Impressions de la région d’Agadez de mai jusqu’en août 2024
En abrogeant la loi 2015-036 en novembre 2023, l'État du Niger a fait un pas considérable vers le rétablissement de la liberté de circulation sur les routes de l'exil et de la migration. L'un des résultats visibles est que de nombreuses personnes se déplacent librement, sans avoir à craindre les représailles habituelles auparavant. D'un autre côté, les états du Maghreb, encouragés par la politique des États de l'UE, pratiquent à une échelle accrue les arrestations massives, les pullbacks, les refoulements et les expulsions massives contre les personnes en mobilité. Dans le but avoué de réprimer l'arrivée de personnes sur les routes transsahariennes nigériennes, et en étroite coordination avec les acteurs européens, les États tunisien, algérien et libyen ont lancé en avril 2024 une nouvelle alliance maghrébine. Ceux qui en font les frais sont les personnes qui sont expulsées dans des conditions brutales, avec dans le pire des cas des conséquences mortelles, et qui sont parfois abandonnées dans les régions désertiques des zones frontalières.
Au moins 19798 personnes plus un nombre non-spécifié ont été expulsées d’Algérie au Niger de début 2024 jusqu’au 24 août 2024. Depuis récemment, des forces en Libye ont aussi commencé à expulser des gens au Niger en grand nombre.
Beaucoup de personnes expulsées restent bloquées dans les différentes localités de la région d’Agadez au Nord du Niger dans des conditions précaires. Souvent, les moyens leur manquent pour continuer sur la route migratoire et le retour dans les pays d'origine s'avère également difficile, même pour ceux qui déclarent vouloir rentrer parce qu'ils ne voient pas d'autres perspectives.
Il faut aussi considérer que pendant la période de mai jusqu’en août 2024, les villes au nord du Niger ont d’abord souffert d’une grande chaleur anormale pendant la période de sécheresse et après d’inondations causées par des pluies anormalement fortes.
La crise climatique est déjà une réalité et les personnes en mobilité, tout comme la population locale au Niger, font partie de ceux qui sont le plus directement touchés par ses conséquences.
Voilà un bilan de la situation à Agadez, Arlit, Dirkou et Assamaka dans la période entre mai et août 2024 :
Arlit
La ville d’Arlit au Niger est située sur le trajet entre la ville d’Agadez et la frontière nigéro-algérienne. Ca fait que la ville est beaucoup fréquentée par des personnes en route de migration, mais aussi par des gens expulsé.e.s d’Algérie. Pour beaucoup d’entre eux, Arlit est la première escale après d’avoir quitté le village frontalier d’Assamaka où ils se retrouvent après l’expulsion. A Arlit, l’OIM entretient un centre d’accueil pour des retours dits « volontaires » vers les pays d’origine, mais beaucoup de personnes migrantes, surtout des victimes d’expulsions, restent bloquées à Arlit sans accès aux structures de l’OIM et forcées à survivre dans des abris précaires.
Cri de Cœur depuis Arlit, Niger concernant des femmes migrantes vivantes dans la misère et dans des menaces quotidiennes
Nous sommes très préoccupés par la situation des migrant.e.s de Sierra Leone qui attendent depuis des mois à Arlit. Sur leur lieu de vie, dans un garage d'une société de transport, nous avons rencontré un groupe de 14 femmes et 20 enfants qui ne peuvent toujours pas bénéficier des structures d'aide de l'OIM.
Dans un vidéo, l'une d'entre elles témoigne de ses conditions de vie précaires : Elles vivent dans la rue, n'ont pas assez à manger ni à boire, sont épuisées, n'ont pas de soins médicaux et encore moins d'hygiène et ont peur. Peur pour leur propre sécurité, mais surtout pour celle de leurs enfants. Elle raconte que les femmes sont menacées et attaquées par des hommes, même avec des couteaux, qui les harcellent sexuellement et essaient même de les violer.
