Malgré des différentes critiques de la part de différentes organisations de défense des droits humains, les expulsions massives et brutales d'Algérie vers le Niger ont continué régulièrement en Avril, Mai, Juin et Juillet 2021, après la grande vague d'expulsions en Mars où au moins 6249 personnes étaient expulsées seulement dans un mois.
Au moins 7332 personnes ont été expulsées par 12 convois d'expulsion les 12, 26 et 27 Avril, le 8, 10, 26 et 28 Mai, le 20 et 21 Juin et le 1ier, le 2 et le 3 Juillet 2021.
Avec cela, le nombre total de personnes expulsées de l'Algérie vers le Niger par la force et contre leur volonté depuis début 2021 s'élève à un total d'au moins 13581 personnes.
Expulsion de femmes migrantes d'Algérie Forces algériennes arrêtant un homme pour l'expulser
(photo fin 2019/ début 2020) ©Louiza Ammi/Liberté (photo d'une des précédentes opérations d'expulsion)
Voilà les chiffres des personnes expulsées arrivées au poste de frontière d'Assamaka selon les informations des Lanceurs d'Alerte d'Alarme Phone Sahara:
12 Avril 2021: 1329 ressortissant.e.s du Niger, y compris 300 filles et garcons mineur.e.s, dans un convoi d'expulsions officiel.
26 Avril 2021: 76 ressortissant.e.s de différents pays de l'Afrique subsaharienne, y compris 12 mineur.e.s, arrivé.e.s avec un convoi d'expulsions non-officiel.
27 Avril 2021: 398 personnes, dont 380 ressortissant.e.s du Niger, y compris 9 filles et garcons mineur.e.s, dans un autre convoi d'expulsions officiel.
08 Mai 2021: 455 personnes, parmi eux 3 filles et garcons mineurs, dans un convoi d'expulsion non-officiel. Appart deux citoyen.ne.s de la Syrie, la grande majorité étaient des ressortissant.e.s de différents pays de l'Afrique subsaharienne. Les plus grands groupes étaient 142 citoyen.ne.s de la Guinée Conakry et 152 du Mali.
10 Mai 2021: 1238 personnes, dont 1218 ressortissant.e.s du Niger, y compris 237 filles et garcons mineur.e.s, dans un grand convoi d'expulsions officiel.
26 Mai 2021: 517 ressortissant.e.s de différents pays de l'Afrique subsaharienne arrivé.e.s à pied après d'être expulsé.e.s dans un non-officiel. Les plus grands groupes étaient 189 citoyen.ne.s de la Guinée Conakry et 135 du Mali.
28 Mai 2021: 1060 ressortissant.e.s du Niger, y compris 212 filles et garcons mineur.e.s, dans un autre grand convoi d'expulsions officiel.
20 Juin 2021: 251 ressortissant.e.s de différents pays de l'Afrique subsaharienne arrivé.e.s avec un convoi d'expulsions non-officiel.
21 Juin 2021: 310 ressortissant.e.s du Niger, y compris 84 filles et garcons mineur.e.s, dans un autre convoi d'expulsions officiel.
1ier et 2 Juillet 2021: 683 ressortissant.e.s de différents pays de l'Afrique subsaharienne, parmi eux une fille mineure, arrivé.e.s avec deux convois d'expulsions non-officiel. De nouveau, les plus grands groupes étaient 263 citoyen.ne.s de la Guinée Conakry et 205 du Mali.
3 Juillet 2021: 1015 personnes, dont 991 ressortissant.e.s du Niger, y compris 206 filles et garcons mineur.e.s, dans un autre grand convoi d'expulsions officiel.
Le plus grand group parmi les personnes expulsées restent les citoyen.ne.s du Niger qui sont expulsé.e.s d'habitude dans les convois officiels. Appart eux, les plus grands groupes d'expulsé.e.s sont, comme avant, les citoyen.ne.s du Mali et de la Guinée Conakry, mais il y avait aussi des citoyen.ne.s de nombreux autres pays presque tous en Afrique subsaharienne: le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Congo Kinshasa, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, le Liberia, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone, le Soudan, la Syrie, le Tchad, le Togo et la Mauritanie.
Expulsions d'Algérie au Niger: Persécution, violence et danger de mort en désert
Depuis plusieurs annés, il y a régulièrement des vagues d'expulsions massives d'Algérie vers le Niger à la base d'un accord bilatéral signé en 2014. D'un part, les victimes de cet accord sont des citoyen.ne.s du Niger dont beaucoup vivent en Algérie dans un contexte de migration souvent saisonnière. Appart eux, des ressortissant.e.s de nombreux autres pays subsahariens sont régulièrement expulsé.e.s surtout avec les "convois non-officiels". Cette pratique n'est même pas prévu dans l'accord entre l'Algérie et le Niger, mais l'état du Niger n'est pas en mesure de la stopper ou manque simplement la volonté de faire face à l'Algérie.
