lundi, 19 septembre 2022
Plus d’expulsions massives d’Algérie au Niger en Août et Septembre 2022

Pendant les mois d’Août et Septembre 2022, au moins 4747 personnes ont été expulsé.e.s d'Algérie au Niger selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara à Assamaka, frontière algéro-nigérienne. Le nombre de personnes expulsé.e.s depuis début 2022 monte alors à au moins 17105.

 

Expulsé.e.s à Assamaka, Niger, Août 2022 © Alarme Phone Sahara

Déposé.e.s en désert. Les convois d'expulsion non-officiels du 14 Août, 2 Septembre et 17 Septembre 2022

Les personnes expulsées dans les convois "non-officiels", majoritairement pas des Nigérien.ne.s, mais des ressortissant d'autres pays, sont toujours laissées au "Point Zéro" dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert. Les expulsé.e.s doivent marcher 15 kilomètres dans le désert afin d'atteindre Assamaka, la première ville nigérienne après la frontière algérienne. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des expulsé.e.s en danger.

Selon les descriptions de personnes expulsées et de chauffeurs, le transport dans les convois d'expulsion non-officiel se passe dans des conditions très dures et violentes:

Transport des centres de détention dans les villes au nord d'Algérie, comme Oran ou Algers, jusqu'à Tamarasset au Sud dans des bus escortés par la police nationale.

Selon de nombreux témoignages de personnes expulsées, il est courant que les téléphones portables, l'argent liquide et tous les effets personnels leur soient retirés avant le transport.

De Tamanrasset à Point Zéro à la frontière du Niger, les gens sont chargé.e.s dans des camions où ils doivent rester à l'arrière du camion pendant des heures, serré.e.s les un.e.s contre les autres, sans possibilité de s'asseoir proprement, avec très peu de pauses, avec des réserves d'eau et de nourriture insuffisantes et sans possibilité d'aller aux toilettes. Des actes de violence par les forces de sécurité sont fréquents dans les centres de détention et aussi pendant le transport.

 

Les lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara à Assamaka, frontière algéro-nigérienne, rapportent:

14.8.2022: 730 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel, parmi eux 13 femmes, 10 garcons mineurs, 2 filles mineures et 705 hommes, sont arrivées à Assamaka à pied, après que les forces algériennes les avaient déposé.e.s au Point Zéro à 15km d'Assamaka.

Une fois de plus, les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient 220 Guinéen.ne.s et 255 Malien.ne.s. Apart eux il y avaient 9 ressortissant.e.s du Tchad, 27 de la Gambie, 40 du Soudan, 23 du Burkina Faso, 45 de la Côte d'Ivoire, 21 du Sénégal, 21 du Caméroun, 12 du Bénin, 17 du Nigeria, 17 de la Sierra Leone, 2 du Niger même, 2 du Togo, 9 personnes du Libéria, 3 de la Guinée Bissau et une du Ghana.  

En plus, fait très inhabituel par rapport aux expériences des années précédentes, il y avait 4 Égyptiens et 3 Yémenites qui ne pouvaient pas rester sur le territoire nigérien, mais qui étaient renvoyés en Algérie par la police des frontières du Niger.

 

02.09.2022: 774 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel, parmi eux 5 femmes, 1 garcon mineur, 3 filles mineures et 765 hommes, sont arrivées à Assamaka à pied,

Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient encore une fois 230 Guinéen.ne.s et 257 Malien.ne.s. Apart eux il y avaient 66 ressortissant.e.s du Tchad, 28 de la Gambie, 84 du Soudan, 16 du Burkina Faso, 27 de la Côte d'Ivoire, 6 du Sénégal, 11 du Caméroun, 27 du Bénin, 4 du Nigeria, 11 de la Sierra Leone, 3 du Libéria et une du Ghana.   

Selon les lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara, il est quand même possible que le vrai chiffre des personnes expulsé.e.s soit nettement plus élevé par rapport à celles qui étaient enregistré.e.s à Assamaka.

 

17.09.2022: 669 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel, parmi eux 7 femmes, 4 garcons mineurs, 1 fille mineure et 657 hommes, sont arrivées à Assamaka à pied,

Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient encore une fois 166 Guinéen.ne.s et 286 Malien.ne.s.

Apart eux il y avaient 6 ressortissant.e.s du Tchad, 21 de la Gambie, 21 du Soudan, 37 du Burkina Faso, 22 de la Côte d'Ivoire, 27du Sénégal, 25 du Bénin, 19 du Nigeria, 14 du Caméroun, 14 de la Sierra Léone, 3 du Libéria, 4 du Togo et 2 du Niger, une personne de la Guinée Bissau et une de la Mauritanie.     