Le lanceur d’alerte d'APS à Arlit rapporte également avec inquiétude que les enfants sont visibles à toute heure dans la ville. Cela peut être dangereux pour les enfants - en particulier pour les filles. Les familles sont exposées à tout sans protection.
Avec quelques dons de vêtements, de nourriture et d'hygiène, l'APS a pu aider le groupe début avril. Mais cela n'a pas suffi longtemps. Leurs journées sont rythmées par la mendicité.
La femme sierra-léonaise répète plusieurs fois : "Nous souffrons tellement. S'il vous plaît, nous avons besoin d'aide" ! Le désespoir est évident. Lorsqu'on lui demande ce qu'ils veulent maintenant, elle répond qu'ils veulent retourner en Sierra Leone : "Nous n'avons pas le courage de continuer. [...] Nos enfants vont mourir lentement".
Le 23 juillet, la situation à Arlit a été soulignée par une violente tempête de sable qui s'est abattue sur le camp de l'OIM à Arlit, au Niger, comme le rapporte l'organisation « Refugees in Libya ». En même temps, il y avait une grande chaleur avec des températures qui ne descendent pas en dessous de 40-45 degrés.
Entretien avec une migrante sierra-léonaise à Arlit :
« (...) Nous venons de Sierra Leone. Nous vivons dans la rue, nous vivons ici dans la rue. Notre situation ? Nous souffrons beaucoup. Pas de nourriture. Pas d'eau. Pas de savon. Pas de seaux. Pas de nattes. Rien à manger. Nous avons beaucoup de mal. Nous avons beaucoup d'enfants. (...) Nous avons donc besoin d'aide, nous avons besoin que quelqu'un nous aide. Des garçons vont nous violer pendant la nuit. Ils vont nous faire du mal. Alors s'il vous plaît, mes frères et sœurs, nous avons besoin d'aide pour tout le monde !
Nous souffrons tellement à l'extérieur. (...) Nous n'avons pas de vêtements à porter. (...) Nos enfants doivent aller mendier pour obtenir de la nourriture. (...) Nous devons toujours mendier de la nourriture.
Certains garçons vont offrir la nuit pour demander (...), alors je dis que nous ne sommes pas dans une (...), nous sommes des migrantes, nous avons besoin d'aide.
Alors un garçon va sortir un couteau et dire "Si tu n'acceptes pas de te faire violer, je vais te tirer dessus". Alors vous criez "au secours", alors quelqu'un va nous secourir. »
« (...) Une organisation qui nous aide est APS. Ils nous aident avec de la nourriture, du savon, des biscuits, tant de choses. À ce moment-là, c'est la seule organisation qui nous aide. (...) C'était pour un mois, avant qu'ils ne finissent. Une fois qu'ils ont terminé, nous ne faisons que mendier de la nourriture. (...) Regardez nos vêtements, nous n'avons rien à nous mettre.
(...) Tout est fini ! Tu vois, chaque pantoufle, celle-là, on la mendie avant de l'avoir !
(...) Notre état, notre couleur, regardez notre visage ! (...) Regardez notre état, notre corps ! Tous ceux qui voient cette vidéo, nous avons besoin d'aide !
(...) Nous voulons retourner dans notre pays. (...) Nous souffrons tellement que nous n'avons pas le courage de continuer ce voyage. Pas d'argent, tout est fini pour la route. Pas d'aide, voilà le problème.
(...) Nous sommes malades. Quand on a ça, qui aide pour les médicaments ? Pour tout ! Nos enfants meurent ! Nous mourons lentement ! (...) Nous avons besoin de plus d'aide : Pour les médicaments, les traitements, la nourriture - ce n'est que cela ! (...) »
Vidéo de femmes migrantes sierra-léonaises avec leurs enfants dans un garage d'Arlit qui leur sert d'abri.
