lundi, 05 octobre 2020
Nouvelle vague d'expulsions: Plus que 2500 citoyen-ne-s de pays subsahariens expulsé-e-s de l'Algérie et du Maroc en grande échelle

Alarme Phone Sahara condamne le traitement raciste de migrant-e-s et réfugié-e-s par les états maghrebins et leur collaboration avec le régime frontalier européen

Avec l'assouplissement des mesures contre la pandemie de Covid-19, les pays africains ont également réouvert leurs frontières aux voyageurs et marchandises. Alarme Phone Sahara (APS) déplore que cette normalisation s'accompagne également d'une intensification des expulsions et refoulements. Pendant les jours de fin Septembre et début Octobre 2020, plus que 2500 citoyen-ne-s de différents pays de l'Afrique subsaharienne étaient victimes d'une nouvelle vague d'expulsions de l'Algérie et du Maroc.

                                      

                                              Une femme expulsée du Maroc au Senegal avec son bébé
                                              dans le bus les transportant à l'aéroport de Dakhla 

 

Des nouveaux convois d'expulsion d'Algérie au Niger

Selon le journal en ligne Algérie Éco, le ministre de l’intérieur algérien Kamel Beldjoud a annoncé dans une scéance plénière parlementaire du 30 Septembre 2020 que plus que 1500 personnes migrant-e-s dites "illégaux" ont été expulsé-e-s vers le Niger.

Selon ces observations, 494 citoyen-ne-s du Niger, dont 115 filles et garcons mineur-e-s, étaient expulsé-e-s le 2 Octobre dans un "convoi officiel" accordés entre les autorités algériennes et nigériennes. Dans un deuxième "convoi officiel" le 5 Octobre, il y avait même 957 personnes expulsées de l'Algérie. Eux tous sont des citoyen-ne-s du Niger sauf 5 ressortissant-e-s du Mali et cette fois, il y avait 283 filles et garcons mineurs, 154 femmes adultes et 550 hommes adultes parmi les expulsé-e-s. 

Appart eux, 976 personnes, dont deux filles et deux garcons mineurs, tou-te-s des ressortissant-e-s de beaucoup de différents pays de l'Afrique subsaharienne plus un homme pakistanais, étaient expulsé-e-s à deux reprises le 30 Septembre et 02 Octobre dans des "convois non-officiels", ca veut dire sans implication directe des autorités nigériennes. Selon les lanceurs d'alerte d'APS, 332 personnes parmi le group des expulsé-e-s étaient déjà arrivé-e-s à Agadez le 4 Octobre et toutes les autres en route dans des bus entre Assamaka et Agadez. Arrivées Agadez, les personnes expulsées sont mis dans des camps gérés par l'OIM. 

Le ministre Beldjoud a indiqué que ces expulsions se soient passées d’une « manière volontaire » et en « respectant les accords et les conventions internationales (...) liées au respect des droits de l’homme à sa dignité ».

Cependant, l'expérience de ces dernières années montre que des violences et des maltraitements systématiques sont régulièrement perpétrés par les forces de sécurité algériennes sur les personnes concernées lors des expulsions massives d'Algérie vers le Niger. En plus, les personnes expulsé-e-s dans des "convois non-officiels" sont d'habitude déposé-e-s en désert dans la zone frontalière 15 ou 20 kilomètres d'Assamaka, mettant leur vie en danger au cas de se perdre en désert. C'est aussi à considérer qu'Assamaka, où il y a le poste d'accueil de l'OIM pour les personnes expulsées, est un petit endroit en plein désert qui manque les possibilités de satisfaire les besoins humains essentiels comme l'eau, la nourriture, l'abri, les douches et toilettes, etc.,surtout en période de chaleur et de froid.

 

L'état Algérien et sa politique de chasse aux migrant-e-s

Depuis plusieurs annés, il y a régulièrement des expulsions massives d'Algérie vers le Niger à la base d'un accord bilatéral signé en 2014. Les victimes sont des citoyen-ne-s du Niger dont beaucoup vivent en Algérie dans un contexte de migration souvent saisonnière, mais aussi des gens de nombreux autres pays subsahariens qui sont souvent expulsé-e-s avec les "convois non-officiels".

La dernière vague des expulsions se passe à un moment où l'état algérien vient de mettre en place une commission interministérielle sous la supervision du ministre de l'intérieur pour la lutte contre la migration dite "clandestine". Les "mesures complémentaires" annoncées par le ministre comptent des barrages mixtes entre la police et la gendarmerie sur les routes frontalières, la démolition des "habitations anarchiques" abritant des migrant-e-s, comme des hangars ou des chantiers de construction, le démantèlement des réseaux d'accueil de migrant-e-s ainsi que la confiscation automatique de moyens de transport. 

Cette sorte de déclaration de guerre contre les migrant-e-s en Algérie suit l'intérêt des autorités algériennes de réduire le nombre de migrant-e-s et de satisfaire le racisme au sein de la société autochtone. Jusqu'à maintenant, l'état algérien n'entretient pas des accords officiels avec l'Union Européen sur le plan de migratiore, mais indirectement, il se positionne comme un gardien fiable pour le régime frontalier des états de l’Union Européenne. Dans ce sens, le militaire et la police de l'Algérie reçoivent aussi des grandes quantités de marchandises militaires et sécuritaires, comme des technologies de surveillance ou des véhicules de Mercedes-Benz.

 

Maroc: Expulsions au Sénégal, en Guinée et à la frontière Algérienne

En même temps, Hassane Amari, activiste des droits humains basé à Oujda au Maroc et engagé entre autres dans Alarmphone Watch the Med, a rapporté d'expulsions en grande échelle vers le Sénégal et la Guinée pendant les jours de fin Septembre et début Octobre 2020.

Amari souligne que ces expulsions se soient passé en collaboration entre les autorités marocaines et les ambassades sénégalaise et guinéenne. Entre autres, 28 femmes étaient expulsées à Conakry. Selon des rapports aux médias sénégalais, 144 Sénégalais-e-s, apparemment des rescapé-e-s du passage de la mer, étaient expulsé-e-s dans deux vols à partir de Dakhla au sud du Maroc. Ces gens auraient tenté de partir en bateau pour l'Europe - probablement pour les îles Canaries - et auraient été retirées de la mer au large de Dakhla lorsque cette tentative a échoué.

En plus, Hassane Amari rapporte qu'en dernier temps, des personnes migrant-e-s et réfugié-e-s étaient expulsées des villes de Tanger, Nador, Rabat, Casablanca et Elhoucima vers la frontière maroco-algérienne à Tiouli dans la région de Jerrada 60 kilomètres de la ville d'Oujda. Selon Amari, 157 personnes ont été expulsées à la frontière depuis début Juillet jusqu'à fin Septembre 2020, parmi eux 9 femmes, 11 personnes mineures et 7 personnes blesées. Des telles expulsions de gens arrêté-e-s dans les grandes villes du pays vers la frontière algérienne ont été effectuées beaucoup de fois au Maroc depuis des années, entre autres pour les empêcher de partir pour l'Europe.

 

Dans quelques jours seulement, le Maroc et l'Algérie ont expulsé au moins 2599, peut-être même encore plus, de ressortissant-e-s de beaucoup de différents pays surtout africains. Alarme Phone Sahara condamne ces pratiques d'expulsion et violence raciste dans les pays du Maghreb et leur collaboration directe et indirecte avec le régime frontalier des états européens.

 

Alarme Phone Sahara demande l'arrêt de toutes les expulsions et refoulements et le respect des droits humains et de la liberté de circulation pour tou-te-s les migrant-e-s et réfugié-e-s!