officiel transportant 699 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 51 femmes, 519 hommes, 59 garcons mineurs et 70 filles mineures.

 

27 Juin 2022 à 11:43 le matin: Arrivée d‘un convoi officiel transportant 35 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 3 filles mineures, un garcon mineur, deux femmes et 29 hommes.

 

 

Mépris systématique des droits d’enfants et mineur.e.s

Les chiffres montrent, entre autres, qu'il y avait au moins 1386 filles et garcons mineur.e.s expulsé.e.s d’Algérie au Niger pendant les premiers 6 mois de l‘année 2022; la grande majorité des ces jeunes sont des citoyen.ne.s nigérien.ne.s expulsé.e.s dans les convois officiels. Cette chiffre élevée est de nouveau inquiétante, étant donné que des cas de maltraitance et de séparation d'enfants de leurs parents sont régulièrement signalés dans les convois d'expulsion d'Algérie vers le Niger. Dans les pratiques d’expulsions de l’état algérien, le mépris des droits d’enfants et de la vulnérabilité particulière des enfants et mineur.e.s sont systématiques.

 

 

Nigérien.ne.s expulsé.e.s: Arrivée à main vide, abandonné.e.s par l'état

Des citoyen.ne.s nigérien.ne.s expulsé.e.s arrivent à Agadez, 10 Mars 2022

©Alarme Phone Sahara

Un autre grave problème est que depuis 2020, l'état du Niger ne soutient plus ses propres citoyen.ne.s expulsé.e.s d'Algérie pour retourner dans leurs communautés d'origine respectives. Il faut le souligner: Les personnes expulsées d'Algérie vers le Niger arrivent généralement les mains vides, comme l'argent et les objets de valeur leur ont généralement déjà été arrachés par les forces de sécurité algériennes. Dans une situation tellement précaire, il est très difficile pour les nigérien.ne.s expulsé.e.s de financer le voyage d'Agadez, où les convois officiels d'expulsion se terminent généralement, vers leurs villes et villages d'origine respectifs.

Cette situation pitoyable évoque encore une fois la question comment les fonds que l'état nigérien recoit à travers les accords de contrôle migratoire avec l'Union Européenne sont réellement utilisés.

Alarme Phone Sahara critique fortement le fait que l'Etat du Niger ait retiré ce soutien de base à ses citoyen.ne.s qui ont déjà souffert de l'expérience néfaste et traumatisante de l'expulsion. Au lieu de cela, l'état du Niger devrait prendre position contre la politique de persécution et d'expulsion massive de l'état algérien et annuler l'accord d'expulsion de 2014.

 

 

Bloqué.e.s au Niger au moment de misère aggravée

Selon les rapports des lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, les conditions pour les personnes expulsé.e.s et la population migrante se sont dégradées dans toutes les différentes villes au nord du Niger face à une situation générale de misère aggravée et d’une famine imminente déclenchée entre autres par des pénuries et un renchérissement massif des denrées alimentaires sur le marché mondial. Dans cette situation de survie précaire, des milliers de personnes restent bloquées au Niger à mains vides qui ne disposent ni des moyens pour continuer leur projet de migration, ni pour retourner vers leurs pays d’origine.

 

 

Face à cette situation, Alarme Phone Sahara demande:

  • Les expulsions d'Algérie, de la Libye et d'autres pays doivent être arrêtées.
  • L'accord d'expulsions entre l'Algérie et le Niger, et tous les accords d'expulsions, doivent être annulés.
  • L'OIM doit utiliser ses ressources pour soutenir les personnes expulsées qui le souhaitent vraiement de rentrer vers leurs pays d'origine.
  • Le soutien aux migrant.e.s en situation de détresse doit être garanti de manière inconditionnelle et ne doit pas dépendre de la volonté de soi-disant "retour volontaire".
  • L'OIM doit veiller à ce que les personnes accueillies dans ses centres bénéficient de conditions de vie décentes, notamment en ce qui concerne l'approvisionnement en nourriture, les soins médicaux, l'hygiène et l'hébergement.
  • L'état du Niger doit continuer à soutenir ses citoyen.ne.s qui sont expulsé.e.s d'Algérie et d'autres pays à retourner dans leurs régions et communautés d'origine au lieu de les abandonner dans des conditions de détresse.
  • Les pays de la sous-région doivent soutenir leurs citoyen.ne.s qui le souhaitent d'y retourner sans complication.
  • Stop aux politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain!
  • Non au nouveau „accord de travail“ entre FRONTEX et EUCAP Sahel Niger qui vise à intensifier la criminalisation et la persécution de la migration sous prétexte de „lutte contre le trafic de migrant.e.s“.