(...) « Je ne donne pas ces vêtements à mes enfants ! » (...) « Pas de toilettes, des infections, des grattages, tant de choses ! » (...) « Les hommes viennent violer la nuit. Toute la nuit. Alors si tu n'es pas d'accord, « je te tue ! ». Dehors et de ce côté - la gêne est trop grande. » (...) « Nous avons besoin de nourriture, de savon, de tout, même d'eau ! » (...) « Regardez, mes enfants ! (...) Des problèmes de santé, vous ne voyez pas de médecin ! (...) Il n'y a pas de bonne médecine pour ça. » (...)
Agadez
Agadez est la capitale de la grande zone du Nord du Niger et carrefour important de voyages transsahariens. Selon la coordination d’Alarme Phone Sahara (APS), la situation dans la ville d’Agadez est difficile, comme là aussi, beaucoup de personnes migrantes, souvent des personnes expulsées d’Algérie, y sont bloquées sans trouver l’accès aux structures de l’OIM et sans disposer les moyens pour continuer leur voyage.
D’un part, l’OIM, dans le cadre de son programme de soi-disant « retour volontaire », évacue des migrant.e.s avec des vols à partir d'Agadez, mais ne prend pas en charge certains groupes bien que ceux-ci manifestent le souhait de retourner dans leur pays d'origine.
Il y a, entre autres présentement beaucoup de personnes sierra léonaises dans les ghettos à Agadez comme a Arlit et aussi des centaines de personnes qui vivent dans les alentours de l’OIM sans y trouver d’accès.
Il y a des différentes raisons pourquoi des personnes sierra léonaises et d’autres restent bloquées à Agadez : Beaucoup d’entre eux ont été expulsées d’Algérie en convoi d’expulsion après des rafles et se retrouvent au Niger à mains vides. Certain.e.s ont été vite refoulé.e.s juste après d’arriver en Algérie. D’autres sont arrivé.e.s à Agadez en partant en migration, mais manquent les moyens pour continuer sur leur route.
La coordination d’Alarme Phone Sahara souligne aussi qu’il y a permanemment des personnes enregistrées au niveau de l’OIM, mais qui ne peuvent pas vivre dans leur camp et restent dans la rue faute de places disponibles.
Ils expriment également leur inquiétude que cette situation précaire risque de provoquer des tensions entre des personnes migrantes et des membres de la population locale.
En plus, ils observent que les mauvaises conditions de vie exposent les personnes en mobilité à des graves risques pour la santé.
Les membres de l’équipe d’Alarme Phone Sahara sont régulièrement confrontés à des migrant.e.s très malades et s’engagent, avec leurs moyens limités, à chercher des soins médicaux. La situation médicale précaire provoque aussi des cas de décès parmi les personnes les plus vulnérables. L’équipe d’Alarme Phone Sahara rapporte, entre autres, de 10 enfants décédés d’infections de rougeole.
Pour chercher une solution pour les personnes sierra léonaises qui sont bloquées à Agadez et souhaitent de rentrer vers leur pays d’origine, des recensements ont été effectués afin d'obliger les autorités sierra-léonaises à permettre un rapatriement rapide de leurs ressortissant.e.s.
Dirkou, zone du désert de Kaouar : Situation précaire des personnes en mobilité et nouvelle vague d’expulsions de la Libye
La ville de Dirkou et aussi Bilma, Latai et Siguidine dans la zone désertique du Kaouar sont beaucoup fréquentées par des personnes en route vers la Libye, mais aussi par des gens sur la voie de retour.
A un certain niveau, la circulation dans cette zone au Nord du Niger est devenue plus facile grâce à l’abrogation de la loi 2015-036 et l'abandon de la criminalisation généralisée de la migration. D’autre part, beaucoup de personnes migrant.e.s dans la zone se retrouvent dans des conditions très précaires et ont besoin de soutien et d’assistance pour répondre à leurs besoins de nourriture et d’autres besoins élémentaires selon l’équipe des lanceurs d’Alerte d’Alarme Phone Sahara.
Parole d'un migrant actuellement bloqué à Dirkou :
« (...) Il y a quelqu'un ici, mais ils ne donnent pas d'eau, pas de nourriture, pas à boire, rien du tout.