Régulièrement, les personnes transportées dans les convois d'expulsion "non officiels" sont laissées dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, au milieu du désert. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des personnes expulsées en danger: Les personnes expulsées doivent parcourir entre 15 et 20 kilomètres à pied dans le désert pour espérer arriver à Assamaka, premier village nigérien, situé après la frontière algérienne. Affamé.e.s, déshydraté.e.s, et on craint que nombreux.se sont ceux et celles qui n’y a arrivent pas, si des gens se sont perdu.e.s en désert.
Pour les expulser, les migrant.e.s sont interpellé.e.s partout dans le pays, dans la rue, sur leur lieu de travail, dans leurs habitations, dans les magasins… Ils et elles sont mis.e.s pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, en cellule, où certains affirment avoir été battu.e et dépouillé.e de leurs effets personnels. Ensuite, les exilé.e.s sont regroupé.e.s dans des bus et renvoyé.e.s dans le désert, à la frontière entre l’Algérie et le Niger. Les images de cet énième scandale dans le traitement inhumain des migrant.e.s subsaharien.ne.s par l’Algérie sont insoutenables.
Ces vagues de rafles, d'arrestations et d'expulsions depuis Septembre 2020 sont un résultat direct de la "réforme migratoire" et de la création d'une commission interministérielle pour lutter contre la "migration irrégulière", annoncée par le ministre algérien de l'intérieur Kamel Beldjoud lors d'une session plénière du parlement le 30 septembre 2020. La conséquence d’une telle décision politique justifient des conditions d’arrestation, de détention, et d’expulsion de la part du gouvernement algérien contraires au principe fondamental de non-refoulement et sont des pratiques contraires au droit international des droits humains et au droit international des réfugié.e.s.
Violations systématiques des droits de l'enfant
Un autre aspect alarmant est le grand nombre d'au moins 1063 mineur.e.s, y compris des enfants non-accompagnés, expulsé.e.s d'Algérie au Niger entre le 12 Avril et le 3 Juillet 2021. Dans le convoi d'expulsion officiel du 10 Mai 2021, les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara on compté 61 enfants non-accompagnés, la plupart entre eux des enfants de la région de Zinder à lâge entre 10 et 11 ans, dont plusieurs montraient des traces de maltraitement. Une fois de plus, les pratiques de séparer des enfants mineurs de leurs familles et de leurs proches et de les expulser dans des conditions violentes et abusives montrent le mépris des droits de l'enfant par les forces de sécurité algériennes. Selon Human Rights Watch, des enfants migrant-e-s en Algérie avaient déjà été séparés de leur famille et expulsé-e-s seuls lors de précédentes opérations d'expulsion en octobre 2020.
Accidents de bus en Mars 2021: Cas de personnes décédées et gravement blessées non clarifié jusqu'au présent
Nous rappelons encore une fois que selon des sources algériennes, entre autres l'"Association Agir Ensemble pour lutter Contre l'Immigration Clandestine (AAECC)", deux cas d'accidents de bus graves se soient passés pendant des convois d'expulsions. Une fois sur un convoi qui a quitté Algers le 12 Mars avec plus de 50 personnes tuées selon les sources algériennes. La deuxième fois le 25 Mars quelque part sur la route entre Alger et Tamanrasset avecdes dizaines de blessé.e.s graves, dont il ne soit pas sûr s'ils ont survécu. Jusqu'à maintenant, il n'y avait aucune clarification sur ces cas de la part des autorités algériennes.
Au vu de tout ce qui précède, Alarme Phone Sahara demande:
⦁ L'arrêt immédiat des expulsions et des refoulements de réfugié-e-s et de migrant-e-s de l'Algérie vers le Niger et d'autres pays voisins!
⦁ L'annulation de l'accord d'expulsion entre l'Algérie et le Niger!
⦁ L'arrêt immédiat des expulsions d'enfants et de la séparation d'enfants de leur parents!
⦁ La fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s!
⦁ L'engagement de l'état du Niger pour la défense de ses citoyen.e.s qui subissent des persécutions, des violations des droits humains et des expulsions en Algérie!
⦁ La vérité et la clarification de la part l'Etat algérien sur ce qui s'est réellement passé dans les convoi d'expulsions qui ont quitté Alger le 12 et le 25 mars 2021, en particulier s'il est vrai que des personnes ont été tuées dans des accidents de bus!
⦁ L'Algérie et le Niger doivent arrêter de collaborer avec les politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain et de prendre des matériels de militaire et de sécurité pour les utiliser contre la population migrante!