 

 

Convois d'expulsion officiels du 16 Août, 04 Septembre et 19 Septembre 2022

Les convois d’expulsions officiels se passent à la base d’un accord d’expulsions entre l’Algérie et le Niger signé en 2014. Les personnes expulsées dans ces convois sont généralement des citoyen.ne.s du Niger. Contrairement aux convois non officiels, ces personnes sont amenées directement jusqu'à la ville d'Agadez ou Arlit.

 

16.08.2022: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel avec 736 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 63 femmes, 90 filles mineures, 74 garcons mineurs et 509 hommes.

 

04.09.2022: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel de 16 camions avec 822 personnes. 798 étaient des citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 63 femmes, 65 filles mineures, 90 garcons mineurs et 580 hommes. En plus, 24 ressortissant.e.s d’autres pays étaient expulsé.e.s dans le même convoi: 11 personnes du Nigéria, 3 du Cameroun, 9 du Mali et une personne ivoirienne.           

 

19.09.2022: Arrivée d‘un grand convoi d'expulsion officiel avec 1016 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, y compris 83 femmes, 109 filles mineures, 120 garcons mineurs et 704 hommes.

 

Mépris systématique des droits d’enfants et mineur.e.s

Les chiffres montrent, entre autres, qu'il y avait au moins 569 filles et garcons mineur.e.s expulsé.e.s d’Algérie au Niger pendant les deux mois d’Août et Septembre 2022; la grande majorité des ces jeunes sont des citoyen.ne.s nigérien.ne.s expulsé.e.s dans les convois officiels. Cette chiffre très élevée est de nouveau inquiétante, étant donné que des cas de maltraitance et de séparation d'enfants de leurs parents sont régulièrement signalés dans les convois d'expulsion d'Algérie vers le Niger. Dans les pratiques d’expulsions de l’état algérien, le mépris des droits d’enfants et de la vulnérabilité particulière des enfants et mineur.e.s sont systématiques.

 

 

Assistance aux personnes expulsé.e.s avec le tricycle d’Alarme Phone Sahara

Lors des convois d'expulsion d'Algérie, les personnes expulsées sont transportées pendant des jours, entassées dans des bus et à l'arrière de camions, dans la chaleur et le froid, à travers le désert. Ceux qui sont expulsés par des convois non officiels et abandonnés dans le désert dans la zone frontalière doivent marcher 15 km jusqu'à Assamaka, du côté nigérien. Régulièrement, des personnes sont brutalement maltraitées par les forces de sécurité algériennes. De nombreuses personnes expulsées arrivent donc malades et blessées à Assamaka. 

En cas de besoins, l’équippe d’Alarme Phone Sahara d‘Assamaka transporte ces personnes expulsé.e.s malades et des blessés du commissariat de la police au dispensaire locale, avec l'autorisation du responsable de la police.

 

 

Bloqué.e.s au Niger au moment de misère aggravée

Selon les rapports des lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, les conditions pour les personnes expulsé.e.s et la population migrante se sont dégradées dans toutes les différentes villes au nord du Niger face à une situation générale de misère aggravée déclenchée entre autres par des pénuries et un renchérissement massif des denrées alimentaires sur le marché mondial. Dans cette situation de survie précaire, des milliers de personnes, souvent des victimes d‘expulsions ou de retour forcé d’Algérie ou de la Libye, restent bloquées au Niger à mains vides qui ne disposent ni des moyens pour continuer leur projet de migration, ni pour retourner vers leurs pays d’origine.

 

 

Face à cette situation, Alarme Phone Sahara demande:

  • Les expulsions d'Algérie, de la Libye et d'autres pays doivent être arrêtées.
  • L'accord d'expulsions entre l'Algérie et le Niger, et tous les accords d'expulsions, doivent être annulés.
  • L'OIM doit utiliser ses ressources pour soutenir les personnes expulsées qui le souhaitent vraiement de rentrer vers leurs pays d'origine.
  • Le soutien aux migrant.e.s en situation de détresse doit être garanti de manière inconditionnelle et ne doit pas dépendre de la volonté de soi-disant "retour volontaire".
  • L'OIM doit veiller à ce que les personnes accueillies dans ses centres bénéficient de conditions de vie décentes, notamment en ce qui concerne l'approvisionnement en nourriture, les soins médicaux, l'hygiène et l'hébergement.
  • L'état du Niger doit continuer à soutenir ses citoyen.ne.s qui sont expulsé.e.s d'Algérie et d'autres pays à retourner dans leurs régions et communautés d'origine au lieu de les abandonner dans des conditions de détresse.
  • Les pays de la sous-région doivent soutenir leurs citoyen.ne.s qui le souhaitent d'y retourner sans complication.
  • Stop aux politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain!
  • Non au nouveau „accord de travail“ entre FRONTEX et EUCAP Sahel Niger qui vise à intensifier la criminalisation et la persécution de la migration sous prétexte de „lutte contre le trafic de migrant.e.s“.