(...) Parfois, si quelque chose arrive ici, ils ne le donnent pas à nous, mais à d'autres personnes et nous ne sommes pas heureux. (...) Nous sommes toujours confrontés à la souffrance, et ce n'est pas bon. (...) Ici, c'est comme notre domicile, mais nous ne nous sentons pas bien, nous sommes comme des esclaves. »
Selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, le centre d’accueil local de l’OIM prend en charge une cinquantaine de personnes, mais des centaines de personnes ne peuvent que se débrouiller dans la rue dans les alentours. Dans le pire des cas, il arrive que la situation tendue provoque des affrontements violents parmi des membres de groupes de différentes origines.
En plus, selon l’équipe des lanceurs d'alerte d’APS de la zone du Kaouar, des expulsions de la Libye au Niger ont commencé à grande échelle : Le 18 juillet 2024, 463 hommes nigériens sont arrivés à Dirkou comme conséquente d'un refoulement massif de la Libye exécuté par les forces du Général Khalifa Haftar. Un site provisoire hors de la localité a été mis en place pour les accueillir.
Les 463 hommes ont pu quitter Dirkou avec un transport vers Agadez organisé par l’OIM, mais selon les sources locales, il y a un nombre d’à peu près 10.000 personnes qui ont été arrêtées en Libye pour les expulser.
En conséquence, il faut s'attendre à une situation humanitaire précaire à gérer entre Dirkou et Agadez dans les jours, semaines et mois à venir.
Assamaka, frontière nigéro-algérienne
A Assamaka à la frontière nigéro-algérienne, point d’arrivée des personnes expulsées dans des convois à partir d’Algérie, la situation reste précaire, prenant en considération le grand nombre des personnes expulsées (au moins 19798 personnes plus un nombre non-spécifié expulsées de début 2024 jusqu’au 24 août 2024) et les conditions violentes et inhumaines dans lesquelles elles sont expulsées. Les personnes expulsées en « convoi officiel » sont accompagnées par les Croissant Rouge Algérien et transportées jusqu’au village d’Assamaka et de là, jusqu'à Arlit ou Agadez. Les personnes expulsées en « convoi non-officiel » sont toujours déposées au « Point Zéro » à 15km du village d’Assamaka et forcées de se débrouiller à pied. Selon l’équipe d’Alarme Phone Sahara à Assamaka, ils sont les seuls qui se déplacent régulièrement au « Point Zéro » avec leurs tricycles pour embarquer des personnes expulsées, soutenus parfois pas Médecins Sans Frontières (MSF) pour transporter des personnes malades et blessées au dispensaire.
Assistance pour des personnes expulsées à Assamaka avec le tricycle d'Alarme Phone Sahara:
Transporter des gens du "Point Zéro" au village... ...et au dispensaire d'Assamaka.
Sur place, l’accès aux biens de première nécessité continue de faire défaut. Compte tenu de la forte chaleur, il y a un problème de manque d’eau, avec un bidon de 25 l qui coûte 300,- FCFA et une bouteille d'eau potable à 500 FCFA, dont une personne peut consommer 3 ou 4 par jour pour apaiser la soif. François Ibrahim de l’équipe locale d’Alarme Phone Sahara rapporte que le château d’eau qui alimente le village soit en panne sans aucune information concernant sa répartition.
Selon l’équipe d’Alarme Phone Sahara, un défi supplémentaire actuel est l'arrivée récente à Assamaka de groupes de personnes en détresse en provenance des régions du nord et du centre du Nigeria, en particulier des femmes avec enfants. Ces derniers espèrent soi-disant surtout trouver à Assamaka un accès aux structures du camp de l'OIM et de l'ONG italienne « COOPI » active sur place.
Comme l'OIM ne se considère compétente, du fait de son mandat, que pour les personnes expulsées d'Algérie arrivant à Assamaka, ces groupes de personnes restent dans la rue et doivent se débrouiller en mendiant.
Cette situation contribue à aggraver la situation d'approvisionnement déjà difficile et insuffisante à Assamaka. Le journal « Air Info », basé à Agadez, parle déjà d'une crise humanitaire imminente pour les personnes arrivant à Assamaka totalement démunies.
Alarme Phone Sahara appelle les organisations internationales, l'Etat nigérien et les institutions européennes à mettre rapidement en place les moyens nécessaires pour faire face à la crise humanitaire de nouveau imminente à Assamaka et à créer des conditions décentes tant pour les personnes expulsées d'Algérie que pour celles qui, faute de meilleures perspectives, se rendent à Assamaka dans l'espoir d'une aide humanitaire.
En outre, la situation actuelle à Assamaka montre une fois de plus qu'il est nécessaire de trouver des solutions politiques à la fois contre la détresse des personnes expulsées, produite par le régime frontalier répressif, et contre la pauvreté massive causée par les conditions politiques et économiques injustes dans les pays de la région du Sahel et du Sahara.
François Ibrahim de l'équipe Alarme Phone Sahara Assamaka s'exprime là-dessus :
« Pour combattre cette situation il faut que les soi-disant élus démocratiquement comprennent qu'il est bien d'être élu mais il faut écouter et comprendre pourquoi les populations quittent chez eux. La solution c'est que les responsables politiques trouvent du travail pour ses jeunes et femmes qui partent à la recherche d'un bien être. »
Article sur des migrant.e.s sénégalaises qui demandent leur retour comme ils souffrent à Assamaka:
Décès dans la zone désertique à la frontière algéro-nigérienne
Des personnes errant dans le désert dans des conditions désespérées... ...l'équipe d'Alarme Phone Sahara à leur recherche.
François Ibrahim rapporte aussi qu’appart 5 personnes décédées après l’expulsion d’Algérie entre le 9 et 13 mai 2024, il y avait deux autres qui sont décédés dans la vaste zone désertique à la frontière algéro-nigérienne entre Assamaka et In Guezzam le même mois.
Selon Ibrahim, les deux frères avaient quitté Assamaka pour retourner en Algérie, d’où ils avaient été expulsés, avec leur troisième frère qui a survécu.
L’équippe d’Alarme Phone Sahara d’Assamaka était alerté par un autre frère des trois qui s’étaient perdu dans la zone désertique et prenait l’initiative pour louer un véhicule et partir en mission de sauvetage. Ils pouvaient trouver et secourir l’un des trois frères, mais malheureusement les deux autres avaient déjà perdu la vie, exposés aux conditions extrêmes du désert.
R.I.P. Deux frères décédés en désert proche d'Assamaka en Mai 2024
Ce qui s'est passé à Assamaka montre que les expulsions massives et brutales d'Algérie exposent les personnes concernées à un danger de mort. Cette situation est encore aggravée par les conditions de vie précaires et insupportables à Assamaka, car il arrive régulièrement que des personnes expulsées se mettent en route, parfois à pied, pour retourner en Algérie et échapper à cette situation désespérée.
Pour répondre à cette situation, Alarme Phone Sahara a commencé à initier des réunions avec des autres associations et ONGs à Assamaka pour parer à ce drame de décès de piétons dans le désert de la zone frontalière entre le Niger et l'Algérie.
