Convois d’expulsions en Septembre et Octobre 2019
Pour les mois de Septembre et Octobre 2019, les lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara dans la région d’Agadez au Niger ont témoigné une continuation en grande échelle d’expulsions de citoyen-ne-s de différentes nationalités de l’Algérie au Niger.
Selon Ibrahim François, basé à Ingall, et Mohamed Souleymane, basé à Assamaka, l’expulsion de 3231 personnes à travers la frontière à Assamaka était confirmée pour les jours entre 23 Septembre et 20 Octobre 2019.
Parmi les personnes concerné-e-s, au moins 754 sont des citoyen-ne-s du Niger, 1829 sont des citoyen-ne-s d’autres pays africains et pour 648 personnes il n’y a pas des chiffres sur leur origine. Il y avait au moins 63 femmes, 2569 hommes, 82 filles mineures et 77 garçons mineurs ; pour 440 personnes expulsées le 20 Octobre, il n’y a pas des chiffres sur leur âge et sexe.
Source de photo: middleeastmonitor.com
Il y avait des convois qui transportaient exclusivement des groupes de citoyen-ne-s du Niger et d’autres avec des citoyen-ne-s d’origines diverses.
C’était remarquable que parmi les personnes expulsées non-nigériennes, les groupes de loin les plus grands étaient les citoyen-ne-s du Mali et de la Guinée Conakry. Il y avait aussi les ressortissant-e-s des autres pays de la sous-région, entre-autres la Gambie, le Burkina Faso, le Benin, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, des pays de l’Afrique Centrale, surtout du Cameroun, et même quelques personnes du Soudan et de la Somalie.
D’habitude, les personnes expulsées sont transportées dans des convois de bus et de camions jusqu’à la zone frontalière proche du poste frontalier d’Assamaka par les forces de l’ordre algériennes. Ils les abandonnent en désert pour marcher, déjà affaibli-e-s, les derniers 15 à 20 kilomètres à pied, risquant de s’effondre ou de se perdre. Selon les témoignages disponibles, l’OIM cherche des fois les personnes refoulées là où on les a abandonnés, mais pas d’une manière fiable.
Vols charter de l’OIM Tamanrasset-Niamey: Nouvelle méthode d’expulsion « humanitaires »
Le 15 Octobre 2019, l’Organisation Internationale de la Migration (OIM), selon sa propre publication, a réalisé, en proche collaboration avec les gouvernements de l’Algérie et du Niger, son premier vol de « charter humanitaire » de soi-disant « retour volontaire », portant 166 citoyen-ne-s nigériens de Tamanrasset à Niamey. L’OIM donne son coup de main à la politique d’expulsions violantes de l’état Algérien en facilitant l’expulsion des personnes vulnérables avec des soi-disants « vols humanitaires ».
Les expulsions de l’Algérie dans leur contexte international
La base institutionnelle pour les expulsions massives de l’Algérie vers le Niger est un accord bilatéral depuis 2014. Les victimes de cette collaboration sont, d’un part, les citoyen-ne-s du Niger qui pratiquaient la migration souvent saisonnière vers le pays voisin depuis longtemps pour chercher du travail et des sources de revenues. D’autre part, les personnes ciblées sont les ressortissant-e-s de différents pays africains qui sont de plus en plus bloquées en Algérie au cours des dernières années. Les raisons sont la guerre et de la chasse aux migrant-e-s en Libye, la fermeture de la frontière marocaine et en générale tous les pratiques qui cherchent à barrer les trajets migratoires vers l’Europe. L’état algérien, d’un part, poursuit son propre intérêt de montrer une politique de « bras de fer » contre les réfugié-e-s et migrant-e-s et de satisfaire le racisme au sein de la société autochtone. En même temps, il cherche aussi à se positionner comme un partenaire fiable pour le régime frontalier des états de l’Union Européenne. Avec eux, il n’entretient pas un accord officiel de contrôle migratoire, mais reçoit quand même des grandes quantités de marchandises militaires et sécuritaires, comme des technologies de surveillance ou des véhicules du constructeur automobile allemand Mercedes-Benz.