Témoignage d'expulsions depuis l'Algérie vers le désert près d'Assamaka, à la frontière du Niger :
Deux hommes expulsés d’Algérie dans un convoi « non-officiel » et arrivés à Assamaka le 28 juillet 2024:
Vidéo 1:
« Je suis Burkinabè. J’ai travaillé en Algérie. C’est en Algérie où je suis tombé casser [mon pied]. Je suis tombé troisième étage. La police algérienne, ils sont venus me prendre hôpital [où je me suis] soigné. J’étais deux mois hôpital. Il m’a pris pour faire refoulement. Ils m’ont pris et m’emmené là-bas pour que je viens au pays Burkina Faso. »
« Si eux, ils t’attrapent, ils vont prendre tout ce qui est avec toi. Ton téléphone, ils prennent tout. Téléphone, si tu en as, ils vont prendre. L’argent, ils prennent tout. Si tu as de l’argent, si tu as un téléphone, la police ne te laisse rien. Ils prennent tout. »
« Ils ne vont pas te laisser pour que ton pied va finir bien même, il va te prendre. »
Vidéo 2 :
« Moi, j’ai tombé dans voiture-là. Les Algériens ne m’ont même pas considéré, ils ont seulement pris une bande pour attacher [mon pied], mis un peu de médicament, me laissé comme ça. Ils ont emmené nous jusqu’à dans le désert. 15 kilomètres frontière Niger, ils ont laissé les gens là-bas, nous on est là, marcher à pied. Dieu merci, APS, ils nous ont pris, emmené la moto qui nous prend, aller déposer dans le hôpital pour nous soigner. (…) Je remercie APS pour ça. Ils nous ont donné la force, soutenir les migrants. »
Continuation des expulsions massives d’Algérie au Niger :
Les expulsions massives d’Algérie au Niger et à la frontière du Niger continuent aussi en mai, juin, juillet et août 2024 :
Arrivée du convoi « officiel » d'expulsion, juillet 2024 Queue au poste de police après avoir été expulsées. Août 2024
31.05.2024 : 131 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 29 ressortissants du Nigéria, 19 du Mali, 18 de la Guinée Conakry, 18 du Soudan, 12 de la Sierra Léone, 11 du Sénégal, 5 de la Côte d’Ivoire, 7 du Cameroun, 6 du Burkina Faso, 2 du Bénin, 2 du Tchad, un du Togo et un de l’Égypte.
31.05.2024 : Arrivée d’un convoi d’expulsions officiel à Assamaka, avec 351 ressortissant.e.s du Niger, dont 7 femmes, 6 filles mineures, 21 garçons mineurs et 317 hommes.
03.06.2024: Arrivée d’un convoi officiel d’expulsions avec 442 ressortissant.e.s du Niger, dont 49 femmes, 59 filles mineures et 63 garçons mineurs.
03.06.2024 : 35 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 12 ressortissants de la Guinée Conakry, 10 de la Côte d’Ivoire, 7 du Mali, deux du Nigéria, une personne du Burkina Faso, une du Sénégal, une du Bénin et une de la Sierra Léone.
05.06.2024 : 148 personnes, dont 13 femmes, 2 garçons mineurs, une fille mineure et 132 hommes, expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 44 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 39 du Mali, 13 du Libéria, 8 du Bénin, 6 du Burkina Faso, 4 du Caméroun, 4 de la Côte d’Ivoire, 3 du Ghana, 5 de la Gambie, 9 du Nigéria, 4 de la Sierra Léone, 3 du Sénégal, 2 du Soudan, 2 du Togo, une personne du Tchad et une de la Somalie.
05.06.2024 : Arrivée d’un convoi officiel avec 459 personnes, dont 350 hommes, 28 femmes, 42 garcons, 39 filles
08.07.2024 : 192 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 64 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 28 du Mali, un du Libéria, 14 du Bénin, 16 du Burkina Faso, 24 du Caméroun, 13 de la Côte d’Ivoire, 2 de la Gambie, 3 du Nigéria, 16 de la Sierra Léone, 10 du Sénégal et une personne du Togo.
227 personnes, sans détail de leur origine, ont été expulsées dans un deuxième convoi « non-officiel » le même jour.
08.07.2024: Arrivée d’un convoi officiel d’expulsions avec 564 personnes, dont 31 femmes adultes, 46 filles mineures, 49 garçons mineurs et 438 hommes adultes.
18.07.2024 : 158 personnes, sans détails sur leur origine, expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied.
20.07.2024 : 27 personnes, sans détails sur leur origine, expulsées en convoi « non-officiel ».
20.07.2024: Arrivée d’un convoi officiel d’expulsions avec 467 personnes, dont 17 femmes adultes, 32 filles mineures, 48 garçons mineurs et 370 hommes adultes.
24.07.2024 : 170 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 43 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 47 du Mali, un du Bénin, 12 du Burkina Faso, 22 du Caméroun, 18 de la Côte d’Ivoire, 4 de la Gambie, 7 du Nigéria, 9 de la Sierra Léone, 3 du Sénégal, 3 du Ghana, 2 de la Guinée Bissau, une personne du Tchad et une du Togo.
28.07.2024 : Des personnes en nombre non-précisé, sans détails sur leur origine, expulsées en convoi « non-officiel ».
03.08.2024 : 45 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 6 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 12 du Mali, 3 du Bénin, 8 du Caméroun, 6 de la Côte d’Ivoire, 2 de la Gambie, 4 du Nigéria et 4 du Sénégal.
05.08.2024 : 99 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 25 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 21 du Mali, 10 du Bénin, 14 du Caméroun, 20 de la Côte d’Ivoire, 3 du Burkina Faso, 2 de la Gambie, 3 du Sénégal et une personne du Ghana.
09.08.2024: Arrivée d’un convoi officiel d’expulsions avec 410 personnes, dont 24 femmes adultes, 33 filles mineures, 45 garçons mineurs et 308 hommes adultes.
11.08.2024 : 564 personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. Parmi eux 173 ressortissant.e.s de la Guinée Conakry, 142 du Mali, 7 du Bénin, 12 du Burkina Faso, 41 du Caméroun, 35 de la Côte d’Ivoire, 34 du Nigéria, 21 de la Sierra Léone, 18 du Sénégal, 6 du Ghana, 25 du Tchad, 48 du Soudan, une personne de la Somalie et une du Togo.
12.08.2024: Arrivée d’un convoi officiel d’expulsions avec 981 personnes, dont 44 femmes adultes, 50 filles mineures, 53 garçons mineurs et 834 hommes adultes.
24.08.2024 : Des personnes expulsées en convoi « non-officiel » et déposées au « Point Zéro » pour marcher à Assamaka à pied. L’équipe d’Alarme Phone Sahara a embarqué et emmené les personnes blessées et malades du Point Zéro au dispensaire d’Assamaka en deux allers-retours. Selon leur observation, un homme était déposé avec deux fractures à la jambe gauche à la suite d’un accident de véhicule. Les autres rapportent que les blessures leur ont été infligées lors de leur arrestation par la police algérienne. Un homme était trouvé gravement malade et presque inconscient, avec des fortes douleurs. Un autre en condition de crise psychologique qui ne parle pas.
Un homme avec des fractures à la jambe, un gravement malade et un en crise psychologique après le convoi d'expulsion du 24 août 2024
Alarme Phone Sahara dénonce le traitement violent et dans les pires des cas mortel des migrant.e.s par les forces de sécurité algériennes et demande :
- Qu’il n’y ait pas d’autres mort.e.s !
- L’aide humanitaire digne et suffisante pour tou.te.s les migrant.e.s et les réfugié.e.s bloqués à Arlit, Assamaka, Agadez, Dirkou et ailleurs !
- L’arrêt de la persécution et de la violence policière aux migrant.e.s en Algérie !
- L’arrêt immédiat des expulsions et refoulements massifs vers les déserts et les zones frontalières !
- L’arrêt des rafles, des arrestations arbitraires et de la violence policière !
- Le respect des droits humains de toutes les personnes en mobilité, les migrant.e.s, les réfugié.e.s et les demandeurs d'asile !
- Possibilité de retour dans des conditions décentes pour celles et ceux qui souhaitent rentrer de leur propre gré!
- L’ouverture des voies humanitaires sûres pour toutes les personnes en mobilité, les migrant.e.s, les réfugié.e.s et les demandeurs d'asile à travers le désert du Sahara et la Méditerranée !
- L’abolition des accords d’expulsions et de contrôle migratoire entre les pays de la région Sahélo-Saharienne et avec les membres de l'UE en faveur d’une politique basée sur la protection de la vie, des droits, de la sécurité, de la dignité humaine et de la libre circulation de toutes personnes en mobilité !