Non au drame continu des expulsions de l’Algérie au Niger
Il est évident : Avec les expulsions de l’Algérie au Niger, il se déroule un drame continu de violations des droits humains des migrant-e-s et réfugié-e-s. Un drame qui cause des mort-e-s, des blessé-e-s et des traumatisé-e-s. Un drame qui est encouragé et orchestré par la politique européenne qui cherche à externaliser son régime frontalier partout dans l’espace sahélo-saharien.
Alarme Phone Sahara appelle aux sociétés civiles des pays impliqués et concernés à résister contre les expulsions et refoulements et à défendre la vie, les droits et la liberté de circulation des migrant-e-s et réfugié-e-s.
Alarme Phone Sahara appelle aussi aux gouvernements et parlements de tous les pays concernés, comme le Mali ou la Guinée, de venir au secours de leurs concitoyen-ne-s et se prononcer contre les expulsions massives de l’Algérie au Niger.
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Les chiffres sur les expulsions de l’Algérie au Niger à travers Assamaka entre 23 Septembre et 20 Octobre 2019 selon Ibrahim François et Mohamed Souleymane, lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara :
Arrivée du 23 Septembre :
283 personnes refoulé-e-s, tou-te-s des citoyen-ne-s nigérien-ne-s, y compris 27 garçons mineurs, 24 filles mineures, 28 femmes, 204 hommes
Arrivée du 26 Septembre :
316 personnes expulsées, y compris au moins 3 femmes et 2 garçons mineurs
Mali 138 dont 2 femmes, 2 garçons mineurs,
Guinée Conakry 64 dont 1 femme,
Sierra Leone 24
Caméroune 16,
Gambie 14
Côte d’Ivoire 13,
Senegal 9,
Ghana 9,
Burkina Faso 8,
Nigeria 7,
Benin 5,
Liberia 3,
Congo Brazaville 2,
Mauritanie 1,
Soudan 1,
Tchad 1,
Niger 1
Arrivée du 28 Septembre :
convoi officiel: 281 personnes expulsées, y compris 30 filles mineures, 24 garçons mineurs, 206 hommes, 21 femmes
Arrivée du 04 Octobre 2019:
465 personnes refoulées, y compris au moins 12 femmes et un garçon mineur
Mali 171
Nigeria 7
Ghana 6
Burkina Faso 24
Niger 15
Liberia 05
Soudan 07
Guinée 109
Côte d’Ivoire 30
Caméroune 24
Sierra Leone 07
Gambie 23
Benin 07
Senegal 15
Guinée Bissau 06
Centrafrique 01
Togo 03
Mauritanie 02
Congo 01
Somalie 02
Convoi du 12 Octobre :
572 personnes refoulées, y compris au moins 20 femmes et 8 garçons mineurs
Mali 183
Guinée Conakry 161
Caméroune 30
Côte d’Ivoire 32
Nigéria 16
Gambie 19
Sierra Leone 20
Benin 26
Burkina Faso 33
Niger 1
Ghana 1
Liberia 02
République Démocrate du Congo 4
Mauritanie 01
Guinée Bissau 9
Centrafrique 01
Togo 3
Senegal 30
Arrivée du 14 Octobre:
367 personnes refoulées, y compris 26 filles mineures, 22 femmes, 304 hommes, 15 garçons mineurs
Arrivée du 18 Octobre:
507 personnes refoulées, y compris au moins 9 femmes et 2 filles mineures
Mali 162, dont 1 femme
Guinée Conakry 147
Benin 22
Burkina Faso 15
Nigéria 09
Niger 14
Caméroune 26, dont 6 femmes et une mineure féminine
Guinée Bissau 03
Soudan 01
Mauritanie 03
Congo 03
Togo 02
Côte d’Ivoire 37, dont 1 femme
Sierra Leone 23, dont 1 femme et 1 fille mineure
Senegal 20
Liberia 04
Gambie 14
Ghana 02
Arrivée du 20 Octobre :
440 personnes expulsé-e-s, tou-te-s des citoyen-ne-s nigérien